La ministre allemande de la Défense a appelé, hier, l'Otan, dont les représentants se réunissent dans la journée en urgence, à tirer les leçons de son échec en Afghanistan, alors que de difficiles opérations d'évacuation se poursuivent à Kaboul. «Il y a beaucoup de sujets sur lesquels nous devons nous pencher au sein de l'Otan» suite à la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans après 20 ans de présence militaire occidentale dans le pays» a dit la ministre allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer, sur la chaîne de télévision ZDF. Elle a laissé entendre que les pays européens pourraient être amenés à assumer à l'avenir des tâches endossées jusqu'ici par les Etats-Unis. Les ambassadeurs des pays de l'Otan tiennent dans la journée une réunion d'urgence pour discuter de la situation en Afghanistan, où les pays occidentaux tentent d'accélérer leurs opérations d'évacuation. Armin Laschet, dirigeant du parti conservateur allemand d'Angela Merkel et candidat à sa succession à la chancellerie, a qualifié lundi le retrait des troupes occidentales de «plus grosse débâcle (...) de l'Otan depuis sa création» en 1949. Plusieurs autres responsables allemands ont exprimé des critiques, plus ou moins voilées, à l'encontre de la décision des Etats-Unis de se retirer d'Afghanistan, qui a précipité la prise du pouvoir par les talibans. ONU La Chine met en garde contre un paradis pour les terroristes Le représentant permanent adjoint de la Chine auprès des Nations unies, Geng Shuang, a mis en garde lundi contre l'éventualité que l'Afghanistan redevienne un paradis pour les terroristes. Au cours des 20 dernières années, des organisations terroristes telles que l'Etat islamique, Al-Qaïda et le Mouvement islamique du Turkestan oriental se sont rassemblées et développées en Afghanistan, posant une menace sérieuse pour la paix et la sécurité internationales et régionales, a rappelé M. Geng. «Nous espérons que les talibans en Afghanistan tiendront sérieusement leurs engagements et rompront avec les organisations terroristes», a-t-il souhaité. «Tous les pays doivent remplir leurs obligations conformément au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité, travailler ensemble dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, et prendre des mesures résolues pour empêcher les organisations terroristes telles que l'Etat islamique, Al-Qaïda et le Mouvement islamique du Turkestan oriental de profiter de ce chaos.» La tâche urgente actuellement est de rétablir la paix, la stabilité et l'ordre dès que possible, afin d'éviter les pertes en vies humaines et les flux de réfugiés à grande échelle, a-t-il estimé. Ankara a «des discussions» avec les talibans La Turquie salue les «messages positifs» envoyés La Turquie a estimé, hier, que les messages envoyés par les talibans depuis leur prise du pouvoir à Kaboul avaient été «positifs», ajoutant qu'elle avait des discussions avec le mouvement islamiste radical. «Nous accueillons de manière positive les messages envoyés jusqu'à présent par les talibans, que ce soit aux étrangers et aux représentations diplomatiques, mais aussi à leur propre peuple. Nous espérons que cela se reflétera dans leurs actes», a déclaré le chef de la diplomatique turque Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse. Selon le New York Times La crédibilité des Etats-Unis en cause Le retrait précipité des troupes américaines et l'évolution rapide de la situation en Afghanistan où les talibans ont repris le pouvoir, ont incité les alliés des Etats-Unis et d'autres pays à mettre en cause leur crédibilité, a indiqué le quotidien américain The New York Times (NYT).Le désengagement des troupes américaines d'Afghanistan a renforcé le sentiment que «le soutien des Etats-Unis envers leurs alliés n'est pas illimité», a écrit lundi le NYT. Il est «voué à semer le doute» car certains des alliés de Washington en Europe et en Asie souhaitaient que l'actuelle administration américaine «rétablisse la présence ferme des Etats-Unis dans les affaires internationales», a poursuivi le journal. «Que l'on trouve cela juste ou injuste, l'histoire retiendra que Joe Biden est celui qui a présidé à la conclusion humiliante de l'expérience américaine en Afghanistan», a ajouté le New York Times.