Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a soulevé un coin du voile sur les futurs textes de l'après-référendum. Le président Bouteflika devrait en préciser le contenu aujourd'hui devant le Conseil des ministres. Le ministre de l'intérieur l'a clairement fait savoir hier : les terroristes encore en activité auront un délai pour se rendre aux autorités et bénéficier de l'arrêt des poursuites judiciaires prévu par la charte pour la paix et la réconciliation nationale. S'adressant à des journalistes, hier, à l'école de police de Aïn Bénian, à Alger, où venait de se dérouler la cérémonie officielle de sortie d'une promotion d'agents de l'ordre public féminins, M. Zerhouni a exprimé son souhait de voir les membres des groupes terroristes “réintégrer les rangs de la société” dans le cadre de la réconciliation nationale et dans “les délais qui seront fixés par la loi”. Plus explicite, il a ajouté que “le gouvernement s'attellera désormais à la promulgation des lois devant permettre la mise en œuvre de la charte et la traduction sur le terrain du choix du peuple”. Cette déclaration du ministre de l'intérieur vient confirmer les propos qu'il avait tenus vendredi dernier au Centre international de presse (CIP), au lendemain du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. “Il appartient maintenant au gouvernement de concevoir des lois et des dispositifs réglementaires pour mettre en pratique les dispositions de la charte”, avait-il déclaré. Ces textes, a-t-il encore déclaré hier, seront conçus de manière à “prendre en considération l'adhésion populaire massive” à l'initiative du chef de l'Etat. Le ministre de l'intérieur s'est toutefois refusé à avancer la moindre échéance quant à la promulgation de ces textes qui vont concerner “entre 800 et 1 000 terroristes dont une centaine environ est encore réellement en activité”, selon lui. Faisant un état de la reddition d'un “émir” qui sévissait avec son groupe dans la région de Médéa “juste après le référendum, Yazid Zerhouni n'a pas manqué, toutefois, d'affirmer que “les services de sécurité sont conscients qu'il restera des terroristes récalcitrants” qui refuseront de cesser leurs activités. Face à ces derniers, le ministre de l'intérieur préconise la poursuite de la lutte “d'une manière encore plus organisée”. C'est par l'indispensable poursuite de cette lutte que Zerhouni justifie le maintien de l'état d'urgence dans le pays. “Tant qu'il y aura un seul terroriste encore en activité, la levée de l'état d'urgence ne sera pas d'actualité”, a-t-il affirmé en estimant que cela “n'entrave en rien les libertés individuelles et collectives”. Des prisonniers seront-ils libérés dans le cadre de la mise en œuvre de la charte sur la réconciliation nationale ? Qu'en sera-t-il du cas de Ali Benhadj? Réponse de Zerhouni : “la justice seule peut trancher.” Et de rappeler que l'ex-N° 2 du Fis avait “approuvé l'enlèvement de nos deux diplomates en Irak” qui ont été assassinés par la suite, et qu'il avait été interpellé “alors qu'il était en possession de documents liés à la préparation d'actes de violence”, sans en préciser la nature ni le contenu. Revenant sur le déroulement du référendum de jeudi dernier, le ministre de l'intérieur a de nouveau réfuté l'idée d'un boycott du scrutin par la population de Kabylie où un taux de participation officiel de 11,5% (à Béjaïa et à Tizi Ouzou) a été enregistré, rejetant par là même que l'idée que la population ait boudé les urnes “en réponse au discours du président de la république lors de son meeting à Constantine”. C'est à partir de cette dernière ville que le chef de l'Etat avait en effet annoncé son refus d'accorder le statut de langue officielle à tamazight, une revendication phare de la Kabylie. Toujours à propos du déroulement du scrutin, M. Zerhouni a également démenti l'information rapportée par des organes de presse selon laquelle des journalistes auraient été empêchés d'assister au dépouillement des bulletins de vote. “Un seul journaliste” en a été empêché, selon le ministre de l'intérieur qui précise que le concerné “n'était pas en possession de son badge réglementaire”. Farouk Lekhmici