Ancien maître assistant en pneumologie, le Dr Youcef Alloune, exerçant en libéral, est l'exemple parfait du médecin impliqué et engagé au point d'avoir fermé son cabinet sis en plein centre-ville de Sétif pour prêter main-forte aux personnels de la santé dont ses confrères pneumologues du secteur public. Sa maîtrise des différents procédés pour l'amélioration de la respiration et du coup de la saturation d'oxygène chez les patients atteints de la Covid-19 fait de lui un médecin très sollicité. Liberté : Cela fait exactement une année, nous avons assisté à une vague de Covid-19 pire que celle que nous vivons actuellement et qui touche quotidiennement plus d'un millier de cas. Pouvez-vous procéder à une évaluation de la situation pandémique actuelle ? Dr Youcef Alloune : Evidemment, nous assistons à une nouvelle vague où la situation épidémiologique est très inquiétante, voire critique, marquée par une augmentation exponentielle du nombre de nouveaux cas, des formes graves et du coup de la mortalité. Pis encore, on déplore le décès de plusieurs confrères médecins spécialistes, généralistes, paramédicaux et agents du secteur de la santé. Nous assistons ainsi à un épuisement de nos forces et de nos personnels. À cet effet, nous ne cesserons de rappeler à nos concitoyens de faire preuve de sagesse et de respect des gestes barrières qui sont simples et ne demandent pas beaucoup d'efforts. Peut-on parler d'un nouveau variant et d'une nouvelle vague ? Oui. Même s'il y a moins de séquençages comparé à nos voisins et d'autres pays, dont l'Egypte qui avance à grands pas dans ce domaine, on peut d'ores et déjà dire qu'il s'agit d'un nouveau variant car au vu des publications de l'Institut Pasteur d'Alger (IPA) et des symptômes observés chez nos patients, il est vraisemblable que nous assistons à une propagation du variant Delta. Pour ce qui est des symptômes, il est constaté qu'outre les tableaux classiques qui existent toujours et dont l'intensité varie d'un sujet à l'autre, ce variant touche aussi les jeunes, avec des atteintes pulmonaires très rapides et des saturations assez profondes. Il est connu aussi que les données préliminaires montrent qu'il est plus transmissible que les autres variants, qu'il comporte un risque plus élevé d'hospitalisation et de réinfection. Malheureusement, au moment où nous assistons à une hausse inquiétante du nombre de cas et de décès, beaucoup d'experts algériens estiment que nous ne sommes pas encore au pic de la nouvelle vague. Nous supplions nos concitoyens à faire preuve de vigilance et à ne pas donner l'occasion à ce maudit virus de tuer des personnes et d'endeuiller des familles. Que diriez-vous à nos concitoyens à l'occasion de l'Aïd el-Adha ? L'Aïd el-Adha est une fête religieuse très chère à tous les musulmans. C'est la fête du sacrifice du mouton et non de vies humaines. En effet, les fêtes qui sont en temps normal synonymes de retrouvailles et de regroupements familiaux ne doivent pas l'être en ce moment de pandémie. Je tiens à conseiller à tous d'éviter les regroupements ou du moins de respecter la distanciation physique. Nous avons encore dans les esprits ce qui s'est passé l'année dernière juste après l'Aîd lorsque le nombre de cas a flambé juste après l'Aïd. Nous pouvons remplacer les déplacements par les messages en utilisant les moyens des nouvelles technologies et éviter les embrassades en cas de déplacement. Au moment du rituel, il faut éviter les rassemblements et ne pas oublier de porter la bavette. Sensibilisation et vaccination sont vos maîtres-mots... Je tiens à vous remercier pour cette occasion que vous m'offrez pour sensibiliser nos concitoyens et leur rappeler la nécessité du respect des gestes barrières. Je voudrais aussi en profiter pour présenter mes condoléances à toutes familles des professionnels de la santé décédés des suites de la Covid-19 depuis le début du mois en cours. J'appelle les Algériens à écouter les sources d'information dignes de foi et ne pas prendre pour argent comptant tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Je rappelle, à cet effet, que même les experts, qui étaient réticents quant à la vaccination, plaident actuellement pour une vaccination tous azimuts.