Ils sont environ 700 chômeurs promoteurs de 35 à 50 ans à ronger leur frein en attendant que la direction des impôts de Annaba leur délivre enfin l'attestation d'exonération de la TVA, en application de l'ordonnance prévue dans la loi de finances 2004. Un document qui leur permettra de donner le coup d'envoi à la création de leur microentreprise après un long parcours du combattant au cours duquel ils ont eu à défendre leur projet devant la Cnac et la banque pour figurer parmi les 60% des demandeurs. La direction des impôts, pointilleuse, attend la publication du décret d'application de cette ordonnance qui tarde à venir, bloquant la majorité des projets depuis juillet 2004, au grand mécontentement des bénéficiaires des crédits qui doivent faire face, en attendant, au paiement des loyers, parfois aux premiers remboursements des échéances bancaires, et des prêts personnels avant même d'avoir mis sur pied leur entreprise. La grogne monte chez ces chômeurs qui ne comprennent pas ce retard. “Lorsque l'Etat décide une augmentation quelconque, comme les tarifs d'électricité ou de l'eau, par exemple, l'application est faite immédiatement, mais quand il s'agit de l'intérêt du citoyen, il faut attendre longtemps avant qu'un décret ou une loi d'application voie le jour”, devait déclarer un chômeur promoteur. Certains vont jusqu'à regretter de s'être lancés dans cette aventure, et voudraient revenir en arrière. “Je me suis endetté jusqu'au cou pour réunir le montant de l'apport personnel qui est exigé ; j'avais établi un calendrier de remboursement, mais je ne puis tenir mes engagements, mon projet n'a pas encore vu le jour à cause d'une attestation. De plus, les factures pro forma pour l'achat de mon équipement ont été révisées à la hausse depuis l'an dernier, et je dois assurer le paiement de la différence”, a assuré un chômeur qui veut ouvrir une menuiserie. Pourtant, deux directions dans l'est du pays, celles d'El Tarf et Tébessa, n'ont pas attendu la publication de ce fameux décret pour délivrer ces attestions, pressées de mettre en route ce dispositif prévu pour résorber le chômage et poser les jalons de la microentreprise dans la région. Restent les wilayas de Annaba, pourtant particulièrement touchée par les compressions et la disparition de centaines d'entreprises par le passé, Souk-Ahras, Skikda et Guelma qui attendent toujours. Pour faire bouger les choses, les chômeurs de Annaba ont créé, depuis deux mois, une association qui butte pourtant sur l'inflexibilité de la direction des impôts décidée “à appliquer la réglementation à la lettre”, selon les personnes interrogées. Cette association va pouvoir, à l'avenir, gérer les intérêts des chômeurs promoteurs dans le domaine des recrutements, d'acquisitions de parts de marché pour ceux versés dans l'industrie, etc. “Ce sera un espace de concertation où ces nouveaux promoteurs pourront se rendre différents services, discuter entre eux, faire passer les informations utiles et défendre leurs droits”, affirme M. Tadjine, directeur de la Cnac. Pour ce responsable, qui se dit “optimiste” quant à l'avenir de la microentreprise, “les choses vont doucement, mais sûrement. Nous nous attachons à faire un travail qualitatif, nous sommes intransigeants en amont déjà de la demande présentée par le chômeur. Nous exigeons du sérieux dans la démarche, être sûrs, à l'issue des entretiens que nous avons avec les demandeurs de crédits, que le projet tient la route et que la personne est bien motivée pour mener à terme son projet, mais aussi qu'elle soit qualifiée pour sa réalisation”. Depuis juillet 2004, 1 224 chômeurs ont été déclarés éligibles par la Caisse d'assurance chômage, mais les banques, échaudées par l'expérience de l'Ansej (trop de crédits non remboursés) sont encore réticentes, et le financement des dossiers présentés par la Cnac n'est accepté qu'à hauteur de 60%. Les banques “attendent de voir” pour accorder plus facilement leurs crédits. Hafiza M.