Pour le syndicat d'enseignants, le décret exécutif relatif aux mutations permet à l'administration d'“évacuer les débats” qui secouent le secteur. Le nouveau décret exécutif n°394-05 du 12 octobre dernier, relatif aux mutations et aux nominations des personnels de l'éducation et modifiant des dispositions du décret 90-49 de février 1990 portant statut particulier des travailleurs de l'éducation dans ses articles 21, 69, 74 et 82, est contesté par le Conseil des lycées d'Alger (CLA). Dans une déclaration parvenue hier à la rédaction, le CLA parle de “triomphe du juridisme, de l'autoritarisme qui prennent le pas sur la consultation sociale”, reprochant au gouvernement sa “logique étroite” et cette “précipitation”, alors qu'on s'achemine vers de nouveaux statuts particuliers et un nouveau statut de la Fonction publique. “S'agit-il d'une opération d'épuration entre les clans inféodés aux chapelles idéologiques, alors que les travailleurs de l'éducation, les sans-grade, aspirent à la dignité, à un salaire décent et à de bonnes conditions de travail ?” telle est l'interrogation principale du syndicat. Une interrogation qui interpelle aussi la tutelle et qui considère que les aménagements apportés contribuent à “désavouer” le premier responsable du ministère. Pour le Conseil des lycées d'Alger, la modification de l'article 21“qui rend légal le surplus instrumentalise la mobilité des enseignants” : elle permet à l'administration d'évacuer “le débat sur la gestion transparente” de la carte scolaire, dissimule “la baisse de recrutement”, fait éclater la notion de “postes de travail” et révèle “les objectifs idéologiques de réduction des dépenses publiques”, mais sans prendre en compte “les besoins réels de l'école ni la qualité de l'enseignement”. Le CLA s'inquiète en outre de l'introduction de l'article 21 bis, qui autorise la tutelle à ouvrir “les portes à l'arbitraire”, en procédant à des mutations d'enseignants en pleine année scolaire, “en dehors du tableau du mouvement du personnel”. Et donc au “changement d'affectation en déplacement d'office”. Pour ce qui est des autres articles (69, 74 et 82), portant précisément sur la nomination et les conditions de recrutement des chefs d'établissement, le syndicat estime qu'ils ne peuvent être normalement définis qu'après identification, par la tutelle, des “besoins précis en termes d'encadrement, (du) respect du profil et de la carrière, (de) la prise en compte de la promotion interne et (de) l'équité entre les fonctionnaires”. Le Conseil des lycées d'Alger prévient alors qu'il ne baissera pas les bras et que “toute visée de dévalorisation de notre métier fera face à notre mobilisation”. Hier, Redouane Osmane, secrétaire général de ce syndicat, a qualifié le nouveau décret de “grave” qui, selon lui, aura pour conséquences de “déstabiliser les enseignants et les élèves” et de “bloquer le dialogue social”. “Les enseignants n'ont pas à payer le prix de la mauvaise gestion de la carte scolaire ni les objectifs de réduction du budget public”, a-t-il conclu. H. Ameyar