On considère qu'on ne peut pas augmenter d'un sou le salaire d'un enseignant algérien, mais quand il s'agit d'enseignants étrangers, à qualification et à compétence égales de surcroît, les pouvoirs publics ne trouvent aucun mal à cela, bien au contraire, ils vont jusqu'à proposer des salaires oscillant entre vingt et trente millions de centimes par mois. Une fortune quoi ! », a estimé M. Mechab, coordinateur national adjoint du CNES, après la publication dans le Journal officiel du décret exécutif portant, entre autres, sur la fourchette de salaire très avantageuse proposée aux enseignants étrangers. Paraphé par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, ce décret exécutif, fixant les conditions de recrutement des personnels étrangers dans les services de l'Etat, des collectivités locales, des établissements, organismes et entreprises publics, met en évidence « l'énorme disparité salariale qui se met en place entre enseignants algériens et étrangers et à laquelle contribue largement ce nouveau texte de loi », considère-t-on au sein de la communauté universitaire. Il s'agit en fait du décret exécutif n° 04-315 du 2 octobre 2004 modifiant et complétant le précédent texte de loi qui remonte à 1986, établissant les conditions nécessaires aux personnels étrangers recrutés pour « exercer les fonctions de professeur et de maître de conférences au sein des établissements d'enseignement et de formation supérieurs et qui devront percevoir le salaire de base de leurs homologues algériens ». « Le salaire de base déterminé ci-dessous est affecté d'un coefficient compris entre 8 et 11 », est-il toutefois mentionné dans l'article 8 bis. Une disposition qui permet aisément d'imaginer le salaire qu'empochera un enseignant étranger si l'on se réfère au salaire de base de son homologue algérien qui, lui, gravite autour des 20 000 DA/mois, selon M. Mechab pour qui « cette nouvelle forme de discrimination salariale est inadmissible ». D'après lui, cette « anomalie » en matière de rémunération, ainsi que les questions relatives au statut de l'enseignant universitaire, au logement, au salaire et surtout à la démocratisation de la gestion dans le secteur de l'enseignement supérieur feront l'objet d'une réunion du bureau national du CNES les 20 et 21 du mois en cours. Une réunion qui servira également à la constitution d'une plate-forme de revendications définitive, prélude à un large mouvement de protestation. Par ailleurs, une réunion de travail avec le ministre aura lieu le lendemain, c'est-à-dire le 22 novembre, a tenu à préciser M. Mechab.