Les jeunes exclus du système scolaire ne sont guère incités à choisir les métiers du bâtiment telle la maçonnerie, considérée depuis toujours comme une profession pénible et, dans beaucoup d'esprits, assez dévalorisante. Pourtant, les professionnels dans cette filière, qui ont acquis de l'expérience au cours des années, gagnent beaucoup d'argent (entre 1200 et 1500 DA par jour) “plus qu'un directeur, en tout cas”, devait déclarer lundi dernier le directeur du CFPA du Pont blanc, qui a ajouté que ce sont les parents qui choisissent le plus souvent le métier de leurs enfants à la veille de leur admission dans les instituts ou centres de formation, insistant la plupart du temps pour des métiers qui ne demandent pas beaucoup d'efforts personnels comme l'informatique, qui tient la palme dans le choix parental et qui, en fin de compte, offre rarement des débouchés, le secteur étant depuis longtemps saturé. “Nous n'avons guère d'opportunités pour orienter les choix vers la maçonnerie ou les métiers du bâtiment, qui est pourtant un secteur en friche. Nous manquons cruellement de maçons, de manœuvres, de soudeurs qualifiés, de ferrailleurs, d'étanchéistes. Cela fait mal au cœur de voir les ouvriers chinois travailler de 6 heures du matin à 19 heures, tandis que nos jeunes sont dans les cafés. La relève n'est pas assurée et le plus grande partie de la main-d'œuvre de ce secteur stratégique exerçant actuellement approche ou même dépasse l'âge de la retraite.” Certes, des actions tendant à inciter les jeunes à opter pour les travaux du bâtiment, comme la convention Cfpa et les divers secteurs du bâtiment (Opgi- Dlep- urbanisme, entreprises) qui a pour finalité de garder les apprentis sur les chantiers de leur formation pratique avec à la clé un contrat de travail, est un atout majeur pour les jeunes hantés par le spectre du chômage. Mais il ne semble pas toujours suffisamment séduisant pour orienter un choix définitif. Certains optent pour la formation dans ce secteur “en attendant de trouver autre chose” comme ce fut la réponse qui nous a été donnée par de nombreux jeunes interrogés, comme Hocine, 20 ans, qui vient de finir une formation d'électricien bâtiment au Cfpa de Oued Kouba et qui veut l'exercer quelque temps “pour ne pas rester chômeur et gagner un peu d'argent, en attendant d'obtenir le visa ou alors d'obtenir un carnet de chauffeur de taxi”. Par ailleurs, la formation au métier de maçon semble, au départ, dans les centres de formation, ne pas jouir d'un statut de poids, un peu comme un “cousin pauvre”. Pour preuve, la révélation qui nous a été faite : “Nous n'avons pas de professeurs spécialisés en maçonnerie.” Cette vérité affirmée par le directeur du Cfpa du Pont Blanc et qui concerne le pays tout entier se place en porte-à-faux avec les exigences de perfection dans la réalisation du planning relatif à l'habitat et qui est, pour Annaba, rappelons-le, de 10 000 unités, tous programmes confondus. De plus, les conditions statuaires n'existent pas pour cette spécialité, et les cours de formation au métier de maçon sont dispensés par des TS ayant dix ans d'expérience dans la maçonnerie et recrutés sur titre, mais là aussi, les candidatures sont assez rares. Ces derniers préfèrent de loin, exercer leur métier sur les chantiers. La parade trouvée est, pour les formateurs, “de lancer les jeunes sur les chantiers” pour apprendre le métier progressivement sur le tas, mais cette lente formation, qui concerne déjà un nombre assez réduit d'apprentis, est loin de régler le problème auquel sont confrontées les entreprises chargées de la réalisation des programmes en cours, et dont on attend aussi bien des ouvrages impeccablement finis que le respect des délais impartis. Hafiza M.