Des associations locales et des habitants du village Bounti continuent d'affirmer que les frappes de la semaine dernière ont tué vingt civils qui assistaient à une fête de mariage. Les autorités maliennes et françaises ont assuré à l'unisson jeudi qu'une frappe menée dimanche dernier par l'aviation française avait touché uniquement des terroristes, qui tenaient une réunion, expliquant que l'opération Barkhane avait agi sur la base de surveillance et de renseignements fiables. "L'environnement observé n'a montré ni scène de mariage, ni enfants ou femmes. Tous les renseignements recueillis en direct justifiaient que les cibles neutralisées étaient des objectifs militaires confirmés", a affirmé l'armée malienne dans un communiqué rendu public jeudi. Les faits qui se sont produits dans le secteur de Douentza/Hombori suscitent depuis des jours les interrogations sur l'éventualité d'une bavure dans le centre du Mali, l'un des principaux foyers de la violence qui ensanglante le Sahel. Des villageois et une association de défense de l'ethnie peule ont fait état d'une frappe aérienne ayant atteint une fête de mariage, faisant une vingtaine de morts dans le village de Bounti. Décrit par plusieurs villageois comme un hélicoptère, l'appareil qui aurait tiré ne pourrait a priori appartenir qu'aux armées malienne ou française, les seules à frapper du ciel malien. Après avoir indiqué en début de semaine qu'une patrouille d'avions de chasse français avait frappé un rassemblement de terroristes et "neutralisé" plusieurs dizaines d'entre eux à l'ouest d'Hombori (donc dans le même secteur), l'état-major français s'est fendu d'un communiqué jeudi soir pour souligner que "les allégations consécutives à la frappe relèvent de la désinformation" et qu'"aucun dommage collatéral, aucun élément constitutif d'un rassemblement festif ou d'un mariage n'a été observé". Selon l'état-major français, "plus d'une heure avant la frappe, un drone Reaper a détecté une moto avec deux individus au nord de la RN16 (axe routier reliant Bamako à Gao, ndlr). Le véhicule a rejoint un groupe d'une quarantaine d'hommes adultes dans une zone isolée. L'ensemble des éléments de renseignement en temps réel a permis d'identifier formellement ce groupe comme appartenant à un GAT (groupe armée terroriste, ndlr)" et "l'observation de la zone pendant plus d'une heure et demie a également permis d'exclure la présence de femmes ou d'enfants". "Cette action de combat", effectuée au moyen de "trois bombes" et qui, selon l'armée français, exclut tout hélicoptère, "a permis de neutraliser une trentaine de GAT" et "les éléments disponibles (...) permettent d'exclure la possibilité d'un dommage collatéral", assure l'état-major. Mais l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a pourtant affirmé mercredi avoir transporté plusieurs civils blessés pour leur prodiguer des soins, dont certains étaient dans un état grave. "Après avoir été avertis par des habitants de la présence de blessés ayant besoin de soins médicaux urgents, MSF a appuyé les autorités locales en envoyant deux véhicules pour référer les blessés vers le centre de santé de référence de Douentza", a indiqué dans un communiqué l'ONG, très active dans la zone. "Huit personnes ont été prises en charge au centre de santé de référence de Douentza. Les patients présentaient des blessures par balles et des lésions dues à des explosions", a précisé MSF. R. I./Agences