Dans son fief historique à Batna, le parti du FLN a vu sa liste aux législatives du 12 juin prochain annulée. Une première pour ce parti qui court le risque d'une déroute électorale. Le parti du Front de libération nationale (FLN) est au milieu du gué. L'ex-parti unique qui a régné en maître sur la scène politique nationale, présent dans toutes les institutions de l'Etat depuis plus d'un demi-siècle, présente les signes d'un déclin. Il est donc difficile de tabler sur son éventuelle résurrection. Signe de cette descente aux enfers : le FLN, version Abou El-Fadhl El-Baâdji, a eu toutes les peines du monde à confectionner des listes pour les législatives prévues le 12 juin prochain. Un précédent inédit pour un parti qui, jadis, disposait de relais dans chaque contrée du pays, mais également au sein des notabilités locales, des confréries religieuses et parmi ce qui était appelé les "organisations de masse". Passées au peigne fin, beaucoup de ses candidatures ont été carrément rejetées, à l'image de celle de son secrétaire général, Abou El-Fadl El-Baâdji. À Batna, un des fiefs pourtant de la famille révolutionnaire à laquelle il s'identifie et dans laquelle il puisait sa "clientèle", il n'a même pas réussi à présenter une liste. Il y a encore quelques années, il peinait à contenir toutes les candidatures qui se bousculaient au portillon. Autres temps, autres mœurs : des contingents de militants ont abandonné le navire et quitté la maison, tandis que d'autres ont préféré changer de chapelle politique en se présentant sous d'autres bannières partisanes. D'autres, encore, ont décidé de mener une fronde en se livrant à une contre-campagne. Est-ce le début de la fin pour ce parti-Etat ? Est-il devenu comme ce bateau tanguant où seuls les convaincus et les nostalgiques d'une gloire passée tentent de s'accrocher au mât malgré la tempête qui risque de l'emporter ? À la veille d'un rendez-vous électoral entouré de toutes les incertitudes au regard du contexte politique, rien n'est totalement clair pour lui. Mais tout porte à croire que l'ex-parti unique, en proie à une crise interne et à une contestation tous azimuts, ne va pas sortir indemne de ce qui s'annonce comme une véritable épreuve pour lui. Il faut dire que les prémices d'une Bérézina sont assez perceptibles. Outre cette incapacité à confectionner des listes, il doit composer avec une grande hostilité du mouvement populaire qui, dès son émergence en février dernier, a réclamé sa disqualification et son effacement de la scène politique, à travers le slogan "FLN dégage". En proie déjà à une grave crise organique dès 2013 avec l'intronisation fort contestée d'Amar Saâdani, puis l'épisode rocambolesque du cadenassage de l'Assemblée du temps du défunt Saïd Bouhadja, alors cadre du parti, le FLN a reçu comme un coup de massue l'emprisonnement de deux de ses ex-secrétaires généraux, en l'occurrence Djamel Ould Abbes qui croupit toujours en prison et Mohamed Djemaï qui a retrouvé la liberté après quelques mois passés derrière les barreaux. Tout comme celui du sulfureux député, Baha-Eddine Tliba. Pis encore : il n'est même pas épargné par l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) qui constituait une de ses matrices. Depuis quelques mois, le secrétaire général par intérim de cette organisation, Mohand Ouamar Benelhadj ne rate aucune occasion pour appeler la restitution du sigle FLN au musée, comme l'avait suggéré au début des années 90, le défunt, Mohamed Boudiaf. Mauvaise appréciation ou choix dicté par quelques officines, le FLN a décidé lors de la présidentielle de 2019 de soutenir le candidat de son frère ennemi, Azzedine Mihoubi, au détriment du candidat de sa famille politique, en l'occurrence, Abdelmadjid Tebboune. Un choix fatidique dont il fera les frais puisque le nouveau locataire d'El-Mouradia le méprisera lors des consultations engagées avec des responsables politiques et des personnalités. Devenu aux yeux des autorités comme un allié encombrant, confronté à une saignée de militants qui préfèrent enfourcher d'autres chevaux, abhorré par des pans entiers de la population qui lui font endosser la responsabilité de la situation actuelle du pays et attaqué de toutes parts, le FLN ne doit compter à l'occasion des prochaines législatives que sur ses plus fidèles serviteurs et ses militants les plus loyaux. Même s'il peut encore compter sur quelques réseaux souterrains, il reste que l'entreprise de son redressement et de sa réhabilitation s'annonce comme une véritable gageure. S'il a pu renaître des décombres des années 90 grâce à un certain Abdelaziz Bouteflika en redevenant la première force politique, il n'est pas dit qu'il survivra à l'échéance du 12 juin. Assurément, ce sera un tournant pour ce parti dont le symbole est un patrimoine national.