Le s putschistes sont isolés après les réactions internationales qui réclament le retour à l'ordre institutionnel et la libération des ministres et civils arrêtés. L'espace aérien a été fermé hier. Et les premières sanctions commencent à tomber. Les Etats-Unis qui ont demandé la libération du Premier ministre Abdallah Hamdok, qui finalement a été emmené au domicile du général Abdel Fattah al-Burhane, chef des putschistes, ont également suspendu 700 millions de dollars d'aide à la transition. Parce que, pour Washington, la voie vers ses premières élections libres après trois décennies de dictature d'Omar el-Béchir semble de plus en plus bouchée. Le général a indiqué que "le Premier ministre était en bonne santé et qu'il rentrera chez lui une fois la crise achevée". Pour la Troïka — les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège — à la manœuvre sur le dossier soudanais depuis des années, "les actions des militaires trahissent la révolution et la transition" entamée il y a plus de deux ans. Le Premier ministre soudanais et les autres responsables "détenus illégalement doivent être libérés immédiatement", a réclamé mardi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en déplorant la "multiplication" de coups d'Etat cette année dans le monde et "la totale impunité" dont se prévalent leurs auteurs militaires. "Nous avons constaté qu'il n'y avait pas cette dissuasion, que ce soit en Birmanie et dans plusieurs pays africains", a-t-il ajouté, en évoquant implicitement la Guinée et le Mali. Au plan diplomatique les premières défections sont signalées en Europe où les ambassadeurs soudanais de trois pays en Europe — France, Belgique et Suisse — ont déjà proclamé leurs ambassades comme celles du "peuple et de sa révolution". D'autres ambassadeurs pourraient les suivre notamment ceux accrédités dans les pays qui ont dénoncé le coup d'Etat. À l'intérieur du Soudan, la résistance maintient la pression sur les militaires. Le bureau du Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok a appelé, hier, "les putschistes à le libérer immédiatement", dans un communiqué diffusé par le ministère de l'Information après les déclarations du chef de l'armée affirmant que M. Hamdok était chez lui. Le texte réclame également la "libération de toutes les personnes arrêtées tôt lundi avec le Premier ministre, notamment son épouse, plusieurs de ses ministres et les membres civils du Conseil en charge de la transition". La communauté internationale a déjà réclamé à plusieurs reprises leur libération. Enfin, "Pas de retour en arrière possible", scandent les Soudanais toujours dans la rue hier, au lendemain d'un coup d'Etat condamné à l'étranger et la mort de quatre manifestants qui protestaient après l'arrestation de la quasi-totalité des dirigeants civils par les militaires avec lesquels ils partageaient le pouvoir.