Photos Alger, El-Oued, Tlemcen, Touggourt, Biskra, autant de régions revisitées à travers des images d?archives. L?histoire de l?Algérie est au c?ur de l?exposition de photographes qui se tient depuis jeudi dernier au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, placée sous le haut patronage du ministère de la Culture et de la Communication et à l?initiative de l?ambassade d?Italie, avec le concours de son Centre culturel. L?exposition comporte une soixantaine de photographies de l?Algérie prises en noir et blanc entre 1865 et 1910 et qui proviennent du musée Florentin de l?histoire de la photographie Fratelli-Alinari. Les photos ainsi exposées et dont certaines sont signées alors que d?autres racontent ou plutôt décrivent la vie d?antan des quatre points cardinaux de l?Algérie : du sud à Biskra au nord à Alger et de l?est à El-Oued, à l?ouest et plus précisément à Tlemcen. Les photos figent une séquence de la vie de ces régions. A travers ces prises de vues, on peut redécouvrir la tenue vestimentaire, à l?image de ces deux dames algéroises dont l?une est voilée du séculaire haïk blanc tandis que l'autre l?est d?un voile à carreaux et porté à la façon d?une m?laya (voile de l?Est). Plus loin, c?est un jeune Algérois qui est pris en photo de dos dans une venelle de La Casbah. L?homme, coiffé d?un tarbouche (calotte), vêtu d?un seroual (pantalon bouffant porté à mi-jambe) surmonté d?un corsage cintré et chaussé d?une paire de belgha (pantoufle artisanale), porte une cruche en cuivre sur son épaule et est accoudé à une porte comme s?il vendait quelque chose. Pris dans cette posture à son insu, ce beldi, ainsi vêtu, ressemble à ces danseurs du ballet d?Alger. On peut découvrir aussi l?hôtel El-Djazaïr (ex-Saint-Georges) ; la photo est prise en 1890, elle révèle l?ancienne architecture de cet hôtel. Celle-ci se résume en un seul bâtiment plutôt ordinaire, d?un style architectural occidental et sobre. La bâtisse est, par ailleurs, d?une blancheur immaculée ; à quelques centimètres de la photo de l?hôtel c?est la fontaine du Jardin d?Essais en gros plan. La photo, prise en 1900, c?est-à-dire depuis plus d?un siècle, montre que rien ne semble avoir changé, mais où le temps a laissé son empreinte. Juste à côté, une photo en interpelle plus d?un. Signée E. M. Aworth, celle-ci désigne une rue d?Alger dans les années 1910, et sans aucune indication récente, la rue en question rappelle l?actuelle place où a été érigée la statue de l?Emir-Abdelkader, qui, à l?époque était occupée par un chocolatier dont l?écriteau mentionne le nom de Menier. Plus loin, une autre photo anonyme de Béjaïa, prise durant les années 1930, montre un atelier de céramique équipé de très hautes cheminées. Le guide du Palais de la culture, qui connaît la région de Bougie, nous dira qu?elles existent encore de nos jours. En face de cette photo, ce sont des dunes à El-Oued qui sont saisies par l?objectif des photographes Lehnert et Landrock ; la photo montre le déplacement d?une caravane à dos de chameaux, l?homme qui est à la tête de cette caravane est vêtu d?une longue djellaba et est armé d?une longue carabine, sans doute pour se protéger des dangers du désert si bien décrit dans les contes d?antan. Près de cette photo, une autre, anonyme, intitulée «Portrait d?un homme kabyle». La photo, prise de profil, montre un quadragénaire ? très fier et coiffé d?un chèche (turban enroulé autour de la tête) ? fixant un point lointain. A gauche de ce portrait c?est l?objectif d?un certain E. Michel qui focalise le zoom de son appareil sur deux enfants, ces derniers, placés l'un en face de l?autre dans l?oasis édénique de Biskra, vêtus tous deux de burnous blancs, rappellent l?une des toiles de l?orientaliste, Groliz qui, pour cette luminosité si franche et ô combien particulière, a fait de son séjour une halte définitive en Algérie. Exposition «L?Algérie XIXe-XXe siècles» à travers les archives photographiques Alinari de Florence au Palais de la culture Moufdi-Zakaria jusqu?au 27 novembre.