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Clichés d'antan, nostalgie visuelle
Photographies d'Alger entre 1867 et 1910
Publié dans Liberté le 30 - 11 - 2005

Ce sont sept artistes photographes, qui ne pensaient sans doute pas entrer un jour au musée de l'histoire de la photographie Frateli-Alinari, à Florence, en prenant quelques clichés d'Alger de l'époque coloniale.
Panorama d'Alger fixé de l'Amirauté, instantanés de rues et de ruelles de La Casbah, flashs sur des marchés, des oasis et des vestiges romains ; arrêt sur image immortalisant un homme, une femme, un enfant, une silhouette… visée sur l'entrée d'un cimetière, et cartes postales d'édifices publics ou religieux, tel est l'itinéraire auquel nous convient sept artistes photographes, qui ne pensaient sans doute pas, entre 1867 et 1910, entrer, un jour, au musée de l'histoire de la photographie Frateli-Alinari, à Florence.
Français-indigènes : deux mondes distincts
La première photographie signée E. M. Acworth est prise en 1910 ; la légende indique : Boulevard de la République. Voilà une autre photographie, signée E. M. Acworth et prise en 1910, la légende indique : Fontaine à Alger. La première trace une perspective au cordeau : immeubles haussmaniens rectilignes à gauche, luxueux, modernes, ourlés d'arcs qui se perdent à l'infini, à droite, le trottoir, que borde la balustrade qui fait face à la mer ; deux calèches tirées par deux chevaux font claquer les sabots sur le pavé et tinter les clochettes de cuivre accrochées aux harnais. Le cocher est debout et tient les rênes. Le tramway vient de passer en glissant sur les rails (le “trécété” des Algérois d'antan) et sa cloche marque l'arrêt en sonnant trois fois. Deux hommes, en complet veston et chapeau s'apprêtent à entrer dans la taverne Buber et compagnie, encadrée de voilages en bâche portant l'enseigne en grosses lettres. En face, sur le trottoir, un groupe d'hommes et de femmes bavardent, se promènent, prennent l'air, regardent le large. Les femmes sont vêtues de jupes amples et longues, la taille marquée par une large ceinture, un chemisier blanc et un bibi joliment incliné sur la tête. Tous les hommes sont vêtus de complets vestons, et portent chapeau melon ou canotier. Des colonnes en bronze sont alignées le long de la balustrade, certaines surmontées d'un lampadaire. Un monsieur, offusqué par les rires moqueurs des dames, préfère observer la mer, un pied sur le socle et un bras sur la tablette d'appui. L'éclatante lumière de cette journée ensoleillée de printemps se laisse deviner ; la blancheur éclabousse au loin les immeubles qui entourent la place du Gouvernement. La rectitude des arcades qui ourlent les immeubles à gauche est ponctuée au centre de chaque arc par une suspension électrique, constituée de globes en verre pendant au bout d'une très longue corde.
La seconde, qui a pour titre “fontaine”, campe, autour de cette fontaine donc, huit personnages, sales, hirsutes, pieds nus et en haillons, abaya courtes, laissant apparaître des jambes nues, chèches sur la tête ; l'un d'eux — mendiant ? SDF ? Malade ? — est couché à même le sol, un adolescent en pantalon bouffant réchauffe de son dos et de sa jambe le marbre de la fontaine, un porteur (hammal) est reconnaissable au sac de jute qu'il porte, comme un capuchon, sur sa tête. Des détritus jonchent le sol... Le café maure est fermé et une vitre de la porte est cassée. Pauvreté, misère, désœuvrement, ennui, chômage. Merci M. Acworth pour avoir dévoilé le Rouge et le Noir, le colonisateur et le colonisé, le Français et l'indigène, le premier et le deuxième collège !
Les édifices publics
Autre panorama, des plus captivants : la place du Gouvernement flanquée en son centre de la statue équestre du duc d'Orléans. La photo date de 1890 et est signée E. Michel. Une foule nombreuse mais non cosmopolite traverse l'immense carré de part en part. Seul l'aspect vestimentaire permet d'identifier les deux entités : arabe, française, burnous et voiles blancs pour les uns, costumes d'époque pour les autres. Les hommes sont costumés et chapeautés ; les femmes sont chapeautées et gantées ; une jeune femme, accompagnée d'une fillette, prend sa longue robe à deux mains pour la soulever légèrement, et ainsi, accélérer le pas. Certaines personnes ont une cane : grand âge ou mode de l'époque ? Djamaâ Djedid étale sa blanche façade à l'arrière.
Les trois principales mosquées, Djamaâ Djedid, Djamaâ El Kebir, et Ketchawa, ainsi que la basilique Notre-Dame d'Afrique, sont représentées à travers des photos anonymes (1890, 1890 et 1900). L'intérieur de Djamaâ El Kebir avec ses arcs lobés, dévoile des colonnades recouvertes à mi-hauteur de nattes tissées en raphia ; ces mêmes nattes recouvraient les murs des maisons mauresques d'Alger et de la Mitidja, (anonyme-1890).
Pirm Zeller fixe dans la pellicule, en 1900, un fugace instant d'éternité : la fontaine du cloître de Djamaâ El Kebir ; une grande vasque circulaire devant laquelle un homme, debout, fait ses ablutions. Il porte un gilet noir d'où sort une “chemise” blanche, un pantalon bouffant, court, aux mollets, et un chèche. Il est seul. Un arbre à côté ombrage le lieu éclaboussé du soleil brûlant en cette heure de dhor ou de assar ; L'architecture est turque, et la fontaine est encadrée de piliers surmontés d'une koubba, Gestes rituels, accomplis depuis quinze siècles, par des millions de croyants, que sont ceux de la purification, avant l'accomplissement de la prière.
Acworth, Zeller et Michel ont immortalisé les ruelles de La Casbah avec l'entrée des cimetières ou celle des cafés maures. Un “bazar” tranche soudain ; l'enseigne indique Abraham Moraly. Articles de Perse et du Maroc. La photo — anonyme — date de 1900. Cuivres anciens, tapis rares, instruments africains de musique, et… fourrures d'animaux (guépards, lynx, panthères) constituent l'essentiel de l'assortiment accroché à la devanture. Deux représentations de vestiges romains (1875-1910) sont hélas anonymes, le palais Prétorio de Lambèse et des ruines près de Tlemcen ; seul l'arc de Trajan est l'œuvre de A. Bougault.
Regards sur le sahara
Frechon Michel et Acworth se sont donc rendus à Biskra et quelques-uns de leur clichés racontent une histoire : voici huit personnages masculins, vêtus de burnous, groupés face à une dame : longue jupe foncée, taille fine serrée, chemisier, chapeau, gants et voile transparent recourant le visage et le chapeau et enroulé autour du cou ; ces dames de l'époque craignaient que le vent, le soleil ou la chaleur n'altère leur peau et leur joli teint, et se couvraient le visage d'une mousseline dès qu'il fallait sortir. Cette dame donc tenait un porte-monnaie, une bourse, quelque chose, d'une main, et en tirait de l'argent, quelque chose, de l'autre, faisait-elle l'aumône ? Payait-elle des khemmas ? Tous les scénarios sont possibles.
Le thème du Sud regoupe les oasis, où les femmes et les fillettes ne sont plus voilées, mais nu-pieds, hirsutes, sales ; les enfants sont gais et barbotent dans l'eau au pied des palmiers. Des fauconniers, armés de fusils, sont montés sur des chevaux ; une très jolie jeune femme, à la fontaine, pieds nus, est la seule à porter des bijoux, immenses anneaux aux oreilles, et un bijou, piqué dans le voile de ses cheveux et qui pend sur le côté. Derrière la fontaine, une passante, française, longue jupe noire et chemisier blanc, accélère le pas... Lehnert et Landrock sont allés à El Oued, en 1910. La mer de sable n'a pas changé depuis.
Ni les dromadaires, ni les traces de pas sur les dunes. Même le bédouin, tenant un bâton à deux mains, derrière la nuque est sans doute identique à son descendant d'aujourd'hui.
Emile Fechon, entre 1895 et 1900, a fixé des hommes en prière. Seul, en groupe, le musulman a dû intriguer l'ethnologue, par la pratique de son culte, car même le muezzin a fait l'objet d'un gros plan. Frechon s'est spécialisé dans les personnages et s'est rendu en Kabylie en 1895. “Homme kabyle”, “femmes algériennes”, “enfant”, et surtout “le marché”, ont attiré sa curiosité ; et curieusement, les légumes sont exposés dans des paniers ! D'immenses paniers en raphia, à deux anses, déposés au sol, côte-à-côte.
L'ère des casiers en plastique a balayé tout cela, sauf que l'ère du raphia était hygiénique, saine, bio et belle... Notre promenade à travers l'Algérie de nos ancêtres a été si prenante, si fascinante, si fantastique et surtout si pleine de découvertes et d'enseignements ! Et cette promenade, nous a été gracieusement offerte par le musée Frateli-Alinari de Florence, et l'Institut culturel italien. Merci.
NORA SARI


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