Des responsables militaires du camp gouvernemental au Yémen ont accusé hier le mouvement Ansarallah dit houthis d'utiliser des civils comme boucliers humains lors de leur offensive pour prendre la ville de Marib aux forces loyalistes. Les houthis tentent de s'emparer depuis plus d'un an de Marib (120 km à l'est de la capitale Sanaa), une ville située près de champs pétroliers et dernier bastion du pouvoir dans le nord du pays en guerre. Après une accalmie, ils ont repris le 8 février cette offensive contre les forces gouvernementales, appuyées par une coalition dirigée par l'Arabie Saoudite. Jeudi, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, avait appelé les deux parties à cesser les combats, mettant en garde contre un désastre humanitaire. L'attaque "met en danger des millions de civils, en particulier avec les combats qui atteignent les camps de déplacés", a-t-il dit. Des responsables militaires dans le camp gouvernemental ont affirmé que les houthis utilisaient des civils du camp de déplacés d'Al-Zor "comme boucliers humains" après la prise de cette ville à l'est de Sanaa plus tôt cette semaine. Les houthis ont avancé ces derniers jours à l'ouest et au nord de Marib. Les combats des dernières 24 heures ont tué au moins 12 combattants loyalistes et blessé 33 autres, selon les responsables militaires qui ont fait état de 20 morts dans les rangs des houthis. Le Comité international de la Croix-Rouge s'est dit vendredi "très inquiet" de la situation. Sur twitter, le CICR a exhorté "toutes les parties (...) à prendre toutes les mesures possibles pour épargner les civils". Les houthis se sont emparés de Sanaa en 2014 puis de la quasi-totalité du nord du pays, déclenchant une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts et plongé le pays dans la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU. La prise de Marib par les houthis porterait un coup dur au gouvernement, exilé dans le sud, car le nord du Yémen, frontalier de l'Arabie Saoudite, passerait entièrement sous contrôle houthi.