Le débrayage des boulangers a affecté, outre les ménages, l'activité de restauration, mais aussi les cantines scolaires. La grève surprise observée par les boulangers de la wilaya de Béjaïa, depuis avant-hier, a créé une vive tension sur le pain. La grève n'a pas seulement pénalisé les foyers, mais aussi et surtout les restaurateurs et les cantines scolaires de la région. En effet, pris au dépourvu par ce débrayage des boulangers, qui a laissé les étals des commerces vides de baguettes de pain, la majorité des consommateurs n'a pas acheté son pain comme à son habitude. Une vive tension sur le pain est enregistrée à travers les quatre coins de la wilaya. Les rares boulangers qui ont travaillé sont pris d'assaut par des chaînes interminables de consommateurs, afin de s'approvisionner en ce produit, devenu rare. D'autres sont contraints de se rabattre, en fonction de leur pouvoir d'achat, sur la galette proposée par les commerçants du coin entre 45 et 50 DA. Idem chez les restaurateurs. C'est la galette, a-t-on constaté dans de nombreux restaurants, qui a suppléé le pain du boulanger. "Si la grève perdure, nous serions dans l'obligation de fermer, car cela nous revient cher avec la galette", nous ont déclaré plusieurs restaurateurs. Il n'y a pas que les restaurateurs qui sont affectés par cette grève des boulangers. Certaines cantines scolaires aussi. Le pain est essentiel dans les repas distribués aux élèves du primaire, du moyen et du secondaire, notamment les internes. Idem pour les résidences universitaires. Aussi, avec la grève observée depuis lundi à l'université et qui se poursuit, beaucoup d'étudiants sont rentrés chez eux. Qu'en pense la direction du commerce ? "C'est une grève illégale du fait qu'il n'y a pas eu de préavis de grève. En outre, même le service minimum n'a pas été assuré, privant, ainsi, le consommateur et certaines cantines scolaires de s'approvisionner en pain", nous a déclaré le directeur du commerce de la wilaya de Béjaïa. Et d'ajouter : "Les boulangers contrevenants ont été verbalisés et des poursuites judiciaires seront engagées contre eux. Nous sommes prêts à aller jusqu'à des fermetures administratives de deux mois pour ces derniers." De son côté, le coordinateur de l'UGCAA de Béjaïa, Samir Mamasse, a déploré que l'on ait eu recours à une la "grève illégale" pour faire entendre raison aux pouvoirs publics ; il n'en demeure pas moins, poursuit-il, que ses confrères, affiliés à la Confédération nationale des artisans, que leurs revendications sont "légitimes". "Le prix de 15 DA la baguette de pain est révolu. Son prix de revient est, d'après un consensus national, de 12 da, du fait que les charges des boulangers sont multiples. En sus du prix de la farine, il y a ceux des améliorants qu'il faut ajouter", nous déclare M. Mamasse signalera au passage que chaque année une dizaine de boulangeries ferme à travers la wilaya de Béjaïa du fait qu'elles travaillent à perte. "C'est un métier appelé à disparaître si l'Etat ne prend pas en charge le problème. Notre organisation nationale tiendra une réunion, jeudi prochain, pour étudier le problème. Elle sera probablement reçue par le ministre du Commerce", nous signale notre interlocuteur. Intervenant sur les ondes de la radio locale, M. Mebarki, président de la Fédération des boulangers de la wilaya de Béjaïa, a justifié sa grève par "les charges multiples" auxquelles ils font face. "Non seulement la farine n'est pas disponible, mais aussi les prix des améliorants ont connu une hausse en sus du carburant et autres charges additives à la boulangerie. On n'arrive plus à travailler avec un prix de 10 da la baguette de pain. Nous soulevons le problème depuis 2012, mais on ne reçoit aucune réponse des pouvoirs publics", a-t-il soutenu. L. OUBIRA