Le procès en appel de l'islamologue et chercheur Saïd Djabelkhir n'a pas eu lieu, hier, à la cour d'appel d'Alger. Les trois juges qui ont présidé l'audience ont décidé d'ajourner le rejugement de l'affaire au 7 juillet prochain, et ce, sur demande du collectif de défense de l'accusé. Les avocats de la défense ont motivé leur requête par la nécessité de prendre encore un peu plus de temps pour "mieux préparer les plaidoiries". Toutefois, il était attendu que le procès soit ajourné du fait, a-t-on appris, de l'absence du juge principal pour, dit-on, cause de maladie et son remplacement par trois juges qui ont, par ailleurs, reporté tous les procès programmés pour hier. Pour rappel, le chercheur Saïd Djabelkhir est condamné à trois ans de prison ferme assortie de 50 000 DA d'amende en première instance. Au travers d'un procès le moins que l'on puisse dire inédit de par, d'abord la qualité du plaignant, enseignant d'informatique, mais aussi par la nature de l'accusation, car M. Djabelkhir est poursuivi pour s'être exprimé sur les réseaux sociaux sur des questions qui relèvent exclusivement de son domaine de spécialité, à savoir la religion. Accusé en vertu de l'article 144 bis 2 du code pénal. Il est accusé de "moquerie à l'égard des sciences de la religion et des rites islamiques". L'article 144 bis 2 stipule que "quiconque offense le prophète, les Envoyés de Dieu, le dogme ou les préceptes de l'islam" est passible de 3 à 5 ans de prison ou d'une amende allant de 50 000 à 100 000 DA. Cette accusation concerne tout écrit, dessin, déclaration ou tout autre moyen à travers lequel ce qui est qualifié d'offense est exprimé. Lors de l'audience de première instance, le plaignant avait estimé que les écrits de l'accusé sur les réseaux sociaux représentent "un danger sur la société" du fait que Djabelkhir "est très suivi". Le même plaignant avait également soutenu que les réflexions de l'islamologue "le touchaient dans son amour-propre". De son côté, Saïd Djabelkhir s'était défendu d'avoir attenté à un quelconque précepte religieux, mettant en avant sa liberté de recherche et de conscience. Il faut rappeler, également, dans ce sillage que les poursuites engagées contre le chercheur Djabelkhir ont indigné, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, qualifiant la plainte et sa réception par la justice de "grave atteinte à la liberté". Les multiples réactions enregistrées ont à l'unanimité tiré la sonnette d'alarme quant à l'inquiétude qui pèse sur les libertés, dénonçant à la fois les plaignants et la justice. Du côté des avocats de la défense, il a été mis en avant "l'absence de qualité" de plaignant à l'enseignant qui a poursuivi Djabelkhir. Les avocats de ce dernier ont construit leurs plaidoiries sur l'"impossibilité" au tribunal de "trancher" dans un débat religieux. Ce qui rend en toute logique, ont-ils expliqué, la plainte irrecevable. Mohamed Mouloudj