Le président allemand n'a pas mâché ses mots pour qualifier la situation en Afghanistan de débâcle de l'Occident. Et alors que l'Occident se braque, d'autres puissances, dont la Russie et la Chine n'ont pas attendu pour reconnaître "le pouvoir des talibans" sur le pays. L'Allemagne a décidé de suspendre son aide au développement tout en appelant l'Otan à tirer les leçons de cette affaire. Le président américain s'est contenté de défendre sa décision de retrait de ses soldats sans trop s'attarder sur les dramatiques scènes de l'aéroport de Kaboul. Tous les efforts sont concentrés sur la protection de cet aéroport et l'évacuation des diplomates occidentaux laissant le sort des Afghans entre les mains des talibans. Les scènes de détresse à l'aéroport de Kaboul depuis que les talibans se sont emparés du pouvoir en Afghanistan sont "une honte pour l'Occident", a jugé hier le président allemand, Frank-Walter Steinmeier. "Les images de désespoir à l'aéroport de Kaboul sont une honte pour l'Occident politique", a souligné le chef de l'Etat, insistant sur la "tragédie humaine" vécue par les Afghans qui tentent désespérément de quitter le pays et "dont nous sommes co-responsables". Une co-responsabilité dont s'est désengagé le président américain, Joe Biden dans un discours qui, selon des réactions, n'était pas à la hauteur du moral abattu des Américains après la diffusion des images d'Afghanistan. Après une fulgurante offensive au moment où les Américains se retirent d'Afghanistan, les talibans ont pris le contrôle de l'Afghanistan donnant lieu à des scènes de chaos absolu à l'aéroport de Kaboul, seule porte de sortie du pays. "C'est une césure politique qui nous ébranle et va changer le monde", a également assuré le Président alors que les Américains ont prévu d'achever leur retrait militaire définitif d'Afghanistan à la fin du mois. "L'Allemagne, qui comme les autres pays occidentaux tente dans la confusion de monter une opération d'évacuation, doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre en sécurité ses ressortissants ainsi que tous les Afghans qui les ont soutenus pendant des années", selon lui. Un avion militaire allemand, qui a pu atterrir dans la nuit à Kaboul, n'a réussi au bout du compte à emporter avec lui que sept personnes, alors que des centaines d'autres attendent de pouvoir gagner l'Allemagne. Les dirigeants allemands n'ont pas caché ces derniers jours leur mécontentement à l'endroit des Etats-Unis qui ont décidé de se retirer d'Afghanistan, précipitant le retour des talibans au pouvoir. La ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a appelé l'Otan, dont les représentants se réunissent dans la journée en urgence, à tirer les leçons de son échec en Afghanistan. La chancelière Angela Merkel a, quant à elle, jugé l'évolution de la situation amère, dramatique et terrible, et laissé entendre que la décision de retrait prise par Washington avait été prise pour des raisons de politique intérieure américaine. La tête de liste des conservateurs pour les élections du 26 septembre et possible successeur de Merkel à la chancellerie, Armin Laschet, a même qualifié le retrait des troupes occidentales de "plus grosse débâcle (...) de l'Otan depuis sa création en 1949". Et alors que les talibans ont promis de respecter les droits des femmes à l'éducation et au travail, à condition de porter le hidjab, des appels se multiplient aux nouveaux maîtres de Kaboul à respecter le peuple et à ouvrir le dialogue avec les autres partis (parties). Le reste est menace de représailles comme celles des Etats Unis, au cas où les talibans entravent l'évacuation des étrangers et des Afghans ayant travaillé pour eux. Mais la reconnaissance du pouvoir des talibans sur l'Afghanistan est dans l'air, même si les USA et les membres de l'Otan ne l'avouent pas ouvertement. Question qui est déjà tranchée s'agissant de la Russie, de la Chine, de l'Iran ou encore de la Turquie. On évoque déjà l'ouverture de représentations diplomatiques à Kaboul, alors que la Russie a déjà une avance à ce sujet en recevant une délégation des talibans avant leur prise de Kaboul ou en prenant contact avec eux avant-hier.