Elle est accusée d'"outrage à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions", d'"atteinte au président de la République", d'"atteinte aux préceptes de l'islam et au prophète" et de "diffusion d'informations susceptibles d'attenter à l'ordre public". Le procès de la militante politique, Amira Bouraoui, n'a pas eu lieu, hier, au tribunal de Cheraga où il a été programmé. La juge du tribunal a décidé de renvoyer le procès au 27 avril prochain sur demande de la partie civile. Cette dernière ne s'était constituée dans l'affaire qu'hier, avec la désignation d'un agent judiciaire représentant du Trésor public. Prévu un première fois le 30 mars dernier, avant son report, le procès est donc ajourné pour la seconde fois. Pour rappel, Amira Bouraoui est accusée d'"outrage à un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions", d'"atteinte au président de la République", d'"atteinte aux préceptes de l'islam et au prophète" et de "diffusion d'informations susceptibles d'attenter à l'ordre public". Toutes ces accusations concernent ses écrits sur les réseaux sociaux et sont punis, pour précision, par les articles 144 bis et 196 du code pénal. En juin de l'année dernière, Amira Bouraoui avait été condamnée à un an de prison ferme avant de bénéficier d'une remise en liberté après un mois de détention à la prison de Koléa dans la wilaya de Tipasa. La même peine a été confirmée en appel. Dans cette affaire, la militante était poursuivie pour "incitation à attroupement non armé", "offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l'islam", "offense au président de la République par une expression outrageante, injurieuse ou diffamatoire", "publication pouvant porter atteinte à l'unité nationale", "informations ou nouvelles, fausses ou calomnieuses susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l'ordre public", "incitation à la violation délibérée et manifeste d'une obligation de prudence ou de sécurité édictée par la loi ou le règlement, exposant directement la vie d'autrui ou son intégrité physique à un danger". En somme, elle fait face à dix chefs d'accusation, dont elle se défend d'en être coupable. Militante engagée depuis plusieurs années, Amira Bouraoui, médecin spécialiste, s'était distinguée par son opposition farouche à un 4e mandat pour Bouteflika. Elle avait mis sur pied avec d'autres militants le mouvement "Barakat" en 2014, à travers lequel, elle s'était engagée à faire capoter le 4e mandat pour Bouteflika. Figure de proue de l'opposition à un nouveau mandat pour Bouteflika, Amira Bouraoui s'est également distinguée par ses positions courageuses contre, notamment, l'islamisme politique. À travers sa page Facebook, la militante s'en était prise, avec raillerie et sarcasme, à l'islamisme. Ce qui lui a valu ce procès, car accusée d'atteinte aux préceptes et au prophète de l'islam. Pour les militants progressistes, le procès d'Amira Bouraoui, comme celui intenté contre l'islamologue Saïd Djabelkhir, n'est qu'une "preuve supplémentaire" de l'instrumentalisation "à la fois de la religion et de la justice" à des "fins politiques". Certains est y voient "une caution" à l'islamisme, surtout que le débat sur "la place" de cette idéologie "au sein du mouvement populaire se pose depuis un moment". Interrogée à sa sortie du tribunal, Amira Bouraoui a estimé qu'elle est "libre" de lancer le débat qu'elle veut. "Je n'ai jamais obligé personne à lire mes écrits sur les réseaux sociaux", a-t-elle indiqué.