Alors qu'elle continue à faire face à la violence des feux, Tizi Ouzou compte ses morts par dizaines. Touchées dans leur chair, des dizaines de familles sont endeuillées par les feux arrivés tel un tsunami, détruisant tout sur leur passage. Si aucun bilan officiel n'a été encore établi, les nombreux P/APC et sources hospitalières que nous avons contactés hier ont fait état d'une situation catastrophique qui a engendré de nombreux morts et blessés. À Larbâa Nath Irathène, l'une des localités les plus touchées de la wilaya, le directeur de l'EPH, le Dr Rezouali, a fait état, pour la journée de mardi, de six personnes décédées dont deux enfants d'Ath Agouacha. Ce chiffre a malheureusement été revu à la hausse, hier, en fin de journée, avec de nouvelles victimes enregistrées dans les deux communes d'Ath Agouacha et de Larbâa Nath Irathène. Le même responsable a estimé à 120 le nombre de brûlés à des degrés divers enregistré dans cette localité. "Nous avons évacué 120 victimes au CHU de Tizi Ouzou où un centre de tri des brûlés a été installé avant de les transférer dans les différentes structures publiques et privées de la wilaya", a-t-il précisé. Le même responsable a ajouté que l'EPH de Larbâa Nath Irathène a été évacué, avant-hier, à cause de flammes qui menaçaient la structure. "Nous avons évacué plus de 40 malades vers la polyclinique de Tizi Rached. Seul le service Covid-19 a été maintenu sur place, mais surveillé de très près par les pompiers", a-t-il conclu. Même situation de détresse à Illoula Oumal dans la daïra de Bouzeguène où le maire, Kaïs El-Arbi, a tiré, hier, la sonnette d'alarme. En effet, cette commune a enregistré, depuis le début des incendies, 6 victimes dont 5 au village Igreb. Il s'agit d'Allache Hakim, de Barèche Boudjema, de Haouche Abdenour, de Hamidouche Azoug, morts en héros en essayant de sauver des vies dans leur village. Selon les informations fournies par M. Kaïs, ces personnes étaient cernées par les flammes, ce qui a causé leur décès, a-t-il dit, expliquant que la sixième victime est une femme native du village Takhlijt. Pour ce qui est des familles évacuées, le premier magistrat d'Illoula a fait état de 520 familles évacuées. Elles sont regroupées au chef-lieu communal. "Nous avons surtout besoin de produits alimentaires et de couvertures pour satisfaire ces familles dont les maisons ont été touchées", a-t-il déploré. Quant à la situation à Illoula hier, il a précisé que les grands incendies ont été maîtrisés, mais que des foyers sont encore actifs. À Ath Yenni qui a, elle aussi, connu des feux destructeurs, le maire, Smaïl Deghoul, a déploré hier trois décès dans sa commune. Il s'agit de Yasmine Chenane, de Hakim Abed et d'Adel Kaci. "Nous vivons des moments difficiles, c'est toute ma commune qui est brûlée. Les flammes sont arrivées même au centre-ville, détruisant ainsi la polyclinique. Pour le moment, nous avons improvisé un centre de soins à l'école primaire pour prendre les cas urgents", a-t-il déploré. Pour ce qui des besoins urgents, Smaïl Deghoul a fait appel à des dons en eau et en produits alimentaires pour les familles touchées. "Pour le moment, nous n'avons pas encore le nombre exact, mais nous déplorons de nombreuses familles sinistrées", a-t-il poursuivi. C'est encore la situation vécue dans la daïra voisine, à Aïn El-Hammam où l'on dénombre 8 décès dont 4 au village d'Azrou Oukellal. Il s'agit de Madjid Aït Hamou, de son épouse Nacira, de leur petite fille et d'un autre citoyen, Rabah Aït Slimane. Deux frères, Mustapha et Saïd, ont également péri au village d'El-Karne en sauvant leur mère des flammes. Cette même localité a enregistré deux autres décès, Slimani Rabah et Salim Ouferoukh, âgé de 38 ans, mort en tentant de sauver son cheptel, à Ighil Bougni. Macabre !