Le préavis de grève illimitée des boulangers a été mis à exécution, hier, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Un débrayage qui va se poursuivre aujourd'hui, faute d'un compromis avec les autorités de wilaya. En effet, selon un taux de suivi communiqué par la direction du commerce, 90% des boulangers ont baissé rideau. Une action qui a été suivie d'un rassemblement de protestation devant le siège de la wilaya. Les boulangers rencontrés sur place ont, unanimement, exprimé leur désarroi et leur colère. "Nous n'avons plus de marge bénéficiaire", a d'emblée déclaré Samir Bouziane, président de la section des boulangers affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Pour lui, les boulangers travaillent à perte. "Nous sommes déficitaires et nos responsables le savent très bien", a-t-il estimé, expliquant que même si la farine est subventionnée par l'Etat, cela reste insuffisant puisque les autres produits nécessaires à la fabrication du pain sont chers. "Avant on achetait la levure à 3 500 DA et elle coûte actuellement 4 700 DA. C'est pour vous dire que tout a augmenté et qu'on ne peut plus faire face", a expliqué le même représentant, ajoutant que les boulangers ont, par le passé, engagé des discussions avec les services concernés pour trouver des solutions à leurs problèmes mais, à ce jour, rien n'a été décidé. "C'est aux autorités de solutionner nos problèmes car, à ce rythme, notre métier est condamné à disparaître. Nous avons de nombreux boulangers qui ont changé de métiers et d'autres attendent de vendre leur matériel pour le faire car ils travaillent à perte", a indiqué Samir Bouziane. "L'action des boulangers a été largement suivie. Leur objectif n'est pas de pénaliser les consommateurs mais de revendiquer leurs droits", a estimé, pour sa part, le coordinateur local de l'UGCAA, Samir Djebbar, tout en rappelant que les dernières augmentations ont lourdement impacté les boulangers. "Ces boulangers ne peuvent même pas renouveler leurs matériels vétustes pour certains ou à payer leurs charges", a regretté Samir Djebbar, en soulignant que dans certaines wilayas du pays, le pain est vendu à 15 DA sous les yeux des autorités. "On ne veut pas décider d'une augmentation sans l'accord des autorités. Les boulangers ne sont pas des hors-la-loi, ils travaillent légalement et ne veulent pas pénaliser le citoyen", a estimé le coordinateur de l'UGCAA. Pour lui, les boulangers veulent des solutions à leurs doléances : "Ils demandent une solution sans pénaliser les citoyens." S'exprimant, hier, sur les ondes de la radio locale, le chef du service des pratiques commerciales à la direction du commerce de Tizi Ouzou, Mohamed Halit, a expliqué que les revendications des boulangers sont légitimes et que leurs doléances ont été transmises aux autorités centrales. "Il y a même eu une rencontre interministérielle, regroupant 9 ministères. Les résolutions de cette rencontre ont été adressées au Premier ministre et on attend les décisions", a-t-il affirmé, tout en appelant les boulangers à ne pas pénaliser le citoyen. À l'issue d'une réunion tenue, hier, avec le chef de cabinet du wali, les boulangers ont décidé de poursuivre leur grève. "Les responsables de la wilaya veulent qu'on arrête la grève mais sans apporter de garanties", ont regretté les boulangers qui ont décidé, à cet effet, de poursuivre la grève. À noter que si, au premier jour, l'effet de la grève des boulangers n'a pas été vraiment ressenti par les citoyens et les restaurateurs qui avaient, pour la plupart, constitué un stock de secours, les conséquences de ce débrayage risquent de peser dans les prochains jours.