Pour mener à bien la réforme du professionnalisme, y a pas mieux qu'un ex-dirigeant qui a participé en 2010 aux premières discussions avec les pouvoirs publics, avant de se retirer pour marquer son désaccord avec la démarche entreprise. Fraîchement désigné à la tête de la Fédération algérienne de football, Charef-Eddine Amara, après avoir procédé à la répartition des tâches au sein du bureau fédéral de la FAF, a nommé son premier conseiller. Il s'agit d'une figure connue et reconnue du football algérien, à savoir Mohamed Mecherara, ancien président de la LFP. "Le président de la Fédération algérienne de football, M. Amara Charef-Eddine, a désigné M. Mohamed Mecherara, ancien président de la Ligue nationale de football, comme conseiller du président. M. Mohamed Mecherara prendra ses fonctions immédiatement", annonce un communiqué de la fédération publié hier sur son site officiel. Mecherara, expert-comptable et spécialiste des affaires juridiques, avait également été conseiller pour deux ex-présidents de la FAF, Mohamed Raouraoua et Kheireddine Zetchi, mais il a fini par claquer la porte à chaque fois pour divergence de points de vue. La nomination de celui qui était plutôt annoncé du côté du CRB, suite à la démission justement de Charef-Eddine Amara, s'inscrit dans la perspective de la réforme promise par le nouveau président de la FAF du modèle de professionnalisme. En effet, parmi les priorités dans le programme de Charef-Eddine Amara, figure en bonne place "la réforme du professionnalisme", "une revue en profondeur", selon lui, du professionnalisme, qui nécessite un "modèle plus viable avec de nouveaux schémas de financement". Pour Charef-Eddine Amara, les initiateurs de ce modèle en 2010 ont été "vite en besogne et ont créé un professionnalisme générateur de déficit et de faillite". "Nous devons réfléchir à notre modèle de professionnalisme dans le football national, entamer une réforme. Le professionnalisme ne s'impose pas, il doit être un choix." Et pour mener à bien sa réforme, y a pas mieux qu'un dirigeant qui a participé justement en 2010 aux premières discussions à ce sujet avec les pouvoirs publics, dont deux conseils interministériels, avant de se retirer pour marquer son désaccord avec la démarche entreprise. L'on se rappelle, du reste, de son fameux coup de gueule contre la feuille de route pour l'instauration du professionnalisme dans le football algérien. Mohamed Mecherara avait martelé dans les colonnes de Liberté que "le professionnalisme en Algérie, c'est finalement du bluff". Il avait déjà expliqué en 2013 que la feuille de route tracée au début par la DNCG (Direction nationale de contrôle de gestion des clubs) n'a pas été suivie. Les lois n'ont pas été respectées au sujet de la cession des clubs. Le professionnalisme, c'était de la poudre aux yeux, juste bon pour calmer les esprits. "Lorsque nous avons entamé en Algérie le projet, en 2010, nous avons décidé d'aider les clubs à se transformer en sociétés commerciales (SSPA). La DNCG devait justement aider les clubs à s'organiser financièrement et du point de vue comptable. Il y avait donc une démarche à suivre qui est malheureusement tombée à l'eau ; aucun club n'a suivi notre plan (...) Il existait en 2010, à l'époque où j'étais à la LFP, une sorte de feuille de route pour expliquer aux clubs justement la marche à suivre pour professionnaliser les choses. Personne ne l'a suivie. S'il y avait une autorité de régulation du professionnalisme mise en place par les pouvoirs publics, il n'y aurait pas eu tous ces problèmes aberrants. Le problème dans le football algérien est que les lois sont très claires. Elles sont très bien faites d'ailleurs. Les textes expliquent parfaitement tout, mais malheureusement il n'y a plus personne pour gérer ce dossier du professionnalisme. Plus de stage, plus de formation de cadres pour les clubs, plus de commission qui pilote ce projet. Il faut tout de suite mettre en place une structure du professionnalisme. Le ministre et la FAF doivent le faire en collaboration avec les clubs. Cette structure doit être composée de personnes compétentes. Il faut lui donner le temps d'analyser la situation, d'établir une feuille de route, et il faut surtout que son plan soit obligatoire pour tous les clubs. Je préconise d'ailleurs à ce que le MJS subordonne l'attribution des subventions de l'Etat au respect du plan de cette structure du professionnalisme. Il faut que le MJS ait d'abord l'aval de la commission du professionnalisme pour accorder ses subventions. Cette commission a d'ailleurs déjà été installée auparavant, mais il s'est avéré finalement que c'était juste de la poudre aux yeux, histoire de clamer les esprits. En fait, tout le monde avait compris que le professionnalisme, c'est du bluff, c'est du pipeau !" martelait-il. Mais Mecherara ne s'est pas arrêté au constat, il avait aussi préconisé des solutions pour relancer le projet. Désormais, il aura l'occasion de les déterrer... À noter enfin qu'à la faveur du prochain amendement des statuts de la FAF, les conseillers nommés par le président au nombre de cinq pourront assister aux travaux du bureau fédéral avec des voix consultatives. SAMIR LAMARI