Le Cnapeste durcit le ton. À compter du 2 novembre, il envisage de lancer une grève cyclique de 2 jours par semaine. Dans cet entretien, Messaoud Boudiba, secrétaire national de cette organisation syndicale, estime que la balle est dans le camp de la tutelle. Il alerte les pouvoirs publics sur la situation dramatique vécue par l'école algérienne. Liberté : Un mois après la rentrée scolaire, le Cnapeste tient son conseil national. Quelles en sont les motivations ? Messaoud Boudiba : Pour ce qui est du conseil national qui est une session ordinaire programmée les 15 et 16 octobre 2021, l'objectif a été de passer en revue la situation qui prévaut au sein de secteur de l'éducation, plus particulièrement celle de l'enseignant qui intervient juste après la rentrée scolaire. Le conseil a débattu des conditions sociales de cette catégorie du personnel. Des revendications exprimées à travers les nombreux communiqués déjà portés à l'opinion par notre organisation syndicale. Evidemment, la conclusion des travaux de ce conseil de deux jours, tenu à Boumerdès, est que la situation professionnelle actuelle de l'enseignant est catastrophique. L'enseignant aujourd'hui exerce dans des conditions difficiles et son volume horaire est important. C'est une double pression exercée sur lui. Aujourd'hui, la tutelle, au lieu de procéder au recrutement, se contente de répartir des heures supplémentaires pour y faire face. Les enseignants n'en peuvent plus. L'encadrement pédagogique, à travers tout le pays, est en train de se plaindre sur ce point précis qui peut, éventuellement, avoir des répercussions négatives sur la stabilité des établissements à travers tout le pays. Concernant les revendications professionnelles portées par la corporation, aucune suite favorable n'a été donnée à ce jour. Idem pour les revendications sociales, car le pouvoir d'achat de l'enseignant, au même titre que beaucoup de citoyens, se dégrade au fur et mesure. D'ailleurs, cet aspect est considéré comme une priorité par notre organisation syndicale dans toute plateforme de revendications et lors de toute mobilisation à venir. Nous avons, à ce titre, dès le mois d'avril dernier, et comme premier pas, fait des propositions à la tutelle comme l'ouverture du régime indemnitaire, la révision du point indiciaire. En vain. Quant aux revendications relatives à l'accès au logement, à la prime de zone et à la médecine du travail, elles sont également restées lettre morte. Le conseil national a décidé d'une grève nationale cyclique de deux jours chaque semaine à compter du 2 novembre. Pourquoi ? Cette grève cyclique, décidée par le conseil national du Cnapeste, est une opportunité, à notre sens, donnée à la tutelle pour pouvoir trouver des solutions aux divers problèmes posés. Dans ce cas, ce mouvement peut être interrompu à tout moment. Dans le cas échéant, le conseil national peut recourir à d'autres actions et radicaliser davantage le mouvement. Le recours à la protesta est-il le seul moyen pour vous faire entendre ? Depuis la fin de l'année scolaire précédente, quand le secteur de l'éducation connaissait des mouvements de protestation un peu partout à travers le pays, nous, au Cnapeste, avions différé tout mouvement de protestation à la rentrée sociale. La raison est toute simple : c'est pour donner aux pouvoirs publics la possibilité de solutionner un certain nombre de problèmes posés et ainsi éviter tout mouvement de grève. Mais malheureusement après six mois, nous sommes toujours au point de départ. Pis encore, la situation de l'enseignant au double plan social et professionnel se dégrade de plus en plus. Nous avons entamé en avril dernier, également, une grève de deux jours pour alerter la tutelle sur, entre autres, la dégradation du pouvoir d'achat de l'enseignant, mais comme à l'accoutumée, une indifférence totale a été affichée par le ministère de l'Education. Ce dernier conseil national auquel ont participé 42 wilayas sur les 50 a été caractérisé par des débats houleux, qui ont convergé, au vu de toutes les données, vers cette ultime décision de faire une grève nationale cyclique de deux jours par semaine. Le ministère de l'Education compte entamer un dialogue avec ses partenaires sociaux. Répondrez-vous positivement à cet appel ? Le Cnapeste n'a jamais opposé une fin de non-recevoir au dialogue. Bien au contraire. Mais nous critiquons cette politique de dialogue qui n'apporte pas de solutions aux revendications exprimées par la base. Nous revendiquons un dialogue sérieux, garant de la stabilité du secteur et responsable de nature à prendre en charge et à solutionner les problèmes portés par la corporation.