De nombreux diplômés ne peuvent pas, actuellement, ouvrir leur propre pharmacie d'officine, faute d'agrément, libéré au compte-goutte. C'est pourquoi le ministère de la Santé veut apporter quelques modifications à la loi en vigueur régissant ce secteur d'activité. Les pharmaciens d'officine ont décidé d'observer un mouvement de grève le 28 du mois en cours, a-t-on appris dans un communiqué rendu public hier après-midi par le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo). Cette décision a été prise à l'issue de la réunion tenue hier par le bureau national du Snapo, à Alger, en réaction aux déclarations du ministre de la Santé, de la Population et des Réformes hospitalières, Abderrahmane Benbouzid, lors d'une intervention à l'Assemblée populaire nationale. En réponse à une question orale d'un député, le ministre de la Santé a annoncé qu'il sera procédé prochainement à l'amendement d'une loi accordant des licences aux pharmacies ouvertes, notant au passage que la loi n'a pas été amendée depuis l'an 2005. En effet, lors de la séance plénière, M. Benbouzid a précisé que lesdits amendements permettront aux nouveaux diplômés en pharmacie d'obtenir facilement les autorisations pour ouvrir leur propre officine. Une déclaration qui n'a pas été du goût du Syndicat des pharmaciens d'officine qui voit que lesdites déclarations tenues par le Pr Benbouzid sur l'activité pharmaceutique et la profession de pharmacien d'officine vont toucher aux fondements de la profession. Le syndicat mentionne noir sur blanc dans son communiqué que "contrairement aux déclarations faites, le Snapo n'a été associé par le ministre de la Santé à aucun travail sur l'éventuelle révision de la réglementation régissant les officines pharmaceutiques". Il est à noter aussi que le ministre a, lors de son intervention, dénoncé ce qu'il a qualifié d'"opposition et résistance" de certains à maintenir la situation de confusion en l'état contribuant ainsi au désarroi des nouveaux diplômés en pharmacie et a, par ricochet, défendu le droit absolu des diplômés en pharmacie d'ouvrir des officines afin d'exercer leur spécialisation à l'instar d'autres socialités médicales. Le premier responsable du secteur a, par ailleurs, souligné que seule la concurrence doit primer. Pour répondre au ministre, le Snapo dira : "Pour rappel, l'exercice d'une profession de santé ne doit pas être soumis à des considérations de libre concurrence se basant sur des critères commerciaux ou lucratifs qui risquent de mettre en péril la sécurité sanitaire et la subsistance de la profession, qui reste avant tout soumise à des règles éthiques et déontologiques répondant à des exigences de santé publique", lit-on dans le communiqué qui a rappelé que "le conseil national du Snapo, organe suprême du syndicat, précédemment réuni en session extraordinaire, a donné les pleines prérogatives au bureau national en vue d'adopter toute mesure et entamer toute démarche pour protéger la profession". Il est à rappeler que le ministre a le droit de proposer des modifications à un texte, notamment quand il s'agit de lois devenues obsolètes. Le ministre se trouve ainsi contraint de répondre aux attentes des nouveaux diplômés en pharmacie, qui attendent depuis des années de bénéficier d'un agrément pour l'ouverture d'une officine, et les pharmaciens déjà installés.