Des progrès rapides en matière de télédensité ont été réalisés : un Algérien sur trois dispose d'une ligne téléphonique. Les résultats d'évaluation de la quatrième année d'activité d'Orascom Télécom Algérie et de Mobilis seront prêts à la fin octobre. C'est ce qu'a annoncé M. Mohamed Benfodil, président de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), lors des débats de l'entreprise organisés par le magazine Algérie Entreprise en partenariat avec la radio Chaîne III à l'hôtel Mercure d'Alger. Cette opération est menée, selon lui, par un consultant indépendant. Il a indiqué, par ailleurs, que “la vraie concurrence n'est pas encore effective sur le marché algérien, qui est en train de se structurer et de s'organiser”. Plus explicite, il a déclaré : “Lorsqu'on atteindra un taux de pénétration de la téléphonie mobile de 50%, on pourra parler de concurrence.” Il a soutenu que “les chiffres avancés par les trois opérateurs sur le nombre d'abonnés tiennent compte essentiellement du nombre de lignes activées”. En évoquant le vol de téléphones portables, il dira : “Ce projet initié en partenariat avec les trois opérateurs et la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) sera fin prêt avant la fin 2005.” Et d'ajouter : “Nous avons lancé déjà une précampagne de sensibilisation sur le vol de téléphones portables en envoyant des SMS, petits messages écrits aux abonnés, et nous prévoyons de lancer une autre campagne prochainement.” Pertes de portables : le système antivol fin prêt en 2005 Pour M. René Patoine, directeur général de Watania Télécom Algérie, “nous avons relevé un phénomène particulier sur le marché algérien, c'est le bip qui représente une forme particulière de communication chez les Algériens bien qu'il y ait de plus en plus d'utilisateurs de SMS”. Il a souligné ceci : “Nous avons choisi les services multimédias tels que les MMS (messages photo) et le GPRS permettant l'accès à internet pour se positionner par rapport aux autres opérateurs activant sur le marché algérien.” Il a précisé que “le multimédia est une manière de se différencier, et il fait partie de la culture générale de notre entreprise”. Nedjma totalise, selon M. Patoine, plus de 1,8 million d'abonnés et couvre 55% de la population algérienne. Le premier responsable de Watania Télécom Algérie demeure convaincu que “le consommateur algérien est très réceptif aux nouvelles technologies, notamment les services multimédia”. Quant à M. El-Hachemi Belhamdi, P-DG de Mobilis, il a estimé que “le point fort de Mobilis est la maîtrise de la technologie et de la technique avec un nombre important de personnel formé et expérimenté”. L'opérateur public a réalisé, selon M. Belhamdi, une performance considérable en termes de croissance de son parc d'abonnés, passant de 340 000 en juillet 2004 à plus de 3,8 millions d'abonnés à fin septembre 2005. Il couvre actuellement entre 80 à 85% de la population algérienne, ajoutera-t-il. Concernant l'ouverture du capital d'Algérie Télécom, il a soutenu que “cette opération aura des incidences positives sur Mobilis qui est une filiale d'Algérie Télécom, notamment en termes d'expertise technique et d'opportunité de financement de nos projets de développement”. Il a relevé que “l'emprunt obligataire, qui sera lancé par Algérie Télécom, permettra de financer certains projets inscrits dans le programme de développement de notre entreprise”. Mobilis et Nedjma misent sur le multimédia Pour M. Belhamdi, “Mobilis se positionne aussi comme un opérateur multimédia offrant des services variés, dont le MMS, le GPRS et le WAP permettant à nos abonnés de consulter leurs factures téléphoniques via leur mobile”. Il a expliqué que “toutes ses stations de base radio (BTS) sont compatibles GPRS et EDGE permettant l'accès internet à haut débit”. Le manager d'Orascom Télécom Algérie, M. Hassan Kabani, a affirmé que “notre stratégie est basée principalement sur les attentes du consommateur algérien qui exprime une forte demande en termes de besoin de communication”. Autrement dit, la priorité de Djezzy demeure la satisfaction de ces besoins en leur offrant la possibilité de communiquer avec leurs proches et amis dans n'importe quel coin du territoire national. Le directeur général de Djezzy avouera que “nous avons dépassé 6 millions d'abonnés actifs et couvrons 85% de la population algérienne”. Il a rappelé que “le marché algérien a enregistré une croissance importante puisque nous sommes passés d'une ligne téléphonique mobile pour 200 Algériens à une ligne téléphonique pour 3 Algériens en 2005, soit une télédensité mobile de 37%”. En parlant des services multimédias, il a précisé : “Nous sommes des consommateurs de technologies, pas des créateurs de technologies, et le consommateur algérien n'est pas encore prêt pour absorber ces nouvelles technologies.” Les consommateurs algériens ont besoin, selon M. Kabani, de temps pour s'adapter aux nouvelles technologies. Et pour cause, le taux d'utilisation des SMS reste encore en dessous des normes internationales, martèlera-t-il. Djezzy et les prix de l'interconnexion : le client risque de payer la facture M. Kabani a exprimé, également, son mécontentement par rapport à la convention d'interconnexion élaborée par Algérie Télécom en juin 2005. Il a expliqué que “le droit d'accès au réseau téléphonique fixe d'Algérie Télécom est facturé entre 15 000 et 20 000 DA/M2, soit l'équivalent du prix de location d'un appartement à Alger, et il facture l'énergie à 5 DA le watt par heure”. Il a averti que “si les tarifs actuels seront appliqués, le consommateur algérien perdra”. Pis encore, le montant des factures impayées de Djezzy au titre de l'interconnexion chez Algérie Télécom s'élève, selon M. Kabani, à 10 milliards de dinars depuis janvier 2005. Un constat partagé, également, par M. Patoine qui s'est interrogé : “On s'est engagé à investir 1 milliard de dollars d'ici 2006, mais on ne connaît pas les coûts d'interconnexion.” Les nouveaux tarifs de terminaison proposés par Algérie Télécom n'arrangent pas, dira-t-il, Nedjma. Le P-DG de l'EEPAD, M. Nouar Harzallah, a soulevé la question de l'interconnexion entre les trois opérateurs Mobilis, Djezzy et Nedjma avec les opérateurs de téléphonie mobile sur internet. Une question qui demeure, selon lui, encore sans suite à ce jour. Le premier débat sur le marché de la téléphonie mobile en Algérie, initié par le magazine Algérie Entreprise, a été marqué par l'absence de M. Ouarets, P-DG d'Algérie Télécom, qui a décliné, selon M. Allalouche, directeur général de ce magazine, l'invitation pour prendre part à ce débat. Faïçal Medjahed