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“Perfectionner notre savoir-faire pour mieux servir”
Lakhdar Rekhroukh (P-DG du groupe COSIDER) à Liberté
Publié dans Liberté le 06 - 12 - 2005

“Tout laxisme ne conférerait qu'un rôle d'éternel second. Notre métier de base, nous l'assumerons mieux que dans le passé. Bien que dans notre palmarès, nous comptons des dizaines de projets d'envergure dans tous les domaines des travaux publics, de l'hydraulique, du bâtiment et des transports des hydrocarbures par des pipelines, nous demeurons redevables d'efforts pour l'amélioration de la qualité et le respect des délais de réalisation.”
Cet extrait de la lettre du P-DG du groupe Cosider adressée à ses collaborateurs exprime, on ne peut plus clair, la volonté d'un puissant opérateur public de préserver une culture d'entreprise forte. Après plusieurs étapes depuis sa création en 1979, transformée en entreprise nationale en 1984 et en EPE en 1988, Cosider-groupe au capital social de 4 335 000 000 de DA est organisée en un groupe de sociétés détenant 100% du capital de 10 filiales. Le groupe occupe la première place du Btph en Algérie et la sixième en Afrique. C'est aussi 22 milliards de DA de chiffre d'affaires et plus de 14 000 collaborateurs.
Entretien avec le premier responsable du groupe
Voulez-vous nous présenter succinctement les filiales de Cosider-groupe ?
Il y a 10 filiales en tout. La plus importante est Cosider travaux publics (ouvrages spéciaux, infrastructures regroupant la réalisation de routes et autoroutes, aérodromes, ouvrages d'art et travaux de barrages). Elle est suivie de Cosider-construction spécialisée dans le bâtiment, le génie civil industriel, les ouvrages d'art et les ouvrages hydrauliques (station d'épuration et de traitement des eaux). Cosider-canalisations intervient dans les domaines de la construction de canalisations hydrauliques, d'installations hydrauliques et d'ouvrages de transport par des pipes d'hydrocarbures. Les autres filiales appelées de soutien sont Cosider-carrières (agrégats), Cosider-Alrem spécialisée dans la maintenance et la rénovation des matériels (TP) et la commercialisation des pièces de rechange ; Cosider-Alsim (chaudronnerie, réalisation de charpentes métalliques et coffrages pour bâtiment), Cosider-Cométal (négoce de produits sidérurgiques et matériaux de construction) ; Cosider-promotion dont les principales activités sont la conception, la réalisation et la vente de logements individuels et collectifs, des villages touristiques intégrés, des centres d'affaires et commerciaux et enfin Cosider-Agral qui a hérité de l'ensemble des projets d'investissement dans les domaines de la mise en valeur des terres et de l'agroalimentaire (projet de création d'un périmètre fruitier de 1 000 ha dans la wilaya de M'sila et qui a permis de produire en 2004 plus de 2 000 tonnes d'abricots, sauvant ainsi la conserverie de N'gaous et la réalisation d'une usine de conditionnement d'eau minérale (Milok) à Laghouat. Toutefois, nous allons élaguer cette activité pour nous consacrer exclusivement au BTP. Il faut savoir que le groupe Cosider a un effectif de 15 000 travailleurs.
Cette polyvalence nécessite beaucoup de moyens d'intervention. Peut-on dire que de ce côté, le problème ne se pose pas ?
Nous nous sommes organisés pour cela. À chaque fois que nous devions traiter une nouvelle activité, on s'est fait accompagner dans le cadre d'un partenariat par des spécialistes étrangers. C'est le cas pour la réalisation de barrages où nous avons travaillé avec des Russes et des Polonais. À l'époque, le partenariat se faisait sous forme d'assistance technique. Dans les années 1990, nous nous sommes lancés dans la pose des pipelines avec l'assistance de Spike-Arag. Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous sommes les premiers en Algérie à exercer cette activité et même en Afrique. Pour ce qui est des moyens matériels, il faut savoir que les plus gros investissements ont été opérés vers la fin des années 1980 et durant les années 1990 où nous avons pu constituer une flotte de 4 000 unités matérielles.
Il est vrai que nous sommes passés par une période de désinvestissement ayant généré une crise financière à partir de 1995 à cause de la dévaluation du dinar (1994) et des mauvaises conditions sécuritaires. Toutefois, grâce à la diversité de nos activités, la situation s'est quelque peu normalisée tout en traînant une grosse dette qui nous a empêchés de faire des investissements.
Ce n'est qu'à partir de 2001 et 2002 que nous avons relancé l'investissement. Actuellement et après avoir honoré une bonne partie de nos dettes, nous sommes en phase de renouveler notre flotte qui nous permettra de conquérir une partie de l'important plan de charge et participer, ainsi, à la relance économique.
Peut-on parler aujourd'hui de concurrence dans ces domaines ?
En dehors des routes, Cosider n'a pas de concurrent algérien. Dans les grands projets (barrages, tunnels, aéroports et ouvrages d'art), je ne vois pas, aujourd'hui, d'entreprise algérienne privée qui puisse nous concurrencer. Il existe quelques entreprises, notamment de l'hydraulique, mais elles sont de dimension moyenne. En revanche, nous sommes la seule entreprise algérienne à concurrencer les sociétés étrangères. Concernant les routes, il y a une ou deux entreprises privées, ce qui est trop peu. Le plan de charge est tellement important qu'on ne peut pas parler de concurrence. Il faut justement qu'il y ait émergence d'entreprises. En somme, la concurrence ne nous inquiète pas. On ne fait que perfectionner notre savoir-faire pour pouvoir mieux servir. En matière de pose de pipelines, il est vrai que nous avons des concurrents étrangers mais nos compétences rivalisent avec ces derniers avec des prix compétitifs en prime. En matière de logements, peut-on parler de grandes entreprises ? Il n'y a pas des masses. C'est ce qui nous fait croire que Cosider est une grande entreprise du logement et là aussi on peut aligner des prix compétitifs. Nous sommes très pointilleux sur la qualité et nous nous soucions toujours de la main-d'œuvre qualifiée. L'utilisateur du logement de Cosider peut dormir à l'aise car il répond aux normes. Quant au problème de l'esthétique, il faut savoir que compte tenu de certains facteurs financiers, la liberté n'est pas laissée à l'architecte de fantasmer.
Il y a des retards dans la réalisation, comment pouvez-vous les justifier ?
De manière générale, quand l'argent est disponible, il faut une décision administrative (contrats, plan, etc.) ; il n'y a aucune raison pour que ça traîne. En exemple, on peut citer les projets concernant les sinistrés où tout était prêt d'avance. Bien que Cosider n'ait rien à gagner pratiquement dans ce genre de projets, il n'en demeure pas moins que les logements sont livrés dans les délais. Par contre, dès que le problème d'équilibre budgétaire se pose, certains projets, notamment de l'Aadl, ont été entachés d'erreurs.
Faire du forfait pour le mètre carré habitable, c'était une première pour nous donc un risque non escompté. À cela viennent se greffer certains facteurs liés à la livraison du foncier, des problèmes de contrats des commerces dont les prix sont différents de ceux des logements (budget de l'état, budget Aadl).
Chaque projet a sa spécificité. Mais cela ne nous empêchera pas de livrer des logements, dans ce cadre, au courant de ce mois (les bananiers à l'exception des quatre tours), d'autres seront soldés au début de l'année prochaine. Pour le cas du site la Concorde, il faut savoir que le gros œuvre est terminé et nous pouvons pratiquement livrer les logements. La partie contractuelle sera donc soldée. Le problème qui se pose a trait aux commerces qui occupent les premiers niveaux des tours que nous sommes en train de traiter avec les responsables de l'Aadl. Globalement, deux tours sont prêtes alors que pour les deux autres, il ne reste que des CES. C'est à l'Aadl de décider. Pour nous, il y a un problème financier qui s'est mis en travers. À Constantine, nous allons livrer la moitié du programme vers environ la fin du 1er semestre.
À Annaba, 2 sites sur 3 seront livrés avant la fin de cette année. À Zaâfrania, le site sera livré au courant du 1er semestre 2006. Pour le projet d'Oran, on commencera à livrer d'ici la fin du mois en cours. Il y a lieu de noter qu'à Oran nous rencontrons beaucoup de problèmes pour la réalisation des CES, car nous n'arrivons pas à avoir les sous-traitants aux prix arrêtés. Nous sommes carrément en train de financer ce projet où le budget est déséquilibré.
Où se situe Cosider dans le programme national de un million de logements ?
À l'instar des entreprises engagées dans ce programme colossal, nous participons en ce qui nous concerne à sa concrétisation comme nous l'avons toujours démontré à chaque fois que l'Etat lance des projets urgents.
Et si on parlait chiffres…
Depuis trois années, le chiffre d'affaires de Cosider ne cesse d'augmenter. On est passé de 18 milliards à 25 milliards de DA avec un chiffre d'affaires de 1,6 milliard de résultat positif. Pour l'année en cours, nous comptons clôturer l'exercice avec un chiffre d'affaires de 28 milliards de DA. En intégrant les participations, on arrive à 30 milliards de DA environ.
On profite donc de cette relance économique pour faire évoluer notre part du marché donc notre chiffre d'affaires et nous nous refaisons par conséquent une santé financière avec les performances en matière de gestion pour essayer de limiter et rembourser toute la dette qu'a engagée l'entreprise. Aujourd'hui, nous n'avons que des dettes d'investissements qui restent en cours. En 2004, nous avons payé en CMT, hérité de l'ancienne Cosider-mère, quelque 4 milliards de DA, une dette qui ne produit rien pour l'entreprise. Il est très difficile de payer des dettes qui ne produisent pas de richesse et de continuer à être sur le marché.
Ce qui signifie aussi que le groupe se porte bien…
Nous pouvons dire que Cosider a, en effet, une bonne santé financière en dépit de toutes les dettes qu'on a eu à traiter et les problèmes de trésorerie (créances, délais de paiement, etc.).
D'aucuns disent que l'IGH nécessite une grande expérience. Est-ce le cas de Cosider ?
Je pourrais retourner la question en disant en tant que citoyen : est-ce que l'Algérien est prêt aujourd'hui à utiliser les immeubles à grande hauteur (IGH) ? Ce type de logement nécessite avant tout une culture de vie en communauté en respectant un certain nombre de règles. Sinon, du point de vue technique, aucun problème ne se pose. La préoccupation des utilisateurs tourne autour du problème du séisme. Dans ce cas, je peux vous renvoyer à mai 2003 où les trois tours des Bananiers appartenant au Cnrc n'ont pas subi la moindre fissure. En matière de technique, nous sommes très à cheval.
Et l'inévitable question sur le métro ?
Nous convenons avec tout le monde que le métro d'Alger a traîné. Il faut savoir qu'au début, il y avait un problème de crédits de payement. On devait choisir une entreprise par lot ou partie. Néanmoins, nous avons pu réaliser avec Geni Sider le tronçon Emir Abdelkader-Hamma ainsi que deux stations dont l'une a été livrée depuis quelque temps déjà. Actuellement, nous sommes en partenariat avec une entreprise allemande et à un degré moindre Infrafer pour ce qui est du tronçon Hamma-Haï el-Badr. En chiffres, l'entreprise allemande est à 51%, Cosider à 35% et Intrafer à 14%. Ce projet sera livré avant août 2006 (dans les délais).
A. F.


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