La gestion d'El Bouni, ex-Sonatiba, la plus importante agglomération de Annaba (plus de 160 mille habitants), se distingue par un manque d'organisation, où les baraques plantent un triste décor. Le laisser-aller constaté par-ci et par-là semble être à l'origine d'une situation catastrophique dans cette agglomération, dont les conséquences négatives se sont répercutées sur tous les domaines. El Bouni, où la pollution industrielle a eu raison, dans un passé récent, de la santé de beaucoup de personnes. Cette pollution a fait, faut-il le rappeler, des ravages. Des centaines d'asthmatiques ont été déclarés. Cette situation est désormais synonyme, pour la population bônoise, de misère noire, de maux sociaux. Les bidonvilles, qui font d'ailleurs sa réputation, poussent chaque année comme des champignons. Sans exagération, des citoyens la surnomment “la cité des mille et une bicoques”. Et pourtant, au milieu des années 1980, les favelas ont été totalement rasées par les pouvoirs publics, soit à la cité côtière de Sidi Salem, en passant par celle de Boukhadra et H'djar Ediss, ou des quartiers de Bouzaroura, Sarouel, Chabia et oued Nil. Cependant, l'on enregistre ces dernières années la “naissance” de dizaines de baraques, c'est la négation et la désolation. À la cité Boukhadra, l'un des quartiers chauds de la Coquette, située à proximité d'un oued à l'entrée principale de Annaba, il n'est nullement question des normes de construction. Le spectacle reste désolant, en plus des baraques et des multiples décharges sauvages, des écuries en dur. Ces baraques ont été construites au vu et au su des services compétents de l'APC. Les mouches et les moustiques font forcément partie intégrante du décor. Du côté de Sidi Salem, on est vite attiré par le linge de couleur terne, en permanence suspendu aux fenêtres et aux balcons. Mieux encore, certains locataires transgressent manifestement toutes les règles édictées en matière d'hygiène et de sécurité. “En un laps de temps, cette belle cité, inaugurée il n'y a pas longtemps par le président de la République, est devenue, par manque de civisme, un enfer. Ici, on jette les ordures n'importe où et n'importe comment”, tient à témoigner un habitant. Cette cité est depuis longtemps et continuellement polluée par le complexe Asmidal et, surtout, l'oued Seybouse, où tous les déchets toxiques des entreprises de production sont largués. Au niveau des quartiers de Chabia, Sarouel ou oued Nil, c'est l'anarchie indescriptible. Rien ne va : l'AEP, le transport en passant par l'éclairage public, les réseaux d'assainissement… D'ailleurs, la stagnation des eaux usées dans quelques endroits risque de générer de graves répercussions sur la santé publique. Pour sa part, le bidonville de Bouzaroura offre des scènes d'une autre ère. Ici, c'est réellement la misère noire. La situation est des plus lamentables dans ce ghetto où vivent plusieurs centaines de pauvres familles pratiquement livrées à elles-mêmes. Enfin, au chef-lieu de commune, faut-il le signaler, les immeubles construits dans les années 1970 et qui n'ont jamais été restaurés sont dans un état de délabrement très avancé. La Coquette, une destination touristique par excellence, ne mérite pas de telles cités. B. BADIS