La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach compte sur la pétrochimie pour se donner une marge de manœuvre pour son développement, dans un contexte où l'avenir de l'exportation du pétrole et du gaz, à l'état brut, soulève beaucoup de questions. Elle veut, en fait, évoluer dans l'ère du temps. En effet, la pétrochimie est devenue un secteur florissant, à l'échelle mondiale, attirant d'importants investissements, et les grandes compagnies en profiteront. Les perspectives sont prometteuses. Dans un récent rapport, l'AIE a indiqué que "les produits pétrochimiques deviendront un jour la principale source de demande de pétrole, dépassant même les transports". Si aujourd'hui la demande pétrochimique est aussi forte, l'offre, elle, n'est pas au rendez-vous, ce qui fait gonfler les prix. Selon l'agence américaine S&P Global Platts, le prix du polyéthylène téréphtalate (PET), par exemple, a atteint, il y a quelques jours, son plus haut niveau depuis dix ans en Europe : 1 250 euros la tonne. Les grandes compagnies se frottent les mains ! Dans ce marché marqué aujourd'hui par une concurrence de plus en plus forte, Sonatrach tente de jouer ses cartes, à savoir du pétrole facile à raffiner et ses potentialités en matière de ressources gazières. Elle a mis sur la table des projets complexes et de grande ampleur dans ce secteur. Mais dispose-t-elle de fonds initiaux pour les financer ? Là est toute la question. Des négociations autour de ces projets sont en cours avec des partenaires étrangers. Elles prendront nécessairement du temps. Et elles pourraient se révéler assez complexes sur l'aspect financier. En optant pour des projets de taille croissante, Sonatrach veut réaliser des progrès économiques et commerciaux dans un secteur aussi complexe et sensible que la pétrochimie. Elle ne souhaiterait plus continuer à vendre son gaz naturel et son pétrole à l'état brut, mais à les transformer localement pour en tirer pleinement de la valeur ajoutée. Une stratégie payante ? En tout cas, Sonatrach s'y est engagée. Dans un entretien accordé à Liberté fin février dernier, son P-DG avait indiqué : "Notre plan à moyen terme intègre un programme ambitieux dans ce secteur, axé autour de projets de taille mondiale à grande valeur ajoutée." Ainsi, a-t-il souligné, nous sommes "en phase de lancement de deux projets, en effort propre, à savoir une unité de production de 100 000 tonnes par an de linéaire alkyl benzène (LAB) à Skikda, produit utilisé dans la formulation des détergents, ainsi qu'une unité de production de 200 000 tonnes par an de méthyl tert-butyl éther (MTBE) à Arzew, produit actuellement importé, utilisé dans la production des essences". Par ailleurs, a-t-il précisé, dans le cadre du partenariat, nous nous sommes "associés au groupe français Total pour la réalisation d'une unité de déshydrogénation de propane et de production de 550 000 tonnes par an de polypropylène (PDH-PP) à Arzew". "Un projet similaire en partenariat avec la société turque Ronesans, d'une capacité de production de 450 000 tonnes par an de polypropylène, sera également réalisé en Turquie", a-t-il ajouté.