Neuf ressortissants étrangers, qui constituent le noyau dur d'une filière africaine, ont été arrêtés par la Gendarmerie nationale. Ils opéraient à partir d'un cybercafé dans le quartier El-Qaria à Chéraga. Neuf ressortissants étrangers, qui constituent un noyau dur de la filière africaine spécialisée dans le faux et l'usage de faux (documents officiels et top secret ainsi que des devises européennes et américaines). Leurs victimes ne sont que des citoyens crédules, ciblées et avec qui ils se lient d'amitié pour enfin les arnaquer par des procédés dont ils sont profanes. Pour cela, la cybercriminalité semble tout indiquée pour convaincre les naïfs mais surtout pour la qualité de la prestation qui peut tromper les moins novices. Agissant sur des renseignements concernant des ressortissants de diverses nationalités africaines, la brigade territoriale de Bouchaoui, relevant de la compagnie de Chéraga, procède à une enquête qui conduit à un cybercafé dans le quartier El- Qaria (le village) où les faussaires sont surpris en flagrant délit de transmettre par boîte électronique des faux billets de banque (euros et dollars). la consultation des sites ne tarde pas à découvrir une importante panoplie de documents utilisés aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale. Cela va de l'extrait de naissance, la carte de résidence à la carte nationale d'identité en passant par le permis de conduire, les attestations de succès, les bons de livraison des entreprises et sociétés privées. Des dizaines de documents sont ainsi falsifiés. Des noms de fournisseurs, de grossistes et autres commerçants sont utilisés. Les opérations de faux ne s'arrêtent pas à ce niveau. Des documents frappés du sceau top secret ou confidentiel sont l'objet de falsification, pour le moins spectaculaire à l'image des actes de mariage ou de naissance, cartes consulaires, des laissez-passer ou encore des cartes délivrées par le Haut-Commissariat aux réfugiés. Cet organisme international a, d'ailleurs, été saisi officiellement sur la question. Les mis en cause, mus par le gain facile, n'hésitent pas à utiliser des leurres extraordinaires (Banque centrale européenne) dans la fabrication des faux billets. Au sujet de ce dossier, le chef de compagnie de Chéraga, le commandant Aliouat Zahi, explique que les victimes tombent très facilement dans le piège des trafiquants. C'est le cas de ce citoyen de Khraïcia (Alger), victime de deux Maliens qui lui proposent une valisette pleine d'euros. On lui raconte une histoire sordide de produit avec lequel il est nécessaire d'asperger les billets complètement noircis. Pour le convaincre, on fait la démonstration sur 3 ou 4 billets préalablement choisis (des vrais). Le produit liquidé étant épuisé, on fait entendre à la victime qu'il est nécessaire de se procurer le liquide miracle qui coûte la bagatelle de 25 000 euros que le naïf citoyen devra payer en monnaie sonnante et trébuchante. En contrepartie, on lui laisse la valisette comme gage en attendant leur retour. Le reste de l'histoire est facile à deviner. Heureusement qu'il a eu la présence d'esprit de porter plainte car dans l'affaire, il aurait perdu quelque 54 millions de centimes. Les méfaits de ce réseau se sont amplifiés au point où des représentations diplomatiques sont citées (ambassade des USA en Tunisie) pour faire croire au sérieux de leurs dangereuses activités. On pousse le culot jusqu'à donner le nom chimique (SSDHG) du produit magique. Sur les mêmes sites où on a trouvé des cartes d'accès à l'ambassade américaine à Alger, des visas d'entrée en République sud-africaine, des cartes officielles appartenant au Comité international de la Croix-rouge. Dans ce cadre, le colonel Ayoub dira que “la gendarmerie nationale reste pleinement engagée dans la lutte contre la cybercriminalité tout en rappelant que le crime organisé est l'affaire de tous”. Une réflexion sur la mise en place d'un système de sécurité informatique pour combattre la délinquance financière est plus que jamais nécessaire. Parallèlement, deux autres affaires liées au faux et à l'usage de faux ont été élucidées par la brigade de Bouchaoui. Il s'agit de falsification de documents officiels par internet où quatre personnes mises en cause ont été arrêtées et placées sous mandat de dépôt par le procureur de la République de Chéraga. À rappeler que les 9 ressortissants africains ont été écroués pour faux et usage de faux, immigration clandestine et escroquerie. Ali Farès