Révoltés par l'inaction des pouvoirs publics qui tardent à les reloger, les manifestants fustigent les responsables de la wilaya et les élus qui, selon eux, les ont abandonnés depuis longtemps. Une délégation conduite par les ministres de l'Habitat, de l'Energie et des Ressources en eau a fait le déplacement, jeudi à Béjaïa, en vue de "superviser la mise en œuvre des décisions de prise en charge des victimes du séisme". Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. La visite a été chahutée et écourtée, au grand dam des autorités de Béjaïa qui espéraient en arracher plus à la délégation pour pouvoir faire face à la colère citoyenne qui ne s'est pas calmée depuis l'important tremblement de terre qui a secoué la wilaya le 18 mars dernier. Dans la nuit de mercredi dernier, une réplique de magnitude 4,3 a obligé les familles des maisons touchées — pour un certain nombre d'entre elles par le séisme de 2012 et fragilisées davantage par celui du 18 mars — à les quitter précipitamment et passer la nuit à la belle étoile, malgré un froid glacial. Des membres de ces familles, accompagnés des voisins, se sont massés devant l'entrée principale de la wilaya de Béjaïa. Révoltés par l'inaction des pouvoirs publics qui tardent à les reloger, les manifestants fustigent tous les responsables de la wilaya, citant notamment le wali, les anciens parlementaires et les élus locaux (APC et APW) qui, selon eux, les ont abandonnés depuis longtemps. C'est donc en terrain miné que la délégation ministérielle, composée de Tarek Belaribi, ministre de l'Habitat, de Mohamed Arkab, ministre de l'Energie et des Mines, et de Mustapha-Kamel Mihoubi, ministre des Ressources en eau, a entamé sa visite où elle devait faire le point sur la mise en œuvre des décisions prises au niveau gouvernemental en vue de soulager les populations affectées par le récent séisme qui a secoué la ville de Béjaïa et ses environs. Et surtout de constater de visu les travaux de réhabilitation des habitations et des équipements publics, qui ont le plus été endommagés. On a ainsi appris qu'une partie de ces constructions est destinée à accueillir les familles, victimes de ce séisme. Quelque 500 cas sont concernés, notamment ceux résidant dans les quartiers de la Haute-Ville de Béjaïa, plus connue sous le nom de la Vieille-Ville. Mais cela n'arrange pas les très nombreuses familles qui attendent, elles aussi, la livraison des logements AADL 1 et des logements sociaux, qui sont prévus dans la commune voisine d'Oued Ghir. Elles l'ont fait savoir à la délégation ministérielle et aux autorités de wilaya en tentant de fermer la route au niveau du pôle Ighil Ouzarif à Oued-Ghir. Mais aussi devant le siège de la wilaya et de Sidi-Ali Labher. À ce propos, le ministre de l'Habitat a annoncé "la libération imminente de 5 000 logements (AADL et social) sur un ensemble de 16 000 unités en construction sur site". Et M. Belaribi de lancer à l'adresse des sinistrés : "Il n'y a pas de listes définitives, ni localisées." "Des logements seront attribués à toutes les personnes dont les maisons ont été classées à risque par l'organisme de contrôle qu'est le CTC", a-t-il rassuré. Les trois ministres, qui avaient préalablement tenu une réunion de coordination à Alger, ont fait part de leurs décisions à l'administration locale et se sont entendus sur la levée de toutes les contraintes administratives se rapportant au passage des réseaux et à la mobilisation des équipements à y injecter. Ils ont annoncé enfin qu'une enveloppe de 200 millions de dinars a été dégagée pour ceux qui projettent de retaper ou de réhabiliter leur maison.