La liste des 848 bénéficiaires ouvre ainsi le débat sur les modalités d'attribution de ces logements de la discorde. La dernière liste des bénéficiaires des logements sociaux (LPL) affichée à Tamanrasset s'apparente à un véritable scandale, en révélant de "graves dérives" pointées du doigt par les demandeurs lésés. Affichée le 17 décembre dernier, la liste des 848 bénéficiaires ouvre ainsi le débat sur les modalités d'attribution. "Elle consacre l'injustice sociale et la corruption sous toutes ses formes", fulmine un postulant, qui s'est dit victime de l'exclusion. Dépité, il a énuméré plusieurs bénéficiaires au train de vie plus que confortable, des proches aisés de certains responsables de la daïra et des personnes recommandées par des membres de la commission d'attribution. "Nous saisissons la presse non pour dénoncer les dépassements qui ne sont qu'un secret de Polichinelle à Tamanrasset, mais pour exiger une enquête ministérielle sur cette mascarade qui revient à chaque attribution", lance le même postulant, en livrant des détails sur certains bénéficiaires qui auraient falsifié leur dossier pour ouvrir droit à un logement public locatif (LPL). Il faut signaler que la dernière liste, qui n'a pas été du goût de certains, a, selon eux, porté le signe de pratiques clientélistes, de favoritisme, de népotisme ou encore d'abus de pouvoir. "Il ne faut pas être étonné si l'on trouve des bénéficiaires qui perçoivent un salaire de plus de 140 000 DA, puisque sur la liste on peut lire le nom d'un directeur exécutif, d'un enseignant universitaire, des cadres supérieurs exerçant dans différentes administrations locales et, pis encore, des personnes déjà bénéficiaires de logements d'autres formules", dénonce un autre. Rappelons qu'une enquête a déjà été ouverte dans ce sens en novembre 2018 après avoir constaté des noms sur la liste des bénéficiaires qui n'existaient pas sur la base de données locale ni sur le réseau national. "Cependant, l'enquête a été vite étouffée pour des raisons non révélées. Le même scénario s'est reproduit cette année, puisque la liste contient des noms douteux. On ne parle pas de ceux qui ont déclaré de faux revenus, mais surtout de ceux qui ont réussi à modifier étrangement leur filiation en inversant les noms de leurs parents ou en changeant carrément leur transcription. On a aussi des bénéficiaires qui ont bloqué leur assurance sociale au niveau de la Cnas et/ou la Casnos pour éviter de se faire repérer par la commission des recours", a fait savoir un ancien membre de la commission d'attribution des logements LPL, non sans signaler les bénéficiaires de moins de 25 ans casés dans la catégorie des plus de 35 ans. Ce dernier invite le wali à revoir la liste en tenant également compte de la spécificité de la composante sociale de Tamanrasset. "Il nous paraît injuste de favoriser un ressortissant subsaharien natif du Mali ou du Niger qui a acquis sa nationalité algérienne je ne sais comment à un postulant algérien de souche, notamment les originaires du nord du pays qui ont passé toute leur carrière professionnelle à Tamanrasset où sont nés leurs enfants", a-t-il ajouté. Contacté, un membre de la commission des recours s'est contenté de répondre : "Nous avons reçu beaucoup de recours et nous sommes en train de les étudier au cas par cas." Se voulant plus rassurant, le wali de Tamanrasset, Mustapha Guerriche, a, de son côté, promis de rétablir les postulants lésés dans leurs droits après avoir purgé la liste provisoire.