L'un des monuments de la peinture algérienne moderne, en l'occurrence Mohamed Oulhaci, est au cœur d'une formidable action de solidarité suite à des complications de santé. Une campagne de collecte d'argent vient d'être lancée par ses pairs et de nombreux internautes dernièrement via la création d'un groupe où sont mis en vente des tableaux d'autres artistes et ceux du plasticien lui-même. Ce dernier souffre depuis quelque temps, apprend-on de ses proches, et dans le silence et l'absence totale de la tutelle, de complications au niveau de sa jambe, qui nécessite urgemment le remplacement de sa prothèse. Malgré les multiples interventions au niveau de différents établissements hospitaliers publics, l'artiste n'a pu être pris en charge, nous explique son ami et peintre Hachemi Ameur. Il a alors été décidé de le transférer vers une clinique privée à Alger, mais là encore Oulhaci a dû faire face au coût faramineux de l'intervention, estimé à environ un million de dinars. Il faut savoir que cet artiste peintre au long cours, ami du défunt Issiakhem, ne vit que de sa peinture, et n'a aucun revenu en dehors de son métier et de sa passion. Une situation que la crise sanitaire, l'arrêt des expositions et l'inexistence d'un marché de l'art ont exacerbée. Il n'a pas fallu bien longtemps avant qu'une collecte de fonds se mette en place pour récolter le montant nécessaire. Initiée par les peintres Hachemi Ameur et Ali Hadj Tahar, cette campagne, qui a d'abord concerné le milieu des plasticiens et des galeristes, a montré l'étendue de la solidarité qui rassemble ces artistes, alors qu'au niveau institutionnel aucune aide ou assistance n'a été octroyée, pour le moment, à cet ambassadeur algérien des arts plastiques. Une page facebook "Les amis d'Oulhaci Mohamed" a été créée au début du mois en cours par les deux amis. Son but est de mettre en vente des tableaux d'autres peintres et une dizaine d'Oulhaci à des prix raisonnables, afin de permettre au plus grand nombre d'y prendre part. Hocine Ziani, Kenza Bourenane, Mustapha Nedjai, Saïd Debladji, Mohamed Demis, Zahia Hebrih et de nombreux autres plasticiens se sont joints à l'action. Le peintre Layachi Hamidouche précise : "Nous ne sommes pas en train de vendre des tableaux... mais d'apporter notre soutien à un confrère dans le besoin. Notre souci n'est pas le prix du tableau... mais que notre ami Oulhaci reçoive une somme d'argent qui puisse l'aider." Il ajoute que la totalité de la somme des ventes sera reversée au plasticien. À noter qu'à l'heure où nous mettons sous presse, 970 000 DA ont été collectés sur les 1 000 000 DA nécessaires pour l'intervention, et ce, en l'espace de cinq jours.