Située entre Bouchegouf et Dréan, Chihani offre l'image d'une commune oubliée et complètement isolée. Point de projet de développement. Pas même une goutte d'eau potable. Pis, plus du tiers de la population est pauvre. Chihani, cette cité oubliée dans la daïra de Dréan, wilaya d'El Tarf. Au niveau de cette municipalité de 10 000 habitants environ, plus près de la daïra de Bouchegouf que de son chef-lieu de wilaya (100 km environ), en l'an 2005, pas encore d'eau potable. Dans la dizaine de hameaux qui la compose, plusieurs agglomérations ont un taux d'électrification qui ne dépasse guère les 70%. Et même si ce taux est de 100%, les coupures de courant sont si fréquentes que la population ne fait même plus attention. D'ailleurs, nous dit un paysan, mes appareils électroménagers sont en panne à cause des coupures intempestives. Au niveau du chef-lieu communal, l'assainissement a été effectué à plusieurs reprises, mais il demeure inopérant. En tout état de cause, la physionomie de cette municipalité, ayant souffert des années de braise, laisse en plusieurs points à désirer. Cette cité, située entre le chef-lieu de daïra de Bouchegouf et son chef-lieu de daïra Dréan, Mondovi pour les nostalgiques, ville où vécut le père spirituel de L'Etranger, lance un cri de détresse. Cette municipalité, qui jouit d'un site paradisiaque, ne dispose pas de moyens pour émerger vers un avenir meilleur. C'est une cité qui a été longtemps laissée en marge de toute forme de développement, elle est pratiquement démunie de toutes commodités d'une vie décente : ruelles impraticables, l'eau n'arrive dans les robinets que rarement en dépit de la floraison de sources naturelles... Formée de nombreuses maisons de fortune qui partagent l'espace avec de somptueuses habitations construites par de personnes nanties ou des émigrés, le reste de la population vit des subventions étatiques, une bien triste réalité. La commune est composée actuellement de plus d'un tiers de la population de familles démunies, une déplorable situation, générée par l'absence de l'eau potable, d'électricité, de réseaux d'assainissement, de rues asphaltées… Ce qui lui accorde, à présent, tout l'air d'un coin oublié. Et en plus de cet état de fait, pour le moins regrettable, le quartier est traversé, d'un bout à l'autre, par un réseau électrique de haute tension, dont la déviation est vivement réclamée, d'ailleurs, par les habitants. Le réseau d'assainissement en dégradation risque dès les premières pluies d'avoir des incidences sur la vie du citoyen. Et il en est de même pour ces immondices qui dégagent, de loin, une odeur nauséabonde ayant des répercussions néfastes sur la santé publique. Cette situation, inadmissible, a poussé, à maintes reprises, les membres du comité de quartiers à se rapprocher de l'APC et de la daïra de Dréan, afin d'attirer l'attention des responsables locaux sur le calvaire qu'endure leur cité et ce, depuis des lustres. Mais toutes leurs doléances sont restées, jusqu'à présent, lettre morte, en dépit de toutes les formes de contestations exprimées publiquement. Pour les responsables locaux en particulier, les élus communaux attribuent ces insuffisances à l'absence d'un programme de développement conséquent au profit des populations de cette commune, dont l'écrasante majorité des familles vit du fruit des travaux de la terre. L'APC n'a pas encore les moyens financiers pour entamer, en cette fin de l'année 2005, des opérations de grande envergure qui peuvent améliorer le quotidien de ces populations rurales ayant souffert, durant la lutte de libération, et puis encore dans les années 1990, des attaques de la bête immonde. Des propriétaires dont plusieurs parcelles ont été touchées par les inondations attendent à ce jour des dédommagements. Des attributaires lancent un véritable SOS pour la réalisation d'un pont afin d'accéder à des terres qui se trouvent le long de l'oued Seybouse. Vu la dégradation de son infrastructure de base, le manque d'eau potable et l'absence d'une véritable politique d'emploi, les habitants de cette commune continuent de languir dans le noir, la boue, les eaux stagnantes, génératrices de plusieurs maladies. Le souhait de ces habitants affables et d'une hospitalité exemplaire est de voir cette cité d'un site magnifique en plusieurs points de vue émerger vers des jours meilleurs. Tahar Boudjemaâ