Les deux potentiels candidats aux élections de la FAF, prévues selon le MJS avant le 15 avril prochain, s'échangent déjà les accusations. Dans une lettre adressée au ministre de la Jeunesse et des Sport, Sid-Ali Khaldi, le candidat aux prochaines élections de la FAF, Walid Sadi, s'était prononcé contre un éventuel amendement des statuts de la fédération de football avant le prochain scrutin. Il avait accusé la direction actuelle de la FAF de vouloir modifier des articles de ces statuts afin de l'empêcher de se présenter aux élections. "J'ai l'honneur de vous lancer un appel pressant en vue d'empêcher la direction actuelle de la Fédération algérienne de football d'introduire une quelconque initiative visant la modification des statuts de la fédération à la veille du renouvellement de sa présidence et au motif d'une recommandation de l'instance internationale du football, à savoir la FIFA. M. le ministre, l'éthique et la morale veulent qu'aucun prétexte, ni aucun mobile ne doivent être invoqués pour servir des intérêts personnels ou empêcher l'aboutissement d'un processus électoral libre, juste et transparent ou de recourir au droit pour faire passer des passe-droits, c'est malheureusement ce qui risque de se produire au cas où la présidence de la FAF viendrait à initier un quelconque amendement à ses statuts à la veille de sa fin de mandat sous prétexte d'une injonction de la FIFA, alors que des fédérations africaines de football, à l'instar de ses homologues du Sénégal et de la Mauritanie, candidats à la présidence de la CAF, ont préféré reporter l'exécution de cette injonction après le déroulement des élections programmées. Aussi, je vous prie M. le ministre d'user de votre autorité et conformément à vos prérogatives, afin de surseoir à la modification des statuts de la Fédération algérienne de football et de veiller à ce que ces modifications ne soient pas un motif d'élimination de candidatures potentielles dans un souci d'équité et de justice", avait notamment écrit Sadi dans sa lettre rendue publique. Sadi crie à la manipulation des statuts La réponse de la FAF ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué publié hier sur le site de la FAF, le président Kheireddine Zetchi, auquel on prête également l'intention de postuler aux élections de la fédération de football pour un second mandat, rétorque : "Poursuivant une guerre inlassable contre la Fédération algérienne de football, certains cercles continuent à user de désinformation et de gros mensonges dans le seul but de manipuler l'opinion sportive et de dénigrer l'instance fédérale. Leur dernière trouvaille est d'accuser la FAF de vouloir apporter des modifications à ses propres statuts à la veille de la tenue de l'assemblée générale élective pour, soi-disant, barrer la route à de potentiels candidats. En réponse à cette grossière manipulation qui ne peut tromper les plus avertis, la FAF rappelle ce qui suit : le document portant amendement des statuts de la Fédération algérienne de football, dans sa mouture finale, a été transmis au ministère de la Jeunesse et des Sports en date du 11 juin 2020 par courrier porteur et par courriel, comme l'a si bien souligné le président de la FAF, lundi 1er février 2021, lors d'un point de presse au centre technique régional de Sidi Bel-Abbès. Dire aujourd'hui que la FAF va encore retoucher ce document n'a qu'un seul but, celui de semer le doute dans certains esprits et bloquer le processus d'amendement des statuts tel que demandé par la FIFA et engagé depuis le mois de novembre 2019. Si la FAF a choisi la voie d'amender ses propres statuts et de les mettre en conformité avec ceux de la FIFA et de la loi algérienne, c'est pour, justement, mettre fin à certaines pratiques usitées par le passé, ayant comme objectifs de privilégier des intérêts étroits et avantageux au détriment de l'intérêt général du football national et des règles de transparence, d'équité, d'intégrité et de bonne gouvernance." Zetchi profite au passage de la sortie médiatique de Walid Sadi pour réitérer sa volonté d'amender les statuts de la FAF avant les prochaines élections en dépit du niet du MJS qui fait toujours valoir la circulaire adressée aux fédérations sportives le 8 juin 2020, dans laquelle la tutelle interdit formellement "la moindre modification dans leurs statuts, règlements généraux et règlements intérieurs à l'approche des assemblées générales électives". En revanche, Zetchi ne dit pas si la mouture des statuts amendés peut barrer la route à Sadi. Hormis quelques bribes, cette mouture est restée bien secrète. Selon Wali Sadi, cette mouture prévoit que le représentant d'un club professionnel doit justifier d'une présence dans le conseil d'administration pendant au moins trois années consécutives, ce qui n'est pas son cas à l'ESS. Quand bien même cette disposition pourrait exister, le MJS peut la supprimer, puisqu'il appartient à la tutelle de valider les amendements des statuts. Zetchi tient aux amendements et défie le MJS En revanche, dans les statuts actuels de la FAF, en ce qui concerne la composante de l'assemblée générale de la FAF et les conditions d'éligibilité, rien n'empêche Walid Sadi de postuler. L'article 21 des statuts définit la composante de l'assemblée générale : "L'assemblée générale est composée des membres suivants : le président ou, à défaut, un membre élu dûment mandaté de la Ligue de football professionnel ; le président ou, à défaut, un membre élu dûment mandaté de la ligue nationale de football amateur régulièrement affiliée ; le président ou, à défaut, un membre élu dûment mandaté de la ligue inter-régions de football amateur régulièrement affiliée ; le président ou, à défaut, un membre élu dûment mandaté de la ligue du football féminin ; le président ou, à défaut, un membre élu dûment mandaté de la ligue du football futsal ; le président ou, à défaut, un membre élu dûment mandaté de chaque ligue régionale de football amateur régulièrement affiliée ; le président ou, à défaut, un membre élu dûment mandaté de chaque ligue de wilaya de football amateur régulièrement affiliée ; le président ou, à défaut, un membre dûment mandaté de la ligue de football militaire ; le président ou, à défaut, un membre dûment mandaté de chaque club professionnel de football affilié à la FAF ; deux représentants des athlètes de l'équipe nationale A élus par leurs pairs représentant également les joueurs ; le président élu de l'association nationale des arbitres en activité ; le président élu de l'association nationale des entraîneurs en activité ; le président élu de l'amicale des anciens joueurs internationaux ; le médecin fédéral représentant également les médecins de clubs ; les représentants algériens au sein des organes exécutifs des instances continentales et internationales chargées du football international (FIFA, CAF et UAFA) ; les anciens présidents de la FAF élus ; les membres de la glorieuse équipe nationale de football de la révolution ; le président et les membres du bureau fédéral." Etant membre du conseil d'administration actuel de l'ES Sétif, Walid Sadi peut donc être mandaté par ce club professionnel pour être membre de l'AG. Qu'en est-il des conditions d'éligibilité ? L'article 26 des statuts de la FAF explique les critères : "Les candidats aux fonctions de membres du bureau fédéral et de président de la FAF doivent répondre aux conditions d'éligibilité ci-après : être membre de l'assemblée générale ; être de nationalité algérienne ; être âgé au minimum de 30 ans ; jouir de ses droits civils et civiques ; ne pas avoir subi de sanction sportive grave ; ne pas avoir été condamné pour des délits infamants ; avoir un niveau de formation justifié, soit par des titres universitaires, soit par l'exercice d'une fonction de responsabilité supérieure au sein du secteur public ou privé ; avoir exercé des responsabilités dans des institutions ou associations sportives de football pendant au moins cinq années consécutives. Ne sont pas éligibles aux organes et instances de la FAF : les membres élus des structures et organes du football national qui n'ont pas obtenu le quitus lors de leur assemblée générale de fin de mandat ; les membres élus qui ont démissionné de leur poste des structures et organes du football national sans motifs valables (sauf maladie, nomination à l'étranger, cumul de mandats électif ou politique) ; les membres de la FAF qui n'ont pas assisté à trois assemblées générales ordinaires précédant l'assemblée générale élective, et ce, sans justification." Walid Sadi remplit aussi ces critères, puisqu'il a été déjà membre dans l'ex-bureau fédéral de la FAF sous Mohamed Raouraoua et manager de l'équipe nationale.