L'exposition “Transparences vénitiennes et mémoires classiques” a constitué le coup d'envoi de la deuxième saison culturelle italienne, dimanche, au Musée national des beaux-arts. L'inauguration de l'exposition s'est faite en présence de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, de Son Excellence M. Giovan Battista Verderame, ambassadeur d'Italie, ainsi que de Mmes Marisa Zaccagnini, directrice de la Galerie nationale d'art antique (palais Barbérini), et Dalila Mahammed-Orfali, directrice du Musée national des beaux-arts d'Alger. Le clou de l'exposition concerne l'une des plus prestigieuses collections de la Galerie nationale d'art antique de Rome, exposée au palais Barbérini : les verres de Murano et des coffrets en bois, datant de la Renaissance. Murano est une petite ville, voisine de Venise, construite sur une île sur la lagune ; ses verreries d'art sont célèbres dans le monde entier. En devenant dépositaire, le temps d'une exposition, de collections aussi rares, le Musée national des beaux-arts entre de plain-pied dans sa vocation véritable : atteindre une place universelle. La sélection des verres exposés est constituée d'œuvres de Murano, datant de la seconde moitié du XIXe siècle, auxquelles ont été ajoutés quelques exemplaires anciens ; cruches, coupes, calices, reliquaires, amphores, vases, carafes constituent l'essentiel des œuvres exposées. Certaines datent du XVIe siècle, telle cette burette avec bec, en verre transparent, orné de bleu, d'autres du XVIIIe siècle comme ce grand calice en cristal de Murano et verre aigue-marine. L'art des maîtres verriers de l'époque relevait de la magie ! Voilà un calice, constitué d'une superposition d'étages, de formes creuses différentes, d'où jaillissent des fleurs en forme de marguerites bleues, avant de se terminer par le calice proprement dit, récipient digne de recevoir le vin de messe, symbole du sang du Christ. L'œuvre d'art fut longuement observée par un groupe d'étudiants dont l'un d'eux, étudiant en médecine et peintre sur verre à ses heures, Y. K. Hamid, nous dira : “J'aimerais peindre de telles dentelles sur du verre, encore faut-il avoir le modèle !” Les reliquaires, les vases, les carafes, les burettes constituent également la vaisselle d'apparat qui préside à l'organisation de la messe. Et comment ne pas rivaliser d'adresse, de délicatesse et de recherche en technologies nouvelles, lorsqu'il s'agit d'objets de culte ? Le verre se décline sous toutes ses formes : fumé, rubis, cristal, opalescent, en pâte, en cristal, en feuille d'or, irisé, veiné, il constitue la matière originelle travaillée, soufflée, pétrie, colorée, peinte, par les plus grands artisans de Murano. Quant aux coffrets en bois, ils constituent une collection rare de l'Ecole italienne et datent du XVe et XVIe siècles. Mélange d'urne funéraire et de sarcophage romain, ils sont décorés délicatement de bas-reliefs en pâte de riz, sur le couvercle, ainsi que sur les quatre côtés. Les thèmes sont ceux de la mythologie gréco-romaine : “L'enlèvement d'Europe par Zeus”, “Apollon et Daphné”, “Attilius Regulus : le supplice du tonneau cloué” sont les quelques bas-reliefs réalisés avec art et minutie, et dont les motifs en relief miniaturisés laissent perplexe, lorsque l'on sait qu'ils ont été réalisés en pâte de riz, il y a cinq cents ans… Nora Sari