L'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, poursuivi dans l'affaire GB Pharma du temps où il occupait le poste de secrétaire général de la wilaya d'Alger, a affirmé avoir suivi les instructions de l'ex-wali Mohamed Kebir Addou. Le procès des propriétaires du groupe Condor, les frères Benhamadi, avec quarante coaccusés, s'est ouvert, hier, au pôle pénal financier et économique près le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger. Ils devront défiler à la barre et répondre à des chefs d'accusations liés à différentes affaires, dont notamment le "blanchiment d'argent", la "dilapidation de deniers publics", l'"incitation d'agents publics à exploiter leur influence pour l'obtention d'indus avantages", et le "financement occulte de partis politiques". Outre les actionnaires du groupe, sont poursuivis également dans cette affaire d'anciens responsables des secteurs de la santé, des transports, de la poste et des télécommunications, ainsi que de la Banque extérieure d'Algérie. L'audience a débuté avec l'affaire GB Pharma, dans laquelle les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ont déjà été condamnés en première instance et en appel à cinq ans de prison ferme, pour "octroi de privilèges injustifiés au groupe Condor et à ses filiales, dont des facilitations pour la réalisation d'une usine de fabrication de médicaments". GB Pharma, qui était gérée par l'ancien ministre Moussa Benhamadi, décédé en prison en juillet 2020, avait bénéficié d'un crédit bancaire, d'exonération et des réductions en termes de taxes et d'impôts, et d'une concession de lot de terrain à la nouvelle ville de Sidi Abdellah, après son agrément en 2011. Abderrahmane Benhamadi, premier à être appelé et à se présenter devant le juge, en sa qualité de président du conseil d'administration du groupe, a tout nié en bloc, accablant l'ancien gestionnaire administratif de la filiale. "Le seul lien que j'ai avec cette affaire, c'est une demande manuscrite que j'avais rédigée pour l'octroi d'un terrain d'assiette", s'est-il défendu. L'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, poursuivi dans la même affaire pour "octroi d'indus avantages", du temps où il occupait le poste de secrétaire général de la wilaya d'Alger, a soutenu, de son côté, qu'il avait suivi les instructions de l'ancien wali d'Alger, Mohamed Kebir Addou. "Le Premier ministre avait validé le projet et le wali Addou m'avait laissé un mot manuscrit sur le parapheur... Je n'ai pris aucune décision, je suis un fonctionnaire de l'administration et j'applique les instructions", a-t-il plaidé, document à l'appui devant le juge. L'ancien directeur des domaines de l'Etat, Salah Bouallag, poursuivi pour notamment dilapidation de deniers publics, se lave les mains pour ce qui est du non-recouvrement des redevances de GB Pharma, expliquant que cela relevait plutôt des prérogatives de l'inspection des impôts de Chéraga, dont le directeur, qui est passé à son tour devant le juge, a nié tout traitement de faveur à l'égard de la filiale du groupe Condor. Après les plaidoiries qui ont duré tout l'après-midi, le juge devait enchaîner avec l'affaire de la filiale Travocovia, relative à la réalisation d'un hôpital des grands brûlés de 120 lits dans la wilaya de Skikda, et qui n'a jamais vu le jour. Les audiences d'aujourd'hui et de demain seront consacrées à d'autres affaires en rapport avec Condor Electronics et Mobilis, ainsi que "le financement occulte de partis politiques et de la campagne électorale".