L'élimination précoce et inattendue de la sélection algérienne, tenante du titre, de la Coupe d'Afrique des nations, jeudi, a produit une onde de choc dans le pays. Les Verts sont descendus brutalement de leur piédestal après trois ans de domination sur le continent. Exit le titre africain arraché haut la main en terre égyptienne, exit le record de 35 matches sans défaite, la bande à Belmadi prend une raclée à Douala avec à la clé un bilan franchement humiliant d'un seul point pris en trois matches et un seul but marqué. À l'issue de deux défaites contre la Guinée équatoriale (1-0) et la Côte d'Ivoire (3-1) et d'un match nul peu glorieux face à la Sierra Leone ( 0-0), les Fennecs sont complètement passés à côté de leur sujet. Cette participation restera sans doute dans les annales comme l'une des plus piteuses aventures en phase finale de la CAN. Une ressemblance du reste frappante avec celle de 1992 à Ziguinchor (Sénégal), qui a suivi le premier titre africain gagné à Alger. Cependant, pour les observateurs avertis, le ratage algérien ne date pas d'aujourd'hui. Depuis quelques mois déjà, depuis le match amical contre le Mali à Alger au mois de juin 2021, les Algériens avaient montré des signes de fébrilité. Cette baisse de niveau avait été confirmée lors de la double confrontation en éliminatoires du Mondial 2022 contre le Burkina Faso ; les camarades de Belaïli ont éprouvé les pires difficultés dans le jeu pour passer le tour des groupes, concédant le nul lors de la rencontre aller disputée sur terrain neutre au Maroc (1-1) et au match retour à Blida (2-2). Au mois de novembre dernier, les prémices d'une baisse de régime étaient donc déjà perceptibles. Le coach Belmadi se devait, du coup, de trouver des solutions tactiques et lancer de nouvelles cartes individuelles pour faire redémarrer la machine et surtout relancer la concurrence dans le groupe qui se reposait beaucoup plus sur des acquis. Une prévisibilité fatale qui a permis à nos adversaires de mieux nous appréhender sur le terrain. Cependant, Belmadi, malgré les critiques de la presse et des consultants des chaînes TV, a préféré faire la sourde oreille et continuer à faire confiance au même onze type pratiquement. Même lors des matches amicaux, il ne tentait plus grand-chose, s'obstinant à aligner des joueurs défaillants, à l'image de Bounedjah, Slimani, Benrahma ou encore Feghouli, blessé la veille de la CAN et incapable de tenir sa place sur le plan physique. Lors de ce premier tour, Belmadi n'a d'ailleurs pas voulu toucher aux cadres de l'équipe. À trois reprises, le résultat a été le même : une grosse déception. S'il reconnaît aujourd'hui sa responsabilité dans l'échec, il n'explique néanmoins pas sa démarche obstinée. "Ce n'est pas à moi de mettre Mahrez sur le banc, je ne vais pas le faire", répond-il par exemple à ceux qui lui demandaient de reléguer sur le banc le capitaine d'équipe, transparent sur le terrain et absent du coup d'envoi du stage à Doha pour officialiser ses noces à Dubai. À l'arrivée, Mahrez, tout comme la majorité des cadres de l'EN, a failli à sa mission au moment où les attentes des Algériens étaient grandes. Il ne faudra pas jeter le bébé avec l'eau du bain Cette obstination coupable de Belmadi doit lui servir de leçon pour la double confrontation décisive du moins de mars prochain pour la qualification au Mondial 2022 au Qatar dont l'adversaire sera connu aujourd'hui lors du tirage au sort des barrages de la zone Afrique. "Vous parlez d'Amoura mais Amoura doit grandir pour atteindre le niveau d'une CAN", répond-il aux partisans d'un changement dans la composante des Verts, oubliant ou feignant d'oublier qu'un joueur prometteur ne peut grandir sans jouer... Les observateurs n'inventent rien, ils font des constats évidents. Amoura ou encore Sayoud auraient pu servir de solutions de rechange devant les ratages de Bounedjah, Benrahma ou encore Slimani. Qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ?! Désormais, au pied du mur, et à quelques encablures d'un objectif primordial pour la FAF, Belmadi n'a plus le droit de faire l'autruche et ménager ses cadres. Il y va de l'intérêt suprême de la sélection algérienne. Un bilan serein mais surtout objectif doit être fait de la participation pitoyable des Verts à cette 33e édition de la CAN. Il ne faudra certainement pas en revanche jeter le bébé avec l'eau du bain comme on dit, car il est impensable que cette sélection qui a dominé le football africain pendant trois ans et suscité l'admiration de la presse mondiale change du jour au lendemain et ne sache plus faire quoi que ce soit. "Il va falloir bien analyser cet échec mais on ne peut pas tout changer", fait remarquer Belmadi à son retour plus tôt que prévu hier à Alger. Le nettoyage doit obligatoirement se faire, mais encore faut-il avoir le courage et la volonté de le faire. La prochaine étape est imminente, elle sera décisive. Il ne faudra pas se rater sous peine d'imploser le château des Verts. Une fois l'adversaire connu, il faudra tracer un plan pour le match amical à l'extérieur et éviter d'aller faire un tour dans le confort du Qatar pour préparer un duel dans les conditions difficiles et pénibles de l'Afrique. Une erreur monumentale commise par Belmadi à la veille de la CAN pour le stage de préparation. Entre-temps, il faudra aussi éviter les passe-droit comme celui accordé à Mahrez à quelques jours du début de la CAN sous prétexte qu'il avait besoin d'un surcroît de repos. Mahrez, capitaine de l'équipe et figure emblématique de la sélection verdâtre, se devait d'être le premier au camp d'entraînement, le pied à l'étrier pour donner le ton... et non pas se donner du bon temps à Dubai, dixit le célèbre tabloïd The Sun.