Le ministre de l'Intérieur a estimé, hier, sur les ondes de la Chaîne III, que tous les points de discusion ont déjà été épuisés. Les archs, quant à eux, trancheront définitivement cette question qui les divise lors du conclave de ce jeudi. Pour le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, le dossier de la Kabylie, objet d'un dialogue entre le gouvernement et une aile du mouvement citoyen, est presque plié. Intervenant hier à la Chaîne III au lendemain de la victoire du “oui” pour la charte, le ministre a tenté d'expliquer le boycott massif du référendum en Kabylie. Pour lui, la désaffection populaire est liée à des considérations sociologiques et à l'éparpillement des habitants. Il est clair que le ministre ne veut point reconnaître la portée des appels au boycott lancés par les deux principaux partis que sont le FFS et le RCD. Encore moins la consigne donnée la veille par le mouvement des archs, toutes tendances confondues ! Pis, Zerhouni fait une déclaration bizarre en faisant remarquer que les délégués du mouvement citoyen des archs “ont essayé de se déployer pour appeler les citoyens à participer au référendum”. Or, l'opinion sait que l'appel au boycott par l'aile dialoguiste menée par Abrika a été largement diffusé ! Le ministre de l'Intérieur trouve qu'il ne “faut pas les incriminer (les archs, ndlr) dans la faible participation au vote en Kabylie” car, d'après lui, ils auraient tout fait pour convaincre la population, en vain. Abordant la suite du dialogue entre le gouvernement et le mouvement d'Abrika, Yazid Zerhouni suggère que ce dossier est en passe d'être clos. “L'essentiel des points inscrits à l'ordre du jour ont été épuisés”, a-t-il indiqué ajoutant que “le dialogue devrait aller à sa fin”. Le ministre ne précise pas néanmoins la nature de cette fin. En queue de poisson ou en apothéose ? Le refus de Bouteflika d'officialiser tamazight, qui figure parmi les revendications phare de la plate-forme d'El-Kseur, pourtant officiellement acceptée par le pouvoir, augure plutôt une rupture. Il estime en revanche que les résultats du référendum n'influeront pas sur les élections partielles puisque, a-t-il dit, “ceux qui ont appelé au boycott du scrutin référendaire ont déjà fait part de leur disponibilité à prendre part à ces élections”. Zerhouni qui ne voulait manifestement pas s'appesantir sur le “non” de la Kabylie préfère se féliciter de “la très forte participation des électeurs” et de leur “maturité” lors de “ce rendez-vous du destin” qui “réaffirme (…) le regain de confiance populaire en les institutions de l'Etat…” Maintenant que la charte est adoptée, Zerhouni affirme que l'Exécutif va étudier les questions qui seront de son ressort et celles qui reviendront au Parlement, soulignant que “nous avons suffisamment d'instruments pour traduire cette charte en lois et textes réglementaires”. Le ministre ne donne cependant pas de calendrier précis sur la consécration juridique de la charte, ni sur la nature des textes qui seront promulgués. Et à propos du sort des terroristes encore en activité, Zerhouni leur tend la perche concédant que c'est là, pour eux, “une opportunité unique pour tourner la page du passé”. Seule certitude pour l'opinion, le dossier du FIS serait cette fois définitivement jeté aux orties. L'interdiction de l'activité politique aux anciens responsables de ce parti “vient d'être confirmée par la volonté populaire qui a approuvé la charte”, tranche le ministre. Quant au reste, tout le reste, les Algériens votants ou boycotteurs sont désormais suspendus “aux nouvelles méthodes de gestion” promises à cet arsenal législatif qui devrait donner corps à la charte. HASSAN MOALI