À Bamako, les militaires au pouvoir essaient de prolonger la période de transition politique au-delà des délais fixés par la communauté internationale. Cela n'est pas pour jouer en faveur d'une véritable relance de l'Accord de paix, issu du processus d'Alger de 2015. La médiation internationale a de nouveau demandé aux parties maliennes d'accélérer la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, en dépit du contexte politico-sécuritaire qui empêche ce pays du Sahel de sortir d'une crise politique structurelle. Dans leur dernier communiqué, les membres de la médiation internationale ont, en effet, "appelé à des avances rapides sur les aspects du processus de paix, y compris les réformes institutionnelles que requiert la mise en œuvre complète et équilibrée des quatre piliers de l'Accord de paix", lit-on dans un communiqué rendu public lundi soir, à l'issue de la réunion du 25 novembre dernier, sous la présidence de l'envoyé spécial algérien pour le Sahel et l'Afrique, l'ambassadeur Boudjemaa Delmi. Les auteurs du communiqué ont insisté sur l'"importance cruciale que revêt l'accélération de la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation, issu du Processus d'Alger, pour la stabilisation durable du Mali". En attendant, les membres de la médiation ont souligné l'"impératif du parachèvement du DDR accéléré, ayant en vue les prises de position du Conseil de sécurité des Nations unies sur cette question". De plus, les membres de la médiation internationale ont convenu, dans le prolongement de leur réunion virtuelle, d'"entreprendre des démarches auprès des parties maliennes pour les encourager à imprimer une dynamique renforcée et de bonne foi à la mise en œuvre de l'Accord et marquer la disponibilité de la médiation à les accompagner et à les appuyer de toutes les manières possibles", d'après le communiqué. Aussi, les membres de cette médiation "ont réitéré leur détermination à jouer pleinement leur rôle, y compris, le cas échéant, l'exercice du pouvoir d'arbitrage dévolu à la médiation internationale", ajoute le texte. Signé en mai-juin 2015, l'Accord de paix, appelé aussi Accord d'Alger, devait être mis en œuvre dans un espace n'excédant pas les six mois suivant sa signature. Mais l'instabilité que connaît le Mali et le manque de volonté politique du gouvernement de l'époque à Bamako ont beaucoup retardé sa mise en œuvre effective, sans oublier le contexte sécuritaire local et régional qui a mis des bâtons dans les roues des parties directement impliquées dans ce processus. Il convient aussi de souligner que la médiation internationale est composée des représentants des pays du voisinage, à savoir le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Tchad, et de ceux des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis). La médiation comprend aussi les pays représentant les partenaires techniques et financiers du Mali (PTF), à savoir l'Allemagne et le Canada et les représentants des organisations internationales, continentale et régionale : les Nations unies (à travers la Minusma), l'Organisation de la coopération islamique (OCI), l'Union africaine (à travers la Mission de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel - Misahel -), et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).