Alors qu'en termes de développement, la commune d'Aït Bouadou (sud de Tizi Ouzou) compte parmi les moins nanties, en matière de propreté et de préservation de l'environnement, elle compte, assurément, parmi celles qui se distinguent. Rien que l'état de la route menant vers cette localité nichée au pied du majestueux Djurdjura, qui offre à la vue des paysages à couper le souffle, renseigne déjà amplement sur l'intérêt qu'accorde la population à la question de l'environnement. Le constat est, à dire vrai, saisissant. Bien que conçue en pente raide, cette route est cependant bien entretenue. Ni trou ni nid de poules. Sur les accotements, il est quasiment impossible d'apercevoir un sachet noir, une canette vide ou une bouteille comme c'est le cas partout ailleurs dans la wilaya de Tizi Ouzou. "Dans cette commune, l'environnement n'est pas l'affaire de la seule assemblée locale mais surtout des habitants", nous dit, d'emblée, un habitant. Un constat qui se confirme le long de ce chemin communal qui aboutit, six kilomètres plus loin, au chef-lieu de la commune, Aït Djemaâ. Le maire, Bouaziz Slimane, explique : "Pour garder les lieux propres, nous avons spécialisé un ouvrier permanent qui ne s'occupe que de l'entretien de cet axe routier. Le camion communal fait des rondes régulières pour tout ramasser." S'agissant de l'opération de collecte des ordures ménagères, notre même interlocuteur a fait savoir que "bien que la commune ne dispose d'aucune benne-tasseuse, le ramassage des ordures ménagères se fait dans l'ensemble de nos villages, à raison d'une rotation par semaine, grâce aux 6 camions de l'APC mais aussi grâce au contrat passé avec trois promoteurs Ansej". Toutefois, l'APC a du mal à honorer ces contrats, car ne disposant pas de financements suffisants, a-t-il regretté. "Nos camions collectent, à eux seuls, 3 648 tonnes de déchets annuellement", précise-t-il, préconisant la création, par les jeunes, de petites entreprises de recyclage et de transformation pour diminuer cette quantité et, par ricochet, créer de l'emploi et de la richesse. Mais au-delà de ces efforts de l'APC, le gros des efforts déployés en faveur de l'environnement est sans doute l'œuvre des villageois dont ceux de Tamkadbout, Aït Amar et Takharadjit qui ont déjà brillé lors du concours Aïssat-Rabah du village le plus propre, en remportant des places sur le podium. En effet, lors de l'édition 2020, le village d'Aït Amar a occupé la deuxième place du classement après avoir occupé en 2019 la 5e place du même concours et celui de Takharadjit la 4e place. Tamkadbout a, en 2019, gagné la 10e place. Au village Aït Amar, les lieux sont propres, le comité du village y veille. Mais le compostage initié ne se poursuit pas. Le centre de loisirs (aire de jeux avec foyer de jeunes) en réalisation par les villageois n'est pas encore finalisé. "Nos habitants sont toujours mobilisés pour faire de notre village un havre de paix et de vivre-ensemble dans un cadre propre et saint. Lors du concours de 2020, le village entier était mobilisé. Les fresques, les décors, les opérations de nettoyage ont été assurées par les villageois. Nous avons également été aidés par l'APC. Le montant de 3 millions de dinars du 5e prix de 2019, a été utilisé", a fait savoir Jugurtha un habitant. Il faut hélas rappeler que les villages de la commune d'Aït Bouadou ne disposent d'aucun bassin de décantation et encore moins d'une station d'épuration. Du coup, les oueds et les champs accueillant les eaux usées risquent d'être pollués si rien n'est fait rapidement.