Les syndicats du secteur de la Santé comptent réoccuper le terrain de la contestation, en raison du non-respect des engagements pris par la tutelle. Le Syndicat national des praticiens de Santé publique a décidé de mener des journées de grève renouvelables, chaque mois, à partir du 24 novembre prochain. L'idée de mener une action commune avec d'autres syndicats n'est pas écartée. Lors d'une conférence de presse, tenue, hier, au siège de ce syndicat, à Alger, Lyès Merabet, président du SNPSP, a expliqué qu'en absence d'une réelle volonté, pour la prise en charge des revendications des praticiens de Santé, le conseil national a décidé de recourir à la protestation. Il affirme que le SNPSP engagera une journée de grève le 24 novembre prochain, avec le maintien du service minimum. Une action qui sera renouvelée par deux jours de grève les 01 et 02 décembre. Et renouvelable avec 3 jours de grève prévus le 08, 09 et le 10 décembre. Le conférencier a affirmé que ce mouvement de grève sera accompagné de l'organisation de sit-in locaux et nationaux. Et d'ajouter que le SNPSP est en contact avec les syndicats qui font partie de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Santé publique pour mener une action commune. Il a affirmé que le Syndicat national des psychologues devra réunir son conseil national avec la forte probabilité de retourner à la protestation. Idem, dit-il pour le syndicat des praticiens spécialistes de la Santé publique. Lyes Merabet a affirmé que son syndicat et d'autres du secteur ont fait preuve de patience, de compréhension et d'un esprit d'ouverture au dialogue et à la concertation, mais sans résultats probants. Il le dit clairement : « on est contre le fait de faire des réunions pour des réunions ». Il exige, au nom des adhérents aux syndicats, des réponses officielles, sur une série de revendications socioprofessionnelles, qui sont restées en suspens. Il cite la révision du statut et du régime indemnitaire, l'harmonisation de la prime d'amélioration de prestations de soins, ainsi que l'alignement des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes généralistes, sur le nouveau diplôme de doctorat. Sur la revendication relative à l'accès aux grades, Lyes Merabet a ouvert une parenthèse pour signaler que l'accès au grade 2 a été accordé, le mois de septembre dernier, après 4 années d'attente et sans effet rétroactif. Il précise que son syndicat refuse le passage au 2ème grade, sans effet rétroactif. Et d'accuser les responsables du ministère de la Santé d'être « incompétents » et « inconscients », en laissant les décisions de passage au 2ème grade, traîner de 2010 à 2014. Le conférencier a, également, affirmé qu'il n'y a aucune nouvelle sur l'accès au 3ème grade, et ce, malgré les engagements du ministre de la Santé. En ce qui concerne, la revendication relative à l'accès aux grades supérieurs, Lyes Merabet affirme que, dans certaines wilayas, les postes supérieurs sont accordés sur des critères purement subjectifs par des directeurs de Santé de wilayas. Pourtant, affirme-t-il, une circulaire du ministère de la Santé a été adressée, à l'ensemble des directeurs de wilaya, pour que l'accès aux grades supérieurs se fera après l'établissement de la liste d'aptitude et la réunion de la Commission paritaire. «Une circulaire qui n'est pas du tout appliquée dans certaines wilayas » a-t-il souligné. Le président du SNPSP a, également, dénoncé les pressions faites sur les syndicalistes, notamment, à l'intérieur et au sud du pays. Lyes Merabet a affirmé que des directeurs de wilayas, à l'intérieur du pays, font comme si l'Algérie n'avait pas eu son indépendance, ils ne reconnaissent pas les syndicats autonomes, ils sont contre toute forme de dialogue et ils gèrent les structures sanitaires comme bon leur semble. Le conférencier a cité le cas de leur adhérent, à Boumerdès, qui a été muté après avoir dénoncé la mauvaise gestion du directeur. Des dépassements ont été enregistrés dans les wilayas de Batna et de Khenchela, où des membres de syndicats ont été poursuivis, en justice, après avoir déposé un préavis de grève. Idem à Ouargla où 12 praticiens de la Santé ont été poussés à déposer un arrêt de travail après de fortes pressions, exercées par leur responsable. Lyes Merabet précise que ces 12 praticiens sont, aujourd'hui, poursuivis en justice. Le 1er responsable du SNPSP affirme que 98 % des problèmes et de dysfonctionnements, enregistrés à l'intérieur et au sud du pays, sont causés par certains responsables de wilayas du secteur de la Santé. NON A LA VIOLENCE DANS LES HOPITAUX Le président du SNPSP a dénoncé, encore une fois, l'insécurité dans les établissements de Santé. Il s'est interrogé : « faut-il attendre qu'il y ait un mort pour que nos autorités s'engagent dans une action de prévention et de sensibilisation contre l'insécurité, dans les hôpitaux ? ». Il a affirmé que si les stades connaissent des incidents violents, à la fin de chaque match, chaque semaine ou chaque mois, les hôpitaux, notamment, les Urgences font face à une violence verbale et parfois physique, tous les jours, 24h/24. «On a enregistré, dernièrement, 2 ou 3 actes de violences, chaque semaine », a-t-il alerté. Et d'affirmer qu'il y a 15 jours , une femme médecin a été tabassée aux Urgences, à l'hôpital de Beni Messous, par un parent de malade. Il précise que les médecins, le personnel paramédical et les agents des hôpitaux sont la proie facile de délinquants, notamment la nuit, qui cherchent du Valium et qui exigent aux médecins de leur prescrire des psychotropes par la force. Sans parler d'individus qui en acheminant des blessés poursuivent leurs bagarres au sein des Urgences. Lyes Merabet affirme que quelques caméras de surveillance ont été installées, dans certaines grandes structures hospitalières, mais ce n'est pas suffisant, il faut généraliser cette opération à l'ensemble des structures et mener des campagnes de sensibilisation « comme ils l'ont fait pour les stades ». « DU SUR MESURE » Le syndicat des praticiens de Santé publique s'est dit outré par l'attitude du ministre de la Santé qui avait annoncé, auprès des sénateurs, que le projet de loi sanitaire a été remis au gouvernement. «Pourtant, il s'est engagé de remettre le projet de loi au partenaire social pour une autre lecture, avant qu'il n'atterrisse au gouvernement ». Le comble, selon Lyes Merabet, aucune recommandation, faite par le partenaire social, n'a été prise en compte. Le SNPSP et d'autres du secteur ont demandé que le Haut Conseil de la Santé soit chapeauté, directement, par le président de la République ou par le Premier ministre, mais dans la nouvelle loi, c'est toujours le ministère de la Santé qui chapeautera le Haut Conseil de la Santé. Il poursuit, au lieu de geler « l'activité complémentaire et lucrative » les concepteurs de ce projet de loi n'ont pas trouvé mieux que de consolider et de donner plus d'avantage à l'activité complémentaire et lucrative par le biais de conventions et d'accords avec les hôpitaux publics , notamment avec les nouvelles structures programmées . Le président du SNPSP a souligné que le privé est, aujourd'hui, concerné par le programme de prévention et les programmes de formation et de la recherche, au sein du public. Pour Lyes Merabet, cette nouvelle loi est du sur-mesure. Elle a été élaborée pour protéger les intérêts personnels et les lobbies du secteur privé. Et d'ajouter que le partenaire social a été invité à la concertation pour la forme, seulement, puisque aucune recommandation faite par les syndicats, notamment autonomes, n'a été prise en considération.