Le patron de Cevital, M. Issad Rebrab, a annoncé, hier, lors d'une conférence animée au siège de l'Union des commerçants et artisans algériens, la baisse des prix du sucre, de l'huile, de la margarine durant le mois de Ramadhan. Il a assuré les ménages que le groupe peut satisfaire les besoins quotidiens de l'ensemble de la population durant le mois sacré. Le patron du groupe privé Cevital, M. Issad Rebrab, a annoncé hier la baisse des prix de tous ses produits au cours du mois de ramadhan et durant le premier jour de l'Aïd, à l'issue d'une conférence de presse donnée sur l'industrie agroalimentaire en Algérie, organisée à l'initiative de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). En un mot, cette diminution des prix touchera le sucre, l'huile, la margarine et le S'men. Cevital a commencé à appliquer ces baisses de prix à partir d'hier, a-t-il ajouté. Respectueux de son engagement, il a opéré le premier jour du ramadhan des rabais sur le sucre, objet actuellement de spéculation sur le marché. Cevital fixe durant cette période le prix du sucre blanc sortie usine à 36,50 dinars le kilogramme toutes taxes comprises. Il faut ajouter 8,50 dinars de marge entre les grossistes et les détaillants. Le prix au détail du sucre blanc de Cevital devrait être inférieur à 45 dinars le kilogramme, contre des prix du sucre importé bien supérieurs. Pour les autres produits, il s'agit en l'occurrence d'une baisse d'un dinar pour l'huile et de 10 dinars par pot de S'men. En entreprise citoyenne, Cevital veut stabiliser le marché, à travers une disponibilité du produit et des prix moins chers pour ne pas éroder le pouvoir d'achat des citoyens et par là stériliser les manœuvres spéculatives qui poussent à la flambée des prix. En clair, le groupe d'Issad Rebrab est devenu un acteur majeur, voire influent du marché. Pour le sucre, Cevital a une capacité de production aujourd'hui de 600 000 tonnes/an. L'Enasucre, qui est liée à ce groupe par un contrat de processsing, détient une capacité de 200 000 tonnes/an. Les besoins de consommation de sucre blanc en Algérie sont estimés à 1 million de tonnes annuellement. Le restant est assuré par l'importation. Pour l'huile, elle a des capacités de production se situant à 140% des besoins du marché national. Quant à la margarine, elles sont de l'ordre de 120% par rapport à la demande du marché national. En d'autres termes, les capacités de production en huile et margarine de Cevital excèdent les besoins de consommation du pays. Le groupe a donc de quoi stabiliser les prix sur le marché. Pour le sucre, avec la mise en service l'année prochaine de l'extension de la raffinerie de Béjaïa, ses capacités seront portées à 1 600 000 tonnes. L'excédent sera exporté. Cevital, à partir de juillet 2007, stabiliser davantage le marché. Actuellement pour une consommation mensuelle de 80 000 tonnes/mois de sucre blanc, les producteurs Cevital et l'Enasucre assurent actuellement 66 000 tonnes/mois, le restant est fourni par les importations. La spéculation sur le sucre sera totalement enrayée à partir de juillet 2006 Par ailleurs, à une question de la presse, le patron de Cevital est longuement revenu sur les origines de la flambée des prix du sucre au cours du mois de septembre. Que s'était-il passé ? M. Issad Rebrab a d'abord rappelé que l'accord conclu entre l'Algérie et l'Union européenne, qui est entré en vigueur le 1er septembre, a accordé un contingent de 150 000 tonnes de sucre blanc, devant être importé annuellement des pays membres de l'UE, à zéro le droit de douane. Du 1er septembre au 31 décembre de l'année 2005, l'Algérie avait droit à un contingent de 50 000 tonnes parce que l'arrangement est entré en application à quatre mois de la clôture de l'année. Avec ces importations de 50 000 tonnes en exonération de droits de douane, les prix du sucre devaient baisser de 30% (droits de douane de 30% sur le sucre en dehors du contingent). Or, l'Union européenne a conseillé aux autorités algériennes d'utiliser le système Fifo, c'est-à-dire l'accès à une quantité du contingent en exonération de droits de douane, suivant le principe premier arrivé premier servi. Ce mécanisme a produit l'effet négatif suivant : beaucoup d'importateurs ont acheté au même moment. Ils se sont dits : “nous allons profiter de cette opportunité d'avoir accès à un contingent.” En fin de compte, les importateurs n'ont pas acheté seulement 50 000 tonnes de sucre blanc. Ce sont des quantités 2,5 fois supérieures qui sont rentrées en Algérie en peu de temps. Cette forte demande est intervenue au moment de la fin de la récolte. Il n'y avait pas assez d'offre de sucre sur le marché mondial. La loi de l'offre et de la demande a joué. Du coup, les Européens ont augmenté les prix du sucre de 30%. La prime sur le sucre blanc a augmenté. Le prix du sucre blanc à la Bourse de Londres est monté de 20%. Les importateurs se sont également rués sur les bateaux entraînant une augmentation des prix du fret. L'augmentation des prix du sucre à la Bourse de Londres a conduit à une hausse du sucre roux, c'est-à-dire de la matière première à la Bourse de New York. Tous ces éléments ont fait que le prix du sucre blanc a augmenté de 30% sur le marché européen. Six importateurs ont raflé le quota de 50 000 tonnes à zéro droit de douane Deux importateurs, l'un implanté au Centre, l'autre à l'Ouest, ont raflé le gros du contingent. L'un 22 000 tonnes, le second 15 000 tonnes, les quatre autres le restant, c'est-à-dire 13 000 tonnes. Ce quota a été épuisé les dix premiers jours de septembre. Par ailleurs, des journaux ont publié des informations selon lesquelles les prix du sucre allaient monter à 70 dinars. La rumeur a fait flamber les prix. Les prix se sont emballés. Beaucoup voulaient acheter du sucre avant que la hausse n'intervienne, pour spéculer. Les prix ont alors commencé à augmenter pour atteindre près de 50 dinars. C'est à partir de là que Cevital et l'Enasucre ont commencé à inonder le marché pour stabiliser les prix. Cevital a mis sur le marché 2 400 tonnes/jour dès la première quinzaine de septembre. Les usines de Mostaganem et de Guelma de l'Enasucre ont commencé à produire après avoir été réhabilitées. Cette dernière entreprise offre une capacité de production de 400 tonnes/jour. La troisième raffinerie de l'Enasucre de Khemis Miliana après avoir subi une opération de maintenance va bientôt entrer en production, a ajouté M. Rebrab. Le patron de Cevital a également souligné que son annonce d'une baisse des prix au cours du mois de Ramadhan a calmé le marché. Les grossistes ont alors baissé les prix. M. Issad Rebrab a tenu à rassurer les citoyens. Le produit est disponible. Cevital a de quoi assurer les besoins quotidiens de la population au cours du mois de Ramadhan. Revenons à la communication intéressante du patron de Cevital sur l'industrie agroalimentaire en Algérie. L'orateur s'est limité dans son exposé aux principaux produits agroalimentaires de large consommation. Pour la transformation des céréales, l'Algérie compte, a-t-il indiqué, plus de 350 unités de production, entre minoteries et semouleries. Sa capacité de production de farine et de semoule excède largement ses besoins (250%). Plus de 200 unités sont fermées parce qu'elles n'arrivent pas à écouler leurs produits. Pour l'huile, le pays compte 12 raffineries dont celle de Cevital qui à elle seule dispose de capacités se situant à 140% des besoins du marché national. Les excédents sont exportés. Pour la margarine, celles du groupe atteignent 120% des besoins. L'excédent est également placé à l'étranger. Concernant le sucre blanc, l'Algérie compte quatre raffineries : trois de l'Enasucre et la quatrième de Cevital. Cette dernière couvre à elle seule 60% des besoins du marché national, sans compter les trois raffineries de l'Enasucre avec une capacité de 200 000 tonnes annuellement. Cevital compte tripler ses capacités l'an prochain. Elle va dégager 400 000 tonnes de sucre blanc à l'exportation durant le dernier semestre 2006 et 900 000 tonnes d'excédent en 2007. Cevital détient également l'usine d'eau minérale Lalla Khadidja. L'unité, qui est actuellement en extension, pourra produire prochainement 3 millions de bouteilles/jour. Il a ajouté que de ce fait les prix de l'eau minérale vont baisser. Les prix de l'eau minérale vont baisser L'eau est de très bonne qualité. Elle a les propriétés physico-chimiques d'une eau minérale des grandes marques européennes, a précisé l'industriel. Cevital dispose également dans son portefeuille de 15 projets à réaliser au cours des trois prochaines années. Elle a un projet d'une unité de trituration de grains en cours de réalisation d'une capacité de 2,5 millions de tonnes/an qui doit couvrir à 100% les besoins du pays en huiles brutes et dégager des excédents à l'exportation. La même unité va produire 1 850 000 tonnes/an de tourteaux destinés à l'alimentation du bétail, assurant totalement les besoins du pays et dégageant 70% des ses capacités à l'exportation. Cette usine va dégager un montant à l'exportation de 447 millions de dollars en 2007. Cette usine va faire revivre la culture des graines oléagineuses. Une autre unité de production d'aliments du bétail d'une capacité de 750 000 tonnes/an, dont 500 000 tonnes/an destinées pour les unités de production animale et 250 000 tonnes/an pour l'exportation, est en cours de réalisation. Cevital a également en projet une ferme de production laitière pilote de 30 000 vaches laitières. L'Algérie peut à l'instar de l'Arabie Saoudite assurer 100% de ses besoins en lait, a-t-il relevé. La région d'El-Goléa peut être la Floride de l'Algérie Cevital compte également développer la culture intensive d'agrumes à travers la mise en valeur de milliers d'hectares. La région d'El-Goléa dans le Sud peut être la Floride de l'Algérie, a-t-il souligné. Elle se situe sur une nappe qui s'étend d'Adrar à El-Goléa, d'El-Oued jusqu'au sud de la Tunisie et de la Libye. Ses ressources en eau sont presque équivalentes à toute la mer Méditerranée. La Floride, a-t-il ajouté, réalise un chiffre d'affaires uniquement dans l'orange et les jus de 52 milliards de dollars annuellement, soit plus que les recettes annuelles de Sonatrach. Dans la foulée, il a indiqué que l'agriculture algérienne rapporte 8,5 milliards de dollars. Elle pourrait rapporter plus de 120 milliards de dollars, soit plus de deux fois ce que rapportent les hydrocarbures. L'agriculture, a-t-il fait valoir, a été depuis longtemps le secteur économique qui a dégagé le plus de valeur ajoutée. Il suffit de poursuivre les réformes, de libérer les initiatives. L'Algérie peut couvrir ses besoins alimentaires et dégager des excédents à l'exportation. Dans cet esprit, Cevital a toujours développé une politique d'investissement, mettant l'accent sur l'acquisition des équipements et des process les plus sophistiqués, permettant la production de biens de qualité à des prix très compétitifs. Elle a un portefeuille de projets de dimension internationale. Cevital a toujours aligné une croissance à deux chiffres. Elle est précisément de 50% par an. En suivant cette voie, l'Algérie peut aligner et de façon durable une croissance à deux chiffres, suggère M. Rebrab. N. Ryad
