La journée de "manifestation pacifique" prévue hier au Sénégal, quelques jours après les pires heurts qu'ait connus le pays depuis une décennie, a été reportée sine die par le mouvement de contestation qui soutient l'opposant Ousmane Sonko, après un appel à l'apaisement des milieux musulman et chrétien. Le report des manifestations, qui présentaient le risque de nouvelles violences, a été annoncé en milieu de soirée par le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D)". Ce collectif récemment créé, qui inclut le parti Pastef-Les Patriotes d'Ousmane Sonko, avait lancé un appel aux rassemblements samedi après-midi sur la place de la Nation à Dakar et dans le pays. Dans un communiqué, il "appelle le peuple à rester mobilisé et attentif" mais ne fixe pas de nouvelle date pour des manifestations. Le Sénégal a été le théâtre la semaine passée d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, de pillages et de saccages après l'arrestation d'Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux candidats à celle de 2024. Ces violences ont fait au moins cinq morts – onze selon le collectif de contestation –, au cours des troubles les plus graves depuis 2012 dans ce pays réputé comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest. Les tensions sont retombées mardi, au lendemain de la libération de M. Sonko et d'une allocution du président Macky Sall appelant à "l'apaisement". Les guides religieux étaient déjà intervenus en coulisses pour appeler les parties à la retenue.