Incendiée deux fois par l'occupant français durant la guerre de Libération nationale et traumatisée par les évènements sanglants qu'a vécus le pays durant la dernière décennie, la commune de Boumia, d'une superficie globale de 153, 27 km2 et d'une population de 755 âmes, est en train de revenir à la vie. Certes, cette commune, issue du découpage administratif de 1984 et relevant de la daïra d'El-Madher, a réussi à sortir la tête de l'eau. Néanmoins, elle continue de subir certaines privations, bien qu'elle ait tous les atouts pour se développer, sortir de cette situation d'indigence dans laquelle elle se débat, assurer la nourriture à sa population et participer à l'économie de la wilaya, voire même du pays eu égard à ses terres agricoles très fertiles qui sont estimées, selon le P/APC, à 15 600 hectares. Bien qu'il soit enregistré, ces dernières années, un certain intérêt pour la culture des céréales, cette région continue à réserver aux agriculteurs et aux dirigeants du secteur agricole plus d'une déconvenue qui déjoue les prévisions. Pour l'ensemble de la commune, le rendement moyen des céréales à l'hectare est encore insuffisant, bien que Boumia est capable de produire en matière des céréales (l'orge, le blé et l'avoine) de quoi assurer la nourriture à toute sa population, ceci d'après les fellahs consultés à ce sujet. DES METHODES DE CULTURES ARCHAIQUES Les raisons de cet échec, nos interlocuteurs les expliquent par le manque de matériel agricole, les aléas climatiques, l'absence d'irrigation, les problèmes d'héritage, la propriété foncière et le problème sécuritaire. Sincèrement, il faut le dire, les raisons de l'échec ne se limitent pas à celles qui nous ont été citées. Il est à signaler encore le règne des propriétaires qui ne résident pas sur leurs terres, le manque de travail, l'aménagement du sol et les dangers séculaires qui persistent. Là où nous sommes passés, les techniques y sont immuables. Les fellahs continuent à cultiver comme il y a des siècles. Un “coover croop” que l'on passe superficiellement, un point c'est tout, tant les procédés sont archaïques. Le suivi technique du labourage n'est pas du tout respecté. Rarement il est appliqué ! Les fellahs l'expliquent par la cherté de l'opération, mais la clé est à chercher ailleurs. La routine paysanne et l'attachement aveugle aux traditions risquent de faire avorter tous les efforts malgré les moyens matériels et financiers mis en œuvre. Les techniciens conseillers des services agricoles de la wilaya devraient se manifester sur le terrain pour remédier au problème avant qu'il ne soit trop tard et expliquer aux fellahs l'utilité et l'importance du suivi technique dans l'amélioration du rendement de la céréaliculture. Pareillement, lors de notre ronde, dans les mechtas, nous avons pu remarquer l'absence de cultures industrielles. Elles ne sont pas encore pratiquées, bien que le sol s'y prête et les points d'eau, pour l'irrigation, sont nombreux. On compte plus 172 puits individuels, 6 forages et 9 sources. Un technicien de l'agriculture rencontré au chef-lieu de la commune nous l'explique, comme toujours, par le manque de moyens matériels et l'ignorance des fellahs en matière d'agriculture. UNE RECOLTE PROMETTEUSE DE L‘OLIVIER Néanmoins, un point de satisfaction à Boumia est enregistré au niveau des cultures fruitières qui se sont beaucoup développées ou répandues ces dernières années sur tout le territoire de la commune et spécialement à Selmounia, aux Chotts et à Bir-Chergui. L'olivier prospère et la récolte est prometteuse dans trois ou quatre ans. Les plantations d'oliviers occupent de grandes surfaces. A Selmounia, un périmètre de 210 hectares est déjà entièrement planté d'oliviers depuis deux ou trois ans. Le spectacle merveilleux de toutes ces belles bêtes paissant tranquillement, les pis pleins de lait. La commune dispose d'un cheptel assez important qui va en s'améliorant par rapport aux communes limitrophes. Actuellement, les services de la commune recensent 7 000 têtes de moutons, 750 de bovins et entre 750 et 800 caprins. Avec beaucoup d'intérêt et d'entretien, ce cheptel pourrait voir ses chiffres décupler. La nature et la main-d'œuvre existent ; il ne reste que la dotation en moyens matériels et un certain savoir-faire. Devant cette mutation qui est en train de s'opérer, la commune de Boumia n'a d'autre solution que de fixer ou stabiliser les populations de ses mechtas sur leurs terres pour empêcher l'exode rural. La commune de Boumia ressent un grand besoin en matière d'habitat, si l'on se réfère aux demandes de logements et à la réalité qui prévaut. La majorité des habitations sont de véritables masures dans un état de délabrement très avancé. Il faut vraiment avoir un amour pour la terre pour pouvoir les habiter. Ces gourbis rudimentaires où le vent et le froid pénètrent sont souvent la cause de l'exode rural de la population vers les villes. Les responsables de la wilaya et les élus de la commune devraient être plus compréhensifs envers ces familles défavorisées pour les aider, soit à réhabiliter leurs maisons de fortune et qui sont dans un état de vétusté et de dégradation indescriptible, soit à construire de nouvelles maisons dignes d'un être humain. Depuis qu'elle est élevée au rang de commune, Boumia n'a bénéficié que de 68 logements sociaux : 48 durant la période 1990/2000 et 20 autres en 2000/2005. Elle n'a également bénéficié que de 12 logements évolutifs durant la période 1990/2000. Pour ce qui est de l'habitat rural, il leur a été attribué 117 aides ou réalisations nouvelles représentant un taux de 59 % des logements attribués. Ainsi, beaucoup d'efforts restent à faire dans ce domaine. Par la même occasion, on nous a informés qu'une commission de la wilaya de Batna, composée des membres de la Such et de la DSA, était en tournée d'inspection sur les lieux pour l'étude des dossiers des demandeurs de l'habitat rural. Enfin, il est à signaler aussi la demande pressante en matière d'ouverture des pistes et d'électrification rurale. La commune, selon son P/APC, continue d' enregistrer certains retards au niveau des mechtas de Ouled Boudjemaa, d'Ilaghmène, d'Ouled Oualha, de Tagkouiste. La population et l'Etat sont tenus de conjuguer leurs efforts pour faire de cet petit poucet un géant. B. Belkacem