Des centaines de Libanais de toutes obédiences et de couleurs politiques ont, en effet, manifesté mercredi à Beyrouth, en brûlant des pneus, en bloquant la circulation et en criant leur colère face à une crise socioéconomique qui frappe de plein fouet le pays du Cèdre. Dépréciation de la monnaie nationale, augmentation des prix du carburant et des transports publics de 30%. Le Liban s'enfonce chaque jour davantage dans la crise économique, doublée d'une crise politique, qui a donné lieu mercredi à de nouvelles manifestations dans tout le pays. Hormis, la monnaie nationale qui a franchi la barre symbolique des 10 000 livres pour 1 dollar, atteignant son plus bas taux au marché noir, alors que le taux officiel se maintient à 1 500 livres libanaises pour un dollar, depuis plus de deux décennies, c'est le prix de l'essence qui a flambé, mercredi, entraînant une hausse de 30% du prix des transports publics. Il n'en fallait pas plus pour raviver la colère des Libanais, qui, à nouveau, sont descendus dans la rue dans tout le pays, y compris dans la banlieue Sud, fief du mouvement chiite, le Hizbollah, d'habitude hostile au mouvement de contestation. Des centaines de Libanais de toutes obédiences et de couleurs politiques ont, en effet, manifesté mercredi à Beyrouth, en brûlant des pneus, en bloquant la circulation et en criant leur colère face à une crise socioéconomique qui frappe de plein fouet le pays du Cèdre, depuis plus d'une année. Une situation sur laquelle vient se greffer un blocage politique, induit par la difficulté de Saad Hariri à former un gouvernement, qui dure depuis environ 6 mois. Les manifestants craignent que les nouvelles augmentations du prix de l'essence et des transports ne se répercutent négativement sur les prix des denrées essentielles notamment des produits de consommation, entraînant une chute du niveau de vie dans un pays où 50% de la population vit dans la pauvreté, dont 25% au seuil de l'extrême pauvreté. C'est le défi majeur auquel sont confrontées les autorités libanises, notamment le président de la République, Michel Aoun, qui, en réaction a ces nouvelles manifestations, s'est réuni avec le gouverneur de la Banque centrale, auquel il a demandé des explications quant à cette baisse historique, sur le marché parallèle, de la valeur de la livre libanaise face au dollar (10 000 livres/dollar), qui a été entamée durant ces derniers mois. Une situation qui attise la colère des Libanais, si rien n'est fait pour stabiliser la monnaie locale face à la principale devise étrangère, à savoir le dollar, avertissent les observateurs, mais aussi pour trouver des solutions aux crises à multiples facettes auxquelles demeure confronté le Liban : crise économique, crise sanitaire liée au coronavirus, crise politique en raison de la démission du gouvernement et enfin, une crise liée à l'explosion du port de Beyrouth. Pour autant, le Liban n'a pas beaucoup de solutions, puisque même le déblocage de l'aide internationale est conditionné au résultat des négociations entreprises avec le FMI qui exige que soient mises en place des réformes économiques et monétaires nécessaires à la relance économique et conformes à ses promesses et son engagement fait lors des conférences de Paris I, II et III dans les années 2000. Aussi, l'association des banques du Liban a présenté un plan de sauvetage de l'économie, prévoyant la vente d'une partie de l'or du Liban et la cession pour une durée déterminée de biens publics. Mais ce plan a été vite rejeté par le FMI et les autorités libanaises, et par les spécialistes qui craignent que la vente de biens publics ne tourne à un bradage dans les circonstances actuelles. La crise sanitaire liée à la Covid-19 qui a généré la perte de centaines de milliers d'emplois, ne va pas sans aggraver la crise socioéconomique, en raison de l'inefficience des mesures engagées, jusque-là, par les autorités libanaises prises en tenailles par des ressources financières amenuisées et une grogne grandissante de la rue. Amar R.