Plutôt que de ne plus rechercher du pétrole et du gaz, une approche radicale suggérée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans sa quête de décarboniser totalement le secteur de l'énergie d'ici à 2050, le président d'Alnaft, Noureddine Daoudi, suggère d'adopter une trajectoire mitigée ; l'économie mondiale étant "très dépendante encore des énergies fossiles et la transition énergétique n'a pas atteint le point où tout autre combustible que les énergies fossiles puisse alimenter correctement les industries à forte consommation d'énergie". Certes, la transition vers les énergies nouvelles et décarbonées est un enjeu planétaire, mais celle-ci ne devrait pas se faire de manière brutale, selon le président d'Alnaft, qui estime que l'appel de l'AIE à une décarbonisation accélérée des industries pétrolières et gazières est une arme à double tranchant pouvant aggraver la crise énergétique mondiale. "La politique appelant à éviter des investissements dans les énergies fossiles ont généré des baisses dans les réserves de pétrole et de gaz avec la conséquence d'une flambée des prix", tranche Noureddine Daoudi, dans une intervention à l'occasion de la tenue à Oran de l'édition 2021 du Salon international des hydrocarbures (Napec). Ainsi, l'appel de l'AIE, plaidant en faveur d'une politique radicale en matière de transition énergétique, s'est traduit par un repli des investissements mondiaux dans les énergies fossiles et un sur-investissement dans les énergies renouvelables. "Les manques d'investissement répétés dans le secteur de l'énergie s'accompagneront fatalement d'une augmentation des prix et des situations de pénurie difficilement gérables et pénalisantes, exposant et rendant vulnérables les entreprises énergivores", estime le président d'Alnaft, comme pour dire que l'AIE et le déficit actuel en investissement y sont pour beaucoup dans la crise énergétique qui sévit actuellement dans certains coins de la planète, plus particulièrement en Europe. Noureddine Daoudi met en garde contre un effet retour de manivelle de ces appels en faveur d'une décarbonisation accélérée du secteur de l'énergie, étant donné que ce changement n'est pas si simple à réaliser. "Le mix énergétique a besoin de reconsidérer la place des énergies fossiles à charge pour l'industrie du pétrole et du gaz de prendre l'engagement d'atténuer les impacts négatifs qu'elle génère en allant au-delà des aspects économiques et en abordant rigoureusement les aspects liés à la décarbonation de ses activités (réduction des émissions des gaz à effet de serre notamment)", estime le président d'Alnaft. Même son de cloche chez Toufik Khitous, responsable de Värtsilä Finland OY pour l'Afrique du Nord, convaincu que la transition énergétique sur laquelle surfe plus d'une compagnie "s'inscrit, plutôt, sur le long terme avec des spécificités pour chaque pays, dont le but est d'aboutir à un mix énergétique intelligent". Lors d'une conférence sur la transition énergétique, le responsable de Värtsilä Finland OY pour l'Afrique du Nord pointe, néanmoins, l'impératif de baisser la consommation de l'énergie en Algérie et d'augmenter la pénétration des énergies renouvelables, étant donné que la hausse de la consommation interne, rapportée au taux des réserves et de production sur le long terme, remet au goût du jour les vulnérabilités structurelles de l'Algérie. "Ce qu'il faut noter pour le cas de l'Algérie est que la demande en énergie va s'accélérer davantage et que le pays dispose d'un potentiel important en énergie renouvelable, mais aussi en gaz, qui est un avantage énorme qui va aider le pays à faire cette transition énergétique", estime Toufik Khitous. Boukhalfa Yaïci, directeur général du cluster Energie solaire, dit, lui, rester sur sa faim, tant il est vrai que depuis les annonces faites quant à l'objectif d'accélérer les investissements dans les énergies nouvelles, "les opérateurs attendent encore impatiemment le lancement de ces programmes". "Nous souhaitons que les 1 000 mégawatts annoncés pour 2021 soient lancés avant la fin de l'année pour donner de la visibilité aux acteurs", déclare Boukhalfa Yaïci qui regrette que les objectifs initialement arrêtés en matière de transition énergétique n'ont pas été atteints et que la capacité installée demeure insignifiante, soit de 390 mégawatts.