Jugurtha Naït Bekkou est un artiste peintre et sculpteur, âgé de 32 ans, du village Aït Aïssa Ouyahia (commune d'Illilten, Tizi Ouzou). Il a autoédité chez Amazon en 2020 "Coups de crayon", un recueil de 100 dessins, réalisés au crayon. Il comporte des portraits au crayon, quelques représentations abstraites et des illustrations. Entretien Vous venez d'éditer un livre de dessins. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le contenu de ce livre ? C'est vrai, c'est ma première expérience en ce qui concerne le monde de l'édition et j'avoue que j'ai découvert à l'occasion un moyen de sortir mes œuvres de mon atelier et cela m'a motivé pour améliorer mes techniques par la suite et aussi étendre le cercle des sujets à peindre et à dessiner. Pourquoi le choix de ces deux arts, le dessin et la sculpture, pour vous exprimer ? Le dessin... J'ai toujours été fasciné par le dessin. Depuis les premières années de l'école, déjà, je commençais à gribouiller et à esquisser des dessins partout. J'étais attiré par ce monde et je me suis toujours dit que je suis fait pour... Du coup, cela ne m'a pas pris beaucoup de temps pour me retrouver pris par cette passion de dessiner des visages avec des moyens vraiment rudimentaires. Une feuille blanche, un crayon et voilà un portrait ! Le dessin, cela n'a donc pas été pour moi une question de choix. Tout simplement, je me sens mieux dans cet art. Pour la sculpture, je l'ai découverte la première fois lors de ma participation au projet de décoration et de rénovation de mon village. C'était le fruit d'un travail d'équipe. J'ai appris beaucoup de choses avec ces artistes, et cela m'a aidé à m'essayer à cet art. Par la suite, j'ai compris que la sculpture n'était tout de même qu'un prolongement logique du dessin et de la peinture. Que représente pour vous l'activité artistique ? Avant tout, c'est une activité qui correspond à ma personnalité. Elle est comme une passion pour moi. Exercée en parallèle, la plupart du temps, avec d'autres activités. Elle me permet surtout d'enrichir ma culture et favorise également le contact avec les autres grâce à ma participation aux festivals, expositions, travaux collectifs, etc. Vous avez réalisé des dessins dans votre village, Aït Aïssa Ouyahia, déjà primé au concours Aïssat-Rabah du village le plus propre ? Oui, effectivement. C'était une belle expérience. C'était d'ailleurs au cours de la rénovation et de la décoration de mon village, Aït Aïssa Ouyahia, qui a eu à l'occasion la 4e place au concours du village le plus propre Rabah-Aïssat, organisé par l'APW de Tizi Ouzou, que j'ai découvert la sculpture. J'ai eu la chance de faire partie de cette équipe d'artistes qui ont décidé de rénover le village et de réaliser différentes sculptures dans les placettes, les ruelles et sur les murs extérieurs des maisons. J'ai participé à ce projet en dessinant des symboles berbères, quelques portraits et des fresques. Vivre de son art est-il possible pour un jeune artiste ? Non. Je pense qu'il est très difficile aujourd'hui de gagner sa vie avec un travail d'artiste. Quelle place pour l'art et l'artiste dans notre société ? L'art est essentiel à la santé de la société. Selon le philosophe Jean-Paul Sartre, son rôle est de proposer au spectateur un portrait de sa société, de sa réalité, afin que celui-ci puisse développer une conscience de sa propre condition et des multiples réalités de son environnement. Mais, malheureusement, dans notre société, l'art a été, durant longtemps, marginalisé. Mais, ces derniers temps, l'art commence à avoir tout une autre influence sur la société et retrouve progressivement sa place, à commencer par tous ces travaux artistiques qu'on voit exposés dans des galeries, des expositions, le théâtre, les concerts et les manifestations culturelles.