Neuf employés de Médecins sans Frontières (MSF) ont été tués et 37 personnes grièvement blessées dans le bombardement de l'hôpital de l'ONG dans la ville afghane de Kunduz, qui pourrait être dû à une frappe américaine, a indiqué l'ONG dans un nouveau bilan. Le bilan de ce raid mené dans la nuit pourrait s'alourdir, car «de nombreux patients et membres du personnel manquent encore à l'appel», a expliqué MSF. Un nouveau bilan fait état de neuf employés tués, contre trois auparavant, et 37 personnes, dont 19 employés de MSF, grièvement blessées. Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans l'hôpital de cette grande ville du nord afghan, situé non loin du centre-ville. Kunduz a été le théâtre d'âpres combats entre les talibans et les forces de sécurité afghanes cette semaine. En Afghanistan, les frappes aériennes de la coalition de l'Otan font l'objet d'une controverse quant au «dommages collatéraux» qu'elles engendrent. En juillet dernier, 10 soldats afghans avaient ainsi été tués par erreur dans un raid américain dans la province orientale de Logar. La frappe qui a touché l'hôpital de MSF a été menée au coeur de la nuit et visait des «personnes qui menaçaient les forces de la coalition», a indiqué le colonel Brian Tribus, porte-parole de «Soutien résolu», la mission de l'Alliance atlantique en Afghanistan. L'opération visait sans doute «des terroristes armés qui ont attaqué l'hôpital de MSF et l'ont utilisé comme base pour attaquer les forces afghanes et les civils», a précisé le ministère afghan de la Défense. Le raid «pourrait avoir causé des dommages collatéraux dans un centre médical qui se trouvait à proximité. Une enquête a été ouverte», a conclu le colonel Tribus. Un aspect que MSF ne manquera pas de souligner au cours de cette enquête: l'ONG affirme que «les bombardements se sont poursuivis pendant plus d'une demi-heure» après qu'elle a averti les armées afghane et américaine que son établissement avait été touché par une première frappe. MSF assure avoir transmis préventivement les coordonnées géographiques de son hôpital à «toutes les parties» du conflit, et «notamment à Kaboul et Washington». Or l'Otan n'évoque qu'une «frappe aérienne» américaine sans préciser combien de bombes ont été larguées. Le centre de soins de MSF a apporté une aide cruciale à la population civile depuis lundi et la prise de Kunduz par les taliban, puis la contre-offensive des forces de sécurité afghanes.