Après un débat houleux, les boulangers de la wilaya de Tizi Ouzou, qui se sont réunis hier en assemblée générale au siège de l'UGCAA (Union générale des commerçants et des artisans algériens), ont décidé de poursuivre leur mouvement de grève jusqu'à nouvel ordre. Une décision qui intervient après 11 jours de grève et à trois jours de la rentrée des classes dans les établissements scolaires et l'université, où la demande en pain est importante. En effet, si la prolongation des vacances scolaires pour cause de Covid-19 avait soulagé quelque peu ces établissements, ces derniers risquent de subir, dès dimanche, une pénurie de pain qui va paralyser les réfectoires. "Les boulangers sont dégoûtés par le silence et le mutisme de l'Etat qui tarde à répondre aux doléances des boulangers, et ce, après 11 jours de grève", a d'emblée expliqué le coordinateur de l'UGCAA, Samir Djebbar, pour qui les boulangers ont besoin de plus de considération, car ils font face à de nombreuses difficultés. "Face à ce mutisme, ils ont décidé de poursuivre leur grève jusqu'à nouvel ordre et surtout jusqu'à ce qu'on les écoute", a ajouté notre interlocuteur, pour qui on ne peut pas continuer à alimenter Tizi Ouzou en pain à partir des wilayas limitrophes. "On ne peut continuer à ramener du pain de Béjaïa, de Bouira ou de Boumerdès pour une wilaya de plus de 1,2 million d'habitants. Puis, on doit penser à l'hygiène. Il faut se demander de quelle manière ce pain est acheminé, surtout en cette période de Covid-19", s'est demandé M. Djebbar, pour qui il faut des solutions durables aux problèmes des boulangers. Pour le coordinateur de l'UGCAA, la crise du pain va encore être ressentie à partir de dimanche notamment, avec la rentrée des classes. "Le balle est dans le camp des autorités, elles doivent trouver des solutions aux problèmes des boulangers mais, et jusqu'à présent, rien n'a été décidé. Le silence est total", a-t-il rappelé. "On a baissé nos rideaux car on ne peut plus continuer à travailler à perte. Une baguette de pain nous revient à 12 DA et il est impossible de continuer à la vendre à 10 DA", a regretté,Abaouz, rencontré lors de cette assemblée générale. Pour ce boulanger, continuer à travailler à perte est un suicide économique. "Nous allons finir par fermer nos boulangeries si on continue à travailler dans ces conditions. Nous sommes dans l'impasse, et reprendre notre activité c'est signer notre arrêt de mort", a-t-il poursuivi, tout en soulignant que c'est toute l'activité qui est menacé par la cherté de la matière première. "Subventionner la farine n'est pas suffisant pour sauver notre métier. Il faut d'autres mesures", a-t-il conclu. À souligner que pour faire face au manque de pain dans les écoles, certains livreurs commencent déjà à s'organiser. C'est le cas notamment à Bouzeguène, où les livreurs de pain, en accord avec les chefs d'établissement, sont prêts à acheminer du pain à partir de Béjaïa. Dans cette même localité, les citoyens et les commerçants sont contraints, depuis le début de la grève, de rallier les villes de Sidi Aïch, Chemini, Ighzer Amokrane et Chellata à Béjaïa pour faire leurs emplettes en pain. Ce qui est devenu un casse-tête, puisqu'il faut au moins 45 minutes de trajet en voiture pour arriver dans ces localités.