La menace d'une reprise de la contestation pèse toujours sur le secteur, en raison, selon le syndicat, de la sourde oreille de la tutelle et de l'absence du dialogue. Après près de deux ans de calme relatif dans le secteur, les professionnels de la santé commencent à perdre patience et affirment qu'ils sont "non satisfaits" de leur situation socioprofessionnelle, a déclaré, hier, Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), lors d'un point de presse à Alger. Menaçant de reprendre le chemin de la contestation, le SNPSP a dénoncé la "sourde oreille" des responsables de la tutelle, en dépit des démarches entreprises et des décisions prises par le président de la République, lui-même, en faveur de cette catégorie professionnelle, dans ce contexte de pandémie de coronavirus. "On se donne le temps d'ici à fin février-début mars pour organiser une assemblée générale et évaluer la situation, pour décider éventuellement des actions à entreprendre", a-t-il répondu lors de ce point de presse du SNPSP, le premier depuis un moment. Lyès Merabet dénonce, en effet, "un niveau de dialogue" avec la tutelle en deçà des attentes des professionnels de la santé. Le SNPSP endosse toute la responsabilité des déboires de la profession au ministère de la Santé, qu'il accuse de fuir ses responsabilités concernant de nombreux dossiers, toujours en suspens, dont certains depuis des années. Si le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a promis, jeudi, de débloquer le dossier des promotions en faveur de 65 000 professionnels du secteur, tous corps confondus, en suspens depuis 2015, cela représente peu aux yeux du syndicat dirigé par M. Merabet, qui défend l'idée de "création d'une fonction publique propre au secteur de la santé publique" et de revoir aussi "la classification des nouveaux diplômes de doctorat en médecine dentaire et de doctorat en pharmacie dans la grille des salaires de la Fonction publique", un dossier en attente de règlement aussi depuis 2012. Les primes destinées aux régions du Sud et des Hauts-Plateaux, calculées sur l'ancien salaire de base de 1989, est l'un des dossiers toujours en attente de règlement, rappelle M. Merabet. Revenant sur des sujets plus récents et conjoncturels, le président du SNPSP a affirmé que le versement des primes Covid-19 décidé par M. Tebboune peine à être effectué. "Les primes des deux premiers trimestres ont été versées péniblement, alors que celles des 3e et 4e trimestres n'ont toujours pas été virées. Nos collègues qui travaillent dans des institutions publiques autres, comme l'université, n'ont rien perçu à ce jour", a-t-il dénoncé, regrettant que les familles qui ont perdu un proche travaillant dans le secteur de la santé n'aient pas été indemnisées. "Le président de la République a décidé d'une indemnisation symbolique de 100 millions. Mais dans notre entourage, aucune des familles n'en a bénéficié à ce jour", a-t-il indiqué, rappelant qu'au moins de 186 décès ont été enregistrés dans le corps médical sur plus de 12 000 cas de contamination, dont beaucoup ont été admis à l'hôpital. Alors que nous n'en avons pas encore fini avec une pandémie qui a bouleversé le monde entier, le SNPSP demande l'inscription de cette maladie en tant que maladie professionnelle et souhaite que la prime Covid-19 devienne permanente. Le traitement du dossier de l'impôt sur le revenu (IRG) fait partie des revendications du SNPSP, estimant qu'il constitue un poids sur les salariés, peu importe le secteur d'activité dont ils sont issus.