Le juge a invoqué, pour justifier sa décision d'ajourner le procès, les plaidoiries qui se poursuivaient le même jour dans l'affaire de l'ancien wali de Mostaganem, Abdelwahid Temmar. Le calvaire que subit Khalida Toumi depuis près de deux ans et demi n'est visiblement pas près de s'arrêter. Pour la quatrième fois depuis sa programmation pour le 3 février, avant de connaître une succession d'ajournements, le procès de l'ancienne ministre de la Culture n'a pas eu lieu, jeudi dernier, au tribunal de Sidi M'hamed (Alger), au grand dam de ses amis et proches venus nombreux la voir et lui témoigner leur soutien. Le juge du pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M'hamed a, en effet, décidé de le reporter au jeudi 24 mars, arguant la nécessité de terminer les plaidoiries dans le procès de l'ancien wali de Mostaganem, Abdelwahid Temmar, ouvert jeudi 10 mars. C'est vers 9h45 que la militante des droits des femmes a fait son entrée dans la salle d'audience, saluant, au passage, l'assistance. La salle est assez pleine. Comme de coutume, la moudjahida Zohra Drif-Bitat et la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, étaient là. Une fois la séance ouverte, le juge fait l'appel des accusés et des témoins avant de convoquer les avocats pour leur signifier sa décision de reporter le procès pour la raison citée précédemment. Puis la parole a été donnée à Me Boudjemaâ Guechir, avocat de l'ancienne ministre, qui a rappelé que sa cliente est poursuivie pour "des manifestations à caractère politique visant à redorer l'image du pays dans le monde arabe et musulman". Pour lui, "cette affaire ne doit pas être traitée par la justice" et, a-t-il soutenu, l'on ne peut pas mesurer si ces manifestations ont atteint leur objectif ou non. En outre, il a estimé que la détention provisoire de vingt-neuf mois de Mme Toumi a été trop longue et va à l'encontre de la loi qui l'a limitée à huit mois seulement. Une longue détention provisoire de sa mandante que l'avocat avait déjà dénoncée dans la presse, en la qualifiant d'"injustifiée" et de "contraire" aux dispositions de la Constitution et aux conventions internationales ratifiées par l'Algérie. Aussi, Me Guechir a réclamé sa libération, surtout, a-t-il argué, qu'elle présente toutes les garanties. Un autre avocat a soutenu cette demande. À la suite du procureur qui s'y est opposé, le juge a décidé de maintenir en prison l'ancienne ministre, au grand dam de ses amis et proches. En détention depuis le 4 novembre 2019 à la prison de Koléa (Tipasa) dans un contexte politique très sensible, Khalida Toumi est poursuivie pour plusieurs chefs d'inculpation, à savoir "abus de fonctions", "dilapidation de deniers publics" et "octroi d'indus avantages". On lui reproche d'avoir mal géré des manifestations culturelles comme "Tlemcen, capitale de la culture islamique", abritée par la capitale des Zianides en 2011. Un événement qui avait fait couler beaucoup d'encre, surtout qu'il avait englouti des sommes colossales estimées à 125 milliards de dinars. Ce n'est que deux ans après l'emprisonnement de Mme Toumi que l'instruction de son dossier a été bouclée, avant que le procès soit fixé au 3 février dernier, mais qui, à ce jour, ne s'est pas encore tenu.