Comme souvent en pareille situation, les fortes précipitations de ces derniers jours ont provoqué de nombreux dégâts dans de nombreuses villes du nord du pays. En Haute-Kabylie, les populations locales craignent sérieusement le scénario de 1974, lorsque des maisons et des champs entiers avaient été engloutis par les éboulements. Le bilan des dégâts provoqués, chaque jour, par les pluies diluviennes qui s'abattent sur le nord de pays depuis quelque temps, ne cesse de s'alourdir, avec son lot d'effondrements de bâtisses, de routes fermées à la circulation, de glissements et d'affaissements de terrains et d'inondations des habitations. Aucune wilaya du centre et de l'est du pays n'a été épargnée par les eaux qui ont gagné des surfaces autrefois protégées contre les aléas climatiques. Ces pluies diluviennes ont mis à nu les villes livrées à une urbanisation anarchique et incontrôlée où le moindre lopin de terre est mangé par le béton. Alors que l'hiver n'est pas encore arrivé, le dernier bilan provisoire communiqué par la Direction générale de la Protection civile (DGPC) donne le tournis au vu des catastrophes causées par ces fortes averses. Notamment dans le Grand-Alger où le bilan est très lourd. Les sapeurs-pompiers, débordés par les appels aux secours, ont effectué des dizaines d'interventions pour pomper les eaux qui ont infiltré l'intérieur des habitations et des édifices publics et privés, mais aussi pour secourir les populations menacées par les glissements de terrain et l'effondrement de murs et d'habitations. Les localités de Bordj El-Bahri, de Birtouta, des Eucalyptus, de Bab El-Oued et de Bir Mourad-Raïs sont à ce titre les plus touchées. Les habitants ont vécu des moments de peur dans la nuit de mardi à mercredi dans l'Algérois. À Bir Mourad-Raïs, les torrents de pluie ont provoqué un éboulement rocheux au niveau de la station de transports de voyageurs, menaçant des habitations adjacentes et la promotion immobilière perchée sur l'escarpement rocheux qui surplombe cette station. La wilaya déléguée a dû fermer la station de transport de voyageurs à titre préventif pour éviter l'irréparable. Toutefois, la wilaya d'Alger a engagé une expertise avec le CTC pour évaluer les risques quant au sort de cette nouvelle construction. Dans la même localité, la DGPC a signalé l'effondrement de deux habitations illicites. Au boulevard Colonel Lotfi, à Alger-Centre, un balcon s'est effondré, alors qu'au boulevard Soukoutou, les mêmes services sont intervenus après l'effondrement du mur d'un immeuble dû au glissement de terrain. Idem à Raïs Hamidou où le toit d'une habitation vétuste, attenante à la station-service, a cédé devant les infiltrations des eaux. Le même scénario a été également enregistré à Belouizdad où l'effondrement d'un mur sur la chaussée, provoqué par un glissement de terrain, a failli coûter la vie aux habitants. Dans la commune de Bologhine, le toit d'une cuisine d'un immeuble a cédé sans faire de victimes. Toujours dans la même localité, la DGPC a signalé le risque imminent de glissements de terrain. Sur les hauteurs d'Alger, à El-Achour, un poteau électrique a été arraché par la crue des eaux à l'intérieur du lycée Mohamed-Derouz, alors qu'à Bouzaréah, le glissement de terrain, à hauteur du stade communal, a provoqué d'énormes dégâts matériels. À Kouba, une villa est menacée d'effondrement après le glissement d'un terrain attenant à l'hôpital Drid-Hocine. Outre le recours à l'expertise de cette construction par les services spécialisés du CTC, des mesures urgentes ont été prises par la wilaya d'Alger pour ériger des murs de soutènement et l'évacuation des habitants. À Hydra, des citoyens ont donné l'alerte sur les réseaux sociaux sur le risque de chutes de pierres, alors que les torrents de pluies ont complètement inondé les trémies et les abords des autoroutes. Hier, le directeur des travaux publics (DTP) de la wilaya d'Alger, Abderrahmane Rahmani, a indiqué à l'APS que "la pluviométrie inhabituelle, enregistrée depuis le début du mois en cours, a engendré jusqu'à aujourd'hui (mercredi, ndlr) de nombreux dégâts, notamment des effondrements rocheux, des chutes de pierres, des éboulements ayant amené les autorités locales à prendre des mesures urgentes, telles que la fermeture de routes, des déviations pour la circulation routière et l'évacuation d'habitants occupant des bâtisses menacées". Par ailleurs, à Boumerdès, plusieurs opérations de pompage des eaux ont été effectuées par les éléments de la Protection civile. Plusieurs habitations et édifices ont été impactés, notamment à Thénia, Corso, Ouled Hejadj, Hammadi, Chaâbet El-Ameur et Bordj Menaïel. En revanche, à Tizi Ouzou, des dégâts importants ont été provoqués par les chutes de pluie. À Aït Yahia Moussa, Drâa Ben-Khedda, Beni Douala, Yakouren, Bouzeguène, Azazga, Aïn El-Hammam et Larbâa Nath Irathen, plusieurs routes ont été gagnées par la boue et des mares considérables d'eau de pluie. Dans ces agglomérations, les habitants craignent des glissements de terrain et redoutent le scénario de l'année 1974, lorsque des maisons et des champs entiers avaient été engloutis. Le risque est d'autant plus élevé avec la disparition du couvert végétal, consumé par les derniers incendies. Hier matin, la chute d'un gros rocher a failli emporter les automobilistes qui empruntaient la route de Takhoukht, attenante au barrage d'eau de Taksebt (Tizi Ouzou). Les automobilistes ont dû prendre leur mal en patience après l'embouteillage causé par la fermeture de la route. À Blida, les sapeurs-pompiers ont également effectué des dizaines d'opérations de pompage des eaux, comme à Chebli, l'Arba, El-Affroun et Meftah, selon nos sources. La RN42 était impraticable durant plusieurs heures à cause de la stagnation des eaux. Idem à Tipasa où les routes inondées ont provoqué un ralentissement de la circulation. Alors que des BMS sont émis au quotidien, annonçant des pluies intenses et orageuses, et malgré des appels à la prudence et à la vigilance lancés par les services de sécurité, des automobilistes, dont des chauffeurs de camions de gros tonnage, font fi du code de la route et provoquent des dizaines d'accidents sur les axes routiers et autoroutiers. En témoignent les images partagées sur les réseaux sociaux par des automobilistes pour dénoncer l'insouciance de ces chauffards.